08/12/2020

Un effacement vieux de plus 50 ans peut mettre en péril un quartier de Dijon ?? …

 

Une enquête publique est en cours sur un projet d’aménagement en bord de l’ouche à Dijon.

 

Aménagement du quartier du Pont des Tanneries (BRUGES II) à Dijon, projet porté par LINKCITY NORD EST

 Voici l'avis laissé par notre association :

 

La lecture des milliers de pages de dossier n’apporte pas la réponse à une question principale de sécurité publique, pourquoi cette zone est-elle inondable ?

 N’aurait-il pas été nécessaire pour cela d’étudier l’histoire de ce quartier tout particulièrement d’un point de vue hydraulique ?

 Il est bien transcrit dans l’étude d’impact la belle histoire de Dijon, de ses Ducs de Bourgogne et ses monuments  remarquables. N’aurait-il pas été plus intéressant de s’intéresser à l’histoire de ce quartier proprement dit et de la rue de l’Ile ? à la toponymie de ce lieu ?

 Nous avons tout de même une étude tardive réalisée très certainement suite aux résultats d’analyses des sols qui se sont avérés pollués par les métaux lourds et COHV.

 Même s’il semble préjudiciable de ne pas avoir fait de recherches antérieures au milieu du XIXe cette étude permet enfin de comprendre un peu l’histoire du quartier, une histoire donc industrielle avec des tanneries, des blanchisseries, des recycleurs, des fabriques diverses.

(volet C annexe 11)

 Il est enfin signalé dans ce même document la présence d’un ancien bief, avec pour seul documents de travail des anciennes vues aériennes avec ce constat un bief a probablement été comblé…. Pour information de nombreux documents sont disponibles aux archives municipales (Cote U 352 pour les articles de presses concernant le comblement et bulletin municipal officiel)

 Pour rappel la synthèse de cette petite étude :( 21/249 volet C annexe 11)

 L’analyse des photographies aériennes anciennes a mis en évidence un quartier industriel, entre 1940 et les années 1980, rue de l’Ile. En fonction des activités exercées, il est possible que les entreprises, ayant occupées les bâtiments de la rue de l’Ile, aient pu engendrer des pollutions. Le détournement du bief de l’Ouche, observé sur les photographies aériennes de1964 et 1969 peut avoir une incidence sur la zone d’étude, notamment sur la qualité des sols. Qualité des sols qui peut être influencée par les remblais utilisés pour reboucher une partie du bief de l’Ouche ou par les sédiments de l’ancien bief, qui a pu être pollué par les rejets possibles des entreprises localisées en bordure. Notons que la mise en canalisation du bief de l’Ouche peut avoir une influence sur l’écoulement des eaux souterraines au droit de la zone d’étude.

 Pourquoi alors avoir fait le choix d’ignorer ce point essentiel de sécurité publique ? Serait-t-il alors sensible car il pourrait menacer le projet ?

 Nous allons donc compléter ce point d’histoire puisque l’étude n’a pas souhaité l’aborder. Voici un petit rappel de l’histoire hydraulique récente de Dijon .

 

Quand le passé éclaire l’avenir : le comblement des biefs de Dijon, l’eau chassée de la ville…

 

Par décision du 6 févier 1956, le nouveau plan d’urbanisme prévoit la construction d’une zone industrielle et par la même la suppression des biefs dans la traversée de Dijon . Ces deux points étant fortement liés puisque les industries dijonnaises se sont principalement installées le long des cours d’eau afin d’en utiliser la force motrice, cela depuis plus de mille ans .

 Un vaste programme de rachat est alors établi par la ville de Dijon, les droits d’eau des anciennes usines sont rachetés, le tout avec pour espoir caché de voir se déplacer ces industries dans la zone industrielle alors en création. Les usines Youpala, Gardot, la minoterie Michelot et bien d’autres sont contraintes de ne plus utiliser la force motrice de l’eau ou de son utilisation en temps que telle.

 Quelques temps plus tard, le maire de Dijon, Félix Kir, envisage de creuser un lac aux portes de Dijon. L’opération est actée le 23 août 1960, il faut alors racheter les terres, incendier puis démolir les moulins Vaison et Foulon ainsi que quelques maisons. Arrivent ensuite les travaux d’excavation qui vont concerner quelques 1 200 000 m3 de terre.

 Le conseil municipal a trouvé une solution pour utiliser une partie des terres à évacuer, 45 000 m3 vont alors servir à combler l’ancien bief devenu à leurs yeux inutile.

 

Source Archive Ville de Dijon US352

 

Pour cela des travaux sont réalisés en amont de Dijon, tout particulièrement à l’emplacement des anciennes usines Youpala près de la Chartreuse. Un bras sera maintenu car servant de collecteur, ce bras traversait alors la zone d’étude du projet, il est alors décider de le court-circuiter et de le faire se jeter en amont de cette dernière. Il est appelé « anciens canaux de Guise » dans l’étude et doit servir de collecteur d’eau pluviale pour le projet.

 Il semble fort préjudiciable qu’aucune étude n’ait été menée concernant l’impact de la suppression des biefs ou bras de l’Ouche dans la traversée de la ville. Dijon s’est construit autour de ses bras Ouche et Suzon. Ceux de l’Ouche ont arbitrairement et majoritairement disparu dans les années 1960, sans à notre connaissance d’étude sérieuse d’impact.

 Voici pour faire simple un extrait d’un plan de l’année 1950 de Dijon. Il est possible de voir les deux bras (ou la rivière et son bief car rien ne permet de savoir si ce dernier est naturel ou construit par l’homme). Dijon a très bien pu depuis 1000 ans se bâtir autour des différents bras Ouche. La toponymie quartier de l’Ile pouvant d’ailleurs être ancestrale.

  

 

Pour compléter voici un extrait d’un plan de Dijon ( 1574 Edoardus Bredin), les deux bras torrentueux y sont facilement identifiable.

                                                                 Source Gallica btv1b550004876

       - En haut à gauche : Chartreuse de Champmol (CHS la Charteuse)                                                                                                 - Au milieu de l’Ile : Hospice de Dijon (cité de la gastronomie)                                                                                                      - Juste en dessous à gauche : pont des tanneries (place du premier mai)                                                                                             - En bas à droite : les industries liées à l’eau, tanneries moulins .. (zone du projet)                                                                           - Tout en bas : le bras qui rejoignais l’Ouche ( Zone E du projet)

















        



 Et un extrait du PPRi  ( Plans de Prévention des Risques Inondations)


Nous pensons que sans approfondissement en hydrogéologie, un problème est possible…

L’emprise de la ligne de la ligne SNCF est un obstacle à l’écoulement des crues, un des deux bras de l’Ouche a été condamné, il ne reste donc à la rivière qu’un seul pont pour laisser passer ses caprices.

 Voici le pont de l’ancien bras comblé en 1961, il est aujourd’hui transformé en promenade. Du fait de son altitude actuelle, il ne peut plus servir à l’évacuation des crues.

 

source : internet Dijon Souterrain

 

En complément une photo du bief vide juste avant son remblaiement. On constate que sa largeur n’était pas négligeable :

                                                                                   Source : Archine municipal de Dijon 16 Fi

 Mais l’ Ouche sait alors reprendre ses droits comme lors de la crue de mai 2013 :


Source C Jacquemin 

Source C Jacquemin

  La rue de l’Ile ne délimite plus une ile…. Les maisons sont rasées, les habitants aujourd’hui partis.

  

Suite à ce complément d’information qui nous semblait indispensable de présenter en préambule voici notre avis concernant cette enquête publique.

 

 


Nos associations demandent à ce que soit réexaminé la partie du dossier concernant particulièrement : eaux superficielles et risques associés

 

Pour cela il semble nécessaire d’étudier davantage les points suivants.

 

Compléter l’étude de EACM avec les pièces ci dessous :

 

-Une étude hydraulique en amont et en aval de l’emprise SNCF

      - Impact suite au comblement du bief sur les inondations tant en amont qu’en aval de l’emprise SNCF

- Etudier l’intérêt que pourrait avoir le rétablissement du bras de l’Ouche dans la zone étude (emplacement chemin du bief) et de la zone inondable en aval du pont, ce bras pourrait alors rejoindre la rivière Ouche en aval du pont SNCF via un réaménagement de la zone de parking entre la voie ferrée et le boulevard du castel ilot E du dossier ou plus loin si nécessaire en fonction de l’étude réalisée. L’avantage premier serait de redonner à la rivière Ouche la possibilité d’emprunter les deux ponts qui lui étaient à l’origine destiné. Il serait donc alimenté par les canaux de Guise.

 - l’intérêt écologique que pourrait créer un bras qui serait alors un véritable corridor écologique fonctionnel afin de mieux répondre aux programmes du SDAGE et de manière générale au retour de l’eau dans les villes dans le cadre de l’adaptation au changement hydroclimatique.

 

Source C Jacquemin

 d'après image Google


- Etudier la possibilité d’élargir le pont SNCF de la rivière Ouche actuel afin d’augmenter le débit de passage des crues et embâcles.

 - Réaliser une véritable étude des crues

- une étude d’impact de la crue plus forte crue connue de l'Ouche qui serait celle de 1866 avec un débit de pointe de 195 m3/s au niveau de Plombière-lès-Dijon par des recherches d’archive afin d’en connaitre l’impact avant la surpression du bief..

- Modéliser de la crue de 2013 dans la traversée de Dijon car la station de Crimolois n’a pas été capable de la mesurer, l’échelle limnimétrique ayant été installé à notre connaissance trop courte…

Capture d’écran de la station dépassée par le pic de crue de 2013

- Etudier l’impact d’un éventuel accident sur le barrage du lac Kir et de l’emprise de la ligne SNCF qui fera alors barrage. La situation géographique laissant supposer que cette zone risquerait alors d’être la zone la plus impactée sur Dijon et d’y déplorer le plus de victimes.

 

d'après image Google


-Etudier le sol de l’ancien bief sous son comblement afin d’identifier les éventuels polluants.

 

 

Améliorer l’étude d’une manière générale

 

- D’analyser l’impact du retrait des terres le long de la rivière Ouche ainsi qu’à l’emplacement de l’ilot D, du coût de la mise en décharges contrôlées des sédiments puisque les terres semblent pollués dans cette zone par les métaux lourds

 - D’abandonner le programme de construction de maisons sur pilotis de l’ilot D

- les pilotis seront un piège à embâcles et la largeur du lit majeur ne sera donc pas conservée en temps de crues.

- la zone sous les pilotis risque de devenir un lieu attroupement avec les risques encourus pour le quartier (trafic illicite, pollution), sachant que grillager l’emplacement n’aurait pour conséquence que d’aggraver l’accumulation d’embâcles en temps de crues.

Source : Mayot et Toussaint, paysagiste dplg, juin 2018)

 

-D’approfondir la notion d’écoulement des eaux pluviales entre la noue de stockage et le Canal de Guise en cas de crues à 10 ans, 30 ans… sachant que le traitement des eaux pluviales sera très majoritairement à ciel ouvert. La noue de rétention étant à la cote 235.55 à 310 m3, le niveau de l’Ouche se rapprochant de cette altimétrie à Q30



Conclusion

 

Le projet, contrairement à ce qui est écrit, ne permet pas de supprimer les incidences négatives sur les hauteurs d’eau au droit de la zone.

 Il ne compense pas les volumes soustraits à la zone inondable en phase finale d’aménagement et ou intermédiaire.

 Il risque d’avoir un impact négatif sur l’ensemble de l’emprise du projet ainsi que sur la rive droite de l’Ouche (secteur en face du projet) tout particulièrement en cas d’accumulation d’embâcles sous les constructions à pilotis de l’ilot D

 Il ne permet pas de libérer un volume estimé à 2 200 m3 pour l’expansion des crues au droit du quartier du pont des tanneries du fait du point ci-dessus

 Il ne prend pas assez en compte les risques de rupture du barrage du lac Kir, il semble déraisonnable de ne se baser que sur les moyens de surveillance de ce dernier.

 Le projet n’améliore pas l’impact des eaux superficielles, en période de crue, actuelle au niveau des lignes d’eau et des volumes, en libérant un volume pour l’expansion des crues de l’Ouche au droit du projet.

 Il ne prend aucunement en compte les aménagements hydrauliques des années 1960 et n’étudie pas l’intérêt de restaurer le bras comblé de l’Ouche afin de créer un réel corridor biologique accompagné de sa biodiversité. Cela en parallèle de la rivière Ouche fortement anthropisée  

Nous émettons  un avis négatif à cette enquête et nous restons à votre disposition pour tout complément d’informations sur nos remarques.





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