tag:blogger.com,1999:blog-37426894906833959972024-03-19T04:32:45.200+01:00ArpohcL'Arpohc est une association rassemblant les moulins du Châtillonnais (Côte d'Or), mais aussi tous les amoureux du patrimoine hydraulique et de l'énergie hydraulique. Thèmes traités : droit d'eau fondé en titre, continuité écologique, petite centrale hydroélectrique.ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.comBlogger797125tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-7818702902638969212024-02-29T21:20:00.001+01:002024-03-08T21:20:52.150+01:00Luttes riveraines pour les patrimoines de l'eau et leur gestion partagée<p> <b style="color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">Partout en France, et aussi en Europe, des citoyens et des élus sont confrontés à certaines règlementations aberrantes de l'eau. Elles menacent en particulier des patrimoines hydrauliques comme les étangs, plans d'eau, canaux, barrages ou moulins. Quelques témoignages de ces luttes extraits de notre revue de presse de février. </b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-6144362019173251262" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxAyV53MT1qDl7CKoxpPsIx8v_1TKKhEWgsTtMFyfUCDylgg5pHwEZWzveDN81-Tpq5ei2WJuFbRkv11Xp3qTZ-kIXzZ5Mir3VgKIEUofcfP8EcDeNwCcjCRNNdZ3aGPO3Ze5Syi8cXQo93FGfA7sl-P5xDGkvqciOnCTDyh5nTpGewEOwUeaFwKBdYT93/s1600/rev_prez_202402.jpg" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="988" data-original-width="1600" height="273" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxAyV53MT1qDl7CKoxpPsIx8v_1TKKhEWgsTtMFyfUCDylgg5pHwEZWzveDN81-Tpq5ei2WJuFbRkv11Xp3qTZ-kIXzZ5Mir3VgKIEUofcfP8EcDeNwCcjCRNNdZ3aGPO3Ze5Syi8cXQo93FGfA7sl-P5xDGkvqciOnCTDyh5nTpGewEOwUeaFwKBdYT93/w442-h273/rev_prez_202402.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="442" /></a></div><br /><div><b><span style="color: #ffa400;">Barrage en péril à Pont-Rolland, mauvaise affaire pour la transition.</span></b> En péril depuis plusieurs années, le barrage hydroélectrique du Pont-Rolland, situé entre Hillion et Morieux (Lamballe-Armor), pourrait être détruit dans les Côtes-d’Armor. « <i>On nous prive d’une production locale d’électricité</i> », observent les riverains. Mais les opposants n’ont pas dit leur dernier mot et continuent de se battre pour le maintien de cette usine fermée depuis plus de dix ans. En lire plus sur <a href="https://www.ouest-france.fr/environnement/on-nous-prive-dune-production-locale-delectricite-ce-barrage-breton-pourrait-etre-detruit-bd63ac00-cfef-11ee-89c0-6cefac77e04a" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Ouest France</a> Signer <a href="https://www.change.org/p/sauvons-notre-barrage-hydro%C3%A9lectrique-du-pont-rolland-entre-hillion-et-morieux-22?utm_content=cl_sharecopy_37882947_fr-FR%3A7&recruiter=1024997481&recruited_by_id=40851560-1744-11ea-a12c-93e912c9c5e5&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=psf_combo_share_initial" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">la pétition</a>.</div><div><div><br /></div><div><span style="color: #ffa400;"><b>Un seuil qui maintient les niveaux d'eau indispensables aux populations.</b> </span>La seuil de Beauregrad sur la Garonne avait été endommagé par des crues, et les services de l'Etat répugnent à sa reconstruction. Elus locaux et citoyens doivent se battre pour retrouver une précieuse régulation des niveaux d'eau. Afin de sécuriser l’approvisionnement en eau des habitants de l’Agglomération d’Agen dont la station de pompage est située à Boé, les élus de l’Agglomération et la maire de Boé, proposent ainsi à la population de signer la lettre – pétition adressée à Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France demandant la réhabilitation du seuil de Beauregard. En lire plus sur <a href="https://www.petitbleu.fr/2024/02/27/seuil-de-beauregard-lettre-ouverte-et-petition-11790249.php" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Petit Bleu</a> </div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Spoliation de patrimoine à Célas. </span></b>L’Asec, Association de sauvegarde environnementale de Célac, estime qu’il y a d’autres moyens de restaurer la rivière Saint-Eloi que l’effacement de l’étang de Questembert (Morbihan). Pour elle, supprimer l’étang de Célac « <i>est une spoliation du patrimoine </i>». L'association a fait entendre à la réunion de concertation du 24 février 2024. En lire plus sur <a href="https://www.ouest-france.fr/bretagne/questembert-56230/pour-lasec-de-questembert-supprimer-letang-de-celac-est-une-spoliation-du-patrimoine-243b1f34-ce89-11ee-ae65-ae2b32b20025" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Ouest France</a></div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Simplifier les curages pour protéger les personnes et les biens. </span></b>Crues à répétition : dénonçant l'inaction de l'État, les agriculteurs du Pas-de-Calais curent eux-mêmes un cours d'eau, lors d'opérations coup de poing à Béthune. Les formalités et délais demandés par les services eau et biodiversité pour intervenir sur des milieux aquatiques sont parfois incompatibles avec la protection des biens et la sécurité. Voir le reportage sur <a href="https://www.tf1info.fr/meteo/video-reportage-crues-a-repetition-denoncant-l-inaction-de-l-etat-les-agriculteurs-du-pas-de-calais-curent-eux-memes-un-cours-d-eau-a-bethune-2286948.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">TF1</a></div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Mobilisation des citoyens pour un étang en zone Natura 2000. </span></b>"NON" à la disparition de l'étang de Chawion! C'est le message lancé par une bonne soixantaine de citoyens réunis au bord de ce trésor naturel situé dans le Bois de Staneux à Theux (Belgique), en zone Natura 2000. Ils s'opposent en fait au projet de la ministre wallonne de l'Environnement et de la Nature, qui souhaite remblayer l'étang. Une pétition a vu le jour et a déjà recueilli près de 700 signatures. En lire plus sur <a href="https://www.vedia.be/info/letang-de-chawion-theux-menace-de-disparition-les-citoyens-se-mobilisent/201228" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Vedia</a></div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Les moulins de l'Evre menacés au lieu d'être valorisés. </span></b>L’Amicale des propriétaires privés des moulins de l’Èvre, dans les Mauges (Maine-et-Loire) a écrit au ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. L’objet de cette lettre ouverte ? Leur désaccord avec le programme de travaux du Smib (Syndicat mixte des bassins Èvre-Thau-Saint-Denis-Robinets-Haie d’Alot) sur les cours d’eau, notamment ceux prévus sur l’Èvre. Les gestionnaires publics de l'eau n'intègrent pas le fait que la loi française demande désormais de protéger et valoriser le patrimoine hydraulique, en particulier celui des moulins à eau, non de la détruire. En lire plus sur <a href="https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/montrevault-sur-evre-49110/des-travaux-prevus-sur-levre-font-reagir-les-proprietaires-prives-des-moulins-des-mauges-e1644f52-cf35-11ee-84f3-30cb0ba0cd2f" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Ouest France</a></div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">La population d'Aigurande se battra pour garder son étang. </span></b>Partout les services de l'Etat font pression pour détruire et assécher des plans d'eau : l’annonce en 2023 de la destruction de l’étang du Grand Moulin à Aigurande (Indre) a fait l’effet d’un choc. Une association de défense s’est montée, lundi 12 février 2024, lors d’une réunion publique. En lire plus sur la <a href="https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/commune/aigurande/a-aigurande-l-etang-du-grand-moulin-a-ses-defenseurs" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Nouvelle République</a> </div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Vigilance pour le plan d'eau de Pierrefitte-ès-Bois.</span></b> Lieu emblématique de la petite commune de Pierrefitte-ès-Bois, l’étang communal est menacé par la préfecture, en raison de ses supposés impacts sur les milieux aquatiques. Mais les dernières mises à jour du dossier, rendent plus optimiste la mairie quant au maintien du site. Les citoyens restent vigilants. En lire plus sur la <a href="https://www.larep.fr/pierrefitte-es-bois-45360/actualites/l-etang-communal-de-pierrefitte-es-bois-est-il-reellement-en-danger_14449936/" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">République du Centre</a></div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Des étangs médiévaux attendent de retrouver leurs eaux en Bourgogne.</span></b> A Châtillon-sur-Seine (Côte d'or), incompréhension et colère de citoyens, réunis dans un collectif, suite au recours de deux associations de protection de la nature et de l'environnement contre l'arrêté du préfet de Côte-d'Or. Les naturalistes militants prétendent contre toute raison que ces étangs médiévaux sont néfastes aux milieux et doivent être asséchés définitivement, tout en méprisant la souhait massif des riverains et élus locaux de retrouver les plans d'eau. A lire dans <a href="https://www.lechatillonnaisetlauxois.fr/actualite-10938-remise-en-eau-d-un-etang-des-marots-ils-ont-le-blocage-en-travers-de-la-gorge.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">le Châtillonais et l'Auxois</a></div></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-42830013503178234182024-02-18T21:21:00.001+01:002024-03-08T21:22:09.763+01:00Le moulin et le bief de Longvic peuvent renaître<p> </p><h3 class="post-title entry-title" itemprop="name" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 22px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; font-weight: normal; line-height: normal; margin: 0.75em 0px 0px; position: relative;"><b style="font-size: 13.2px;">Dans l'article publié le 5 février 2024 (<a href="https://www.bienpublic.com/politique/2024/02/04/nous-allons-lancer-une-etude-pour-creer-un-grand-parc-urbain" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Bien Public</a>), la nouvelle maire de Longvic, Céline Tonot, discute des priorités de la ville. Elle mentionne l'impossibilité de remettre en eau un bief pour des raisons réglementaires, contrairement aux engagements antérieurs, alors qu'une crue avait partiellement emporté un seuil de répartition des eaux de l'Ouche. Notre association réagit.</b></h3><div class="post-body entry-content" id="post-body-8074039872027419473" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheNaQ7comqMCYfrAWGk4-Sqdlb9PXFIVs2Rn0lBJpeu6nl5eHfmhEXPz5LM10kZOjpZZ-9y-D4qHwoGnKnV5Pkx7T6VvzNlB1Fg2PJGHC2FzG0kbH1MKs4xHVzQ0hDpGkBJv8tKh4PlAGAZPTSrrhMyX4zPhd7GeY0ACuVF8F2S3NemYJ-GZnc-fxhekIE/s600/5edf77bb1d2a1_1_48-4153440.jpg" imageanchor="1" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="600" height="278" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheNaQ7comqMCYfrAWGk4-Sqdlb9PXFIVs2Rn0lBJpeu6nl5eHfmhEXPz5LM10kZOjpZZ-9y-D4qHwoGnKnV5Pkx7T6VvzNlB1Fg2PJGHC2FzG0kbH1MKs4xHVzQ0hDpGkBJv8tKh4PlAGAZPTSrrhMyX4zPhd7GeY0ACuVF8F2S3NemYJ-GZnc-fxhekIE/w417-h278/5edf77bb1d2a1_1_48-4153440.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="417" /></a></div><br /><div style="text-align: center;"><i>© Damien Rabeisen / <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/cote-d-or/longvic/longvic-barrage-s-est-effondre-bief-qui-traverse-commune-asseche-1643912.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">France 3 Bourgogne</a></i></div><div style="text-align: center;"><br /></div><div style="text-align: center;"><b>Commentaire de l'association Hydrauxois</b></div><div style="text-align: center;"><b><span style="color: #ffa400; font-size: medium;">Le moulin et le bief de Longvic peuvent renaître</span></b></div><div><br /></div><div>Suite à l'article paru le 5 février 2024, il est nécessaire de rectifier certaines informations concernant le projet de remise en eau du bief à Longvic. José Almeida, l'ancien maire, s'était engagé à cette remise en eau avant la fin de son mandat, selon le BP du 7 mars 2023. Hélas, il n'en a rien été, les dossiers sur l'eau étant toujours entravés en France par un harcèlement normatif peu gérable. Contrairement aux déclarations de Céline Tonot, la nouvelle maire, aucune considération réglementaire ne s'oppose formellement à ce projet. En effet, le site est soumis à l'obligation de rétablir la continuité écologique, ce qui inclut la protection des poissons et des sédiments, mais la loi et la jurisprudence permettent de reconstruire totalement ou partiellement un ouvrage.</div><div><br /></div><div>Il serait inexact d'affirmer que la loi demande la destruction du bief ou de l’ouvrage; aucune loi ne le stipule. Au contraire, les moulins et leurs ouvrages sont protégés par la législation depuis la loi de 2021 ayant réformé l'article L 214-17 du code de l'environnement, interdisant même l'obtention de subventions pour leur destruction. Ce moulin de Longvic, fondé sur titre en 1858, avec son bief, représente un patrimoine à valoriser pour ses aspects culturels, historiques, et écologiques. Il contribue à la gestion des risques d'inondation en servant de bras secondaire à la rivière Ouche. Il abrite une faune et une flore spécifiques.</div><div><br /></div><div>La remise en eau du bief offrirait un espace de refuge pour la faune aquatique en période de sécheresse et permettrait la production d'énergie renouvelable, comme le démontre l'exemple de Plombières-les-Dijon qui relance un projet hydro-électrique. En 1921, la puissance du moulin était de 89,2 kW, preuve de son potentiel énergétique notable. La loi française demande aux collectivités de développer les énergies renouvelables sur leur territoire, or l'énergie de l'eau est parmi les plus populaires : il appartient aux élus de l'inventorier et d'aider à la développer.</div><div><br /></div><div>Notre volonté de voir un projet alternatif se réaliser reflète l'intérêt patrimonial, écologique, et énergétique que représente le bief pour Longvic et ses habitants. Nous appelons les citoyens à se manifester en ce sens.</div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-33512600679632872162024-02-01T21:22:00.002+01:002024-03-09T07:22:30.916+01:00 La production des moulins à eau et petites centrales hydro-électriques en France<div class="columns-inner" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 12px; min-height: 0px;"><div class="column-center-outer" style="float: left; position: relative; width: 570px;"><div class="column-center-inner" style="padding: 0px;"><div class="main section" id="main" name="Principal" style="margin: 0px 1em;"><div class="widget Blog" data-version="1" id="Blog1" style="line-height: 1.4; margin: 0px; min-height: 0px; position: relative;"><div class="blog-posts hfeed"><div class="date-outer"><div class="date-posts"><div class="post-outer"><div class="post hentry uncustomized-post-template" itemprop="blogPost" itemscope="itemscope" itemtype="http://schema.org/BlogPosting" style="margin: 0px 0px 45px; min-height: 0px; position: relative;"><div class="post-body entry-content" id="post-body-1367589231806438283" itemprop="articleBody" style="font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><b>Les 463 sites de moins de 150 kW qui injectent de l'électricité sur le réseau représentent aujourd'hui une puissance cumulée de 43 MW. Cette donnée ne tient pas compte de l'autoconsommation des moulins à eau, dont la production n'est pas connue. Le chiffre de 43 MW pour 463 sites est encourageant puisque la France dispose d'un patrimoine déjà installé de près de 70 000 seuils et barrages qui ne sont pas équipés, outre le potentiel de nouveaux sites. Nous appelons donc les pouvoirs publics à s'engager à une hausse continue du taux d'équipement énergétique des chutes des rivières. Il s'agit de demander aux agences de l'eau (SDAGE) et aux syndicats de bassin (SAGE) d'en faire un objectif systématique de leur programmation. Aujourd'hui, ces instances se désintéressent trop souvent du sujet, voire détruisent les ouvrages hydrauliques à potentiel producteur. </b></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXb1WVngd8fXkgqBXyTDw4ntrPdjzRC4BLBt9k5OEQnxctu_CAgXzOW4kcM-mMIEk9XbF7u2qAJvJOwM2_bapGl3n3WnrjQ3s2MiyH7bbotWx4LO58beIkELKoG2VQWpNSw_wf1XVJ1pWSy0g9zk6KkEMbYIgmT-1AqNUyLrQXKJ6skJ333-Q9F8yuNpmF/s622/A-Goeulzin-une-mini-centrale-hydroelectrique-pour-alimenter-la-commune-desormais-autosuffisante.jpg" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="311" data-original-width="622" height="244" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXb1WVngd8fXkgqBXyTDw4ntrPdjzRC4BLBt9k5OEQnxctu_CAgXzOW4kcM-mMIEk9XbF7u2qAJvJOwM2_bapGl3n3WnrjQ3s2MiyH7bbotWx4LO58beIkELKoG2VQWpNSw_wf1XVJ1pWSy0g9zk6KkEMbYIgmT-1AqNUyLrQXKJ6skJ333-Q9F8yuNpmF/w488-h244/A-Goeulzin-une-mini-centrale-hydroelectrique-pour-alimenter-la-commune-desormais-autosuffisante.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="488" /></a></div><br /><div><i>Des communes de plus en plus nombreuses (ici <a href="https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fwww.europe1.fr%2Feconomie%2Fa-goeulzin-une-mini-centrale-hydroelectrique-pour-alimenter-la-commune-desormais-autosuffisante-4177907&psig=AOvVaw2Q3eGA3SYd63iyP42bRceJ&ust=1706863768091000&source=images&cd=vfe&opi=89978449&ved=0CBQQjhxqFwoTCNCShZnhiYQDFQAAAAAdAAAAABAl" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Gœulzin</a>) sont intéressées par la relance locale des moulins à eau présents sur leur territoire. Plusieurs dizaines de milliers de sites seraient équipables.</i> </div><div><br /></div><div>A la <a href="https://questions.assemblee-nationale.fr/q16/16-8832QE.htm" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">question du député Marc Le Fur </a>sur la production électrique des moulins à eau, le ministère de l'écologie apporte <a href="https://www.lagazettedescommunes.com/910635/que-representent-les-moulins-a-eau-dans-la-production-electrique-francaise/" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">la réponse suivante</a>.</div><div><br /></div><div><i>L’analyse du Registre national des installations de production et de stockage d’électricité produit par le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) (données publiques en date du 31/07/2023) fait état des informations que vous trouverez ci-dessous (https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/registre-national-des-installations-de-production-et-de-stockage-delectricite-au-30-09-2023/).</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Le tableau présente par région et département les puissances cumulées ainsi que le nombre d’installations hydroélectriques dont la puissance est inférieure à 150 kW, seuil qui peut représenter les moulins à eau équipés pour la production hydroélectrique. Ces chiffres ne tiennent compte que des installations raccordées au réseau de distribution, c’est-à-dire uniquement celles capables de fournir une aide au réseau électrique et n’intègrent donc pas les chiffres de l’autoconsommation.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>La puissance totale cumulée de ces installations s’élève à environ 43 MW soit près de 0,07% de la puissance du parc de production d’énergie renouvelable en France et 0,029 % de la puissance électrique installée en France (sur la base des données RTE au 31 décembre 2022).</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>A titre de comparaison, la puissance totale installée de l’ensemble de ces 463 installations représente l’équivalent de la puissance de 7 éoliennes en mer actuellement installées au large de à Saint-Nazaire. Ces valeurs rappellent le caractère très limité de la production énergétique des installations hydroélectriques de faible puissance dans le mix électrique, sans pour autant remettre en cause le fait qu’il produise une électricité décarbonée qui participe donc à l’objectif de décarbonation de mix énergétique.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Ainsi, l’État soutient financièrement le développement de ces installations avec l’arrêté du 13 décembre 2016 fixant les conditions d’achat et du complément de rémunération pour l’électricité produite par les installations utilisant l’énergie hydraulique des lacs, des cours d’eau et des eaux captées gravitairement, dit H16. Ce soutien automatique est conditionné au respect et à la conciliation de l’ensemble des enjeux de l’utilisation de la ressource en eau, notamment des enjeux de biodiversité.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Sous la responsabilité des préfets, la procédure d’autorisation au titre de la loi sur l’eau permet aujourd’hui une gestion équilibrée des projets de petite hydroélectricité au plus près des territoires. Il s’agit d’une politique ciblée et mesurée, qui cherche à concilier les enjeux de restauration des fonctionnalités des cours d’eau avec le déploiement de la petite hydroélectricité.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Aujourd’hui, un producteur d’une installation d’une centaine de kilowatts peut espérer, grâce au H16, un tarif d’environ 170€/MWh produit. Ce niveau de tarif est très nettement supérieur au prix de marché de l’électricité sur les 10 dernières années et est très supérieur également aux prix de marché futur français.</i></div><div><br /></div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Nos commentaires :</span></b></div><div><ul style="line-height: 1.4; margin: 0.5em 0px; padding: 0px 2.5em;"><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">La petite hydro-électricité est un petit apport au mix énergétique français et européen : tout le monde est d'accord sur ce point. Mais chaque kWh compte lorsqu'on parle de la transition énergétique et de la souveraineté géopolitique.</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Les données du ministère ne comptabilisent pas l'autoconsommation, qui est assez répandue dans le monde des moulins à eau car une puissance de quelques kW n'a pa forcément intérêt à injecter sur le réseau avec les complexités que cela implique en dossier. Cette autoconsommation n'a aucun coût pour la collectivité puisqu'elle n'a aucune aide publique sur le prix du MWh. Elle tend plutôt à soulager le réseau. </li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Les administrations publiques en charge de l'eau (agences de l'eau, OFB, syndicats) n'ont pas tendance à soutenir le développement hydro-électrique des bassins versants, et certains de ces acteurs sont même engagés dans une vision naturaliste de destruction maximale des seuils et barrages pour revenir à une sorte de rivière sauvage idéalisée ou de nature théorique vidée de ses humains. Ce qui est un problème évident de conflit entre politiques publiques, outre les conflits sociaux liés au refus de cette idéologie.</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Il est notable que 463 sites seulement représentent une puissance de l'ordre de 43 MW. Il existe en effet environ 50 000 moulins à eau en France, et environ 20 000 seuils et barrages n'étant pas des moulins à eau mais disposant d’une chute et un débit équipables. Même en faisant l'hypothèse (raisonnable) que les ouvrages non équipés sont plutôt moins puissants que ceux équipés, cela signifie que le potentiel des sites existants est bien de l'ordre du GW. </li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Outre la puissance, il faudrait compatibiliser l'énergie : le facteur de charge d'une installation hydraulique est généralement de 50 à 70%, davantage en zone hydraulique fluviale régulière. Donc 1 MW de solaire, d'éolien ou d'hydraulique ne produit la même quantité d'énergie sur une année.</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Concernant le tarif de rachat du MWh en petite hydraulique, il est certainement possible de l'améliorer si la filière est en enfin soutenue (objectif assumé par l'acteur public d'une hausse du taux d'équipement de toutes les rivières), si des offres plus standardisées d'équipement se développent grâce à cette garantie d'objectif public et si les exigences environnementales sont révisées de manière plus raisonnable par rapport aux excès documentés depuis la décennie 2010 (le soutien public à l'achat du MWh est conditionné à de nombreuses exigences qui impliquent des chantiers coûteux et des baisses de productible). </li></ul></div><div>Voici ci-dessous la production par répartition géographique, associée à la réponse du ministère. Le fichier Excel peut être téléchargé <a href="https://docs.google.com/spreadsheets/d/1ZkTQ2Ox4rB0Y_v4Cfyj79ODffbGRL_ZN/edit?usp=sharing&ouid=101504883814436191530&rtpof=true&sd=true." style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">ici</a></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6cPqQILNc25ZVSkeyHvBzJD-bge3lhkTECIVvOligXKtn1dsFQh2UjUUWmE1TX9aDjgjqkZKTshgY455K7HMcsEYbBJ90ikx42Zil_oHPl7DyioxIqAUlZYV0bm4UMFU6hyphenhyphenpblcrN58iPlpuMeMQBDrbtM1OCFl-O3S6WFpln0goIxyhGcfXXT1vIXrzS/s2915/prod_moulns_2023.png" style="color: #33aaff; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2915" data-original-width="734" height="1567" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6cPqQILNc25ZVSkeyHvBzJD-bge3lhkTECIVvOligXKtn1dsFQh2UjUUWmE1TX9aDjgjqkZKTshgY455K7HMcsEYbBJ90ikx42Zil_oHPl7DyioxIqAUlZYV0bm4UMFU6hyphenhyphenpblcrN58iPlpuMeMQBDrbtM1OCFl-O3S6WFpln0goIxyhGcfXXT1vIXrzS/w397-h1567/prod_moulns_2023.png" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="397" /></a></div><div><br /></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-21477371517389035782024-02-01T07:49:00.003+01:002024-02-01T07:52:20.525+01:00Les Marots: Le combat continu<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2tB2SziNZdFsgIe4pIdxfBwDxG1x4f4J0fHzutBRKpXRCS2Q-hFjRW4byDbgUrMXOd8W0B1QrRpJ2yH5IQQgJ6gBPFvnlDEd6XL2xipdrUPa2fBAY4AFUTCMZguz5gOAH-BJfic30xNRNUkMPQSChzy5zfVEs8FCIOYgzRxJ2T7T6xmspVSQjmKqboJSm/s726/Capture%20d%E2%80%99ecran%20Marots.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="664" data-original-width="726" height="586" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2tB2SziNZdFsgIe4pIdxfBwDxG1x4f4J0fHzutBRKpXRCS2Q-hFjRW4byDbgUrMXOd8W0B1QrRpJ2yH5IQQgJ6gBPFvnlDEd6XL2xipdrUPa2fBAY4AFUTCMZguz5gOAH-BJfic30xNRNUkMPQSChzy5zfVEs8FCIOYgzRxJ2T7T6xmspVSQjmKqboJSm/w640-h586/Capture%20d%E2%80%99ecran%20Marots.png" width="640" /></a></div><br /> Merci au BP et à Astrid Gayet pour cet article.<p></p>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-70901379682506660542024-01-28T19:36:00.003+01:002024-01-28T19:36:52.645+01:00Incompréhension et colère des citoyens face au blocage de la remise en eau de l'étang des Marots<p> <b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">On parle beaucoup du harcèlement normatif venant d'une fraction passablement radicalisée du mouvement écologiste. En voici un exemple en Châtillonnais, où deux associations (Anper-TOS et FNE) viennent de demander l'annulation d'un arrêté préfectoral de remise en eau d'un étang médiéval au nom de la DFCI, très apprécié par les habitants. Alors que les données disponibles indiquent le rôle bénéfique de cet étang pour </b><b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">pour la sécurité incendie, l</b><b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">a biodiversité, pour le stockage et la régulation de l'eau, pour l'adaptation climatique, en plein Parc National des Forêts, les acharnés du retour à la nature sauvage ne veulent rien entendre,ni même voir les agréments apportés par le plan d'eau . Encore des années de procédures en vue, avec pour but manifeste de rendre ingérable les ouvrages hydrauliques et d'appeler à leur destruction. Il faut que cesse ces manoeuvres stériles de division des citoyens autour de l'écologie, tout au moins que cesse la reconnaissance publique de leur soi-disant intérêt général qui refuse de prendre en compte l'interêt des plans d'eau pour la Défense des Forêts Contre l'lncendie . Nous publions ci-après le communiqué diffusé par les associations dont la nôtre défendant cet étang. </b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-2872094744914601233" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhULhAPykK3y3xbM8pi_4jQ4y3W4Vee9hsnUrKPoTQd_QZuYi_OQUxe9iEXD65msNXMMqTg05JB-8sgCAsAFDSwLvB05dz2t3R-NdetdnK1wdo7CKoyi4N-8Iq1VDcKWpkytvD1o1hG8lrKpaHXLavOiRghV5DnN9kIhMVgErOAex3q1iy1GdNoRLQvj2CR" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="552" data-original-width="898" height="343" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhULhAPykK3y3xbM8pi_4jQ4y3W4Vee9hsnUrKPoTQd_QZuYi_OQUxe9iEXD65msNXMMqTg05JB-8sgCAsAFDSwLvB05dz2t3R-NdetdnK1wdo7CKoyi4N-8Iq1VDcKWpkytvD1o1hG8lrKpaHXLavOiRghV5DnN9kIhMVgErOAex3q1iy1GdNoRLQvj2CR=w588-h343" width="588" /></a></div><br /><br /></div><div style="text-align: center;"><i>L'étang des Marots quand il était en eau. Y voir un problème pour la biodiversité des milieux aquatiques et humides est aberrant, et relève d'une idéologie où la seule nature acceptable serait une nature sauvage, à l'exclusion de tout milieu créé par des humains, même quand ce milieu a des atouts évidents pour la défense des forêts contre l'incendie. Photo Christian Labeaune, tous droits réservés.</i></div><div><br /></div><div style="text-align: center;"><b><span style="color: #ffa400;">Communiqué de presse</span></b></div><div style="text-align: center;"><b><span style="color: #ffa400;">Incompréhension et colère des citoyens face au blocage de la remise en eau d’un étang des Marots pourtant demandée par le préfet</span></b></div><div><br /></div><div>Les associations et citoyens membres du collectif de défense et valorisation des étangs des Marots apprennent par voie de presse (Bien Public, 12 janvier 2024) que les associations France Nature Environnement Bourgogne Franche-Comté et ANPER-TOS contestent la remise en eau de l’étang inférieur des Marots, dans le Châtillonnais. </div><div><br /></div><div>Ces deux associations ont demandé par voie contentieuse au tribunal administratif l’annulation de l’arrêté préfectoral du 4 août 2023, qui ordonnait cette remise en eau. Il s’agissait d’une procédure normale de la part du préfet puisque les étangs avaient été vidangés voici 5 ans pour une simple inspection des ouvrages hydrauliques, en aucun cas en vue d’une disparition complète des plans d’eau. La mise à sec anormalement prolongée a déjà eu des effets extrêmement dommageables sur les faunes et flores des étangs avec parmi elles des espèces et variétés protégées, ainsi que sur l’hydrologie et sur les usages riverains.</div><div><br /></div><div>Les associations et citoyens membres de notre Collectif ne comprennent pas les raisons pour lesquelles FNE-BFC et ANPER-TOS s’opposent de la sorte à l’intérêt général du pays châtillonnais, mais aussi à l’intérêt hydrologique et écologique évident des sites concernés. </div><div><br /></div><div>Nous rappelons en particulier que</div><div><br /></div><div>• Les habitants, élus, associations locales de protection de l'environnement et du patrimoine se sont prononcées pour la remise en eau des deux étangs et la restauration de Combe Noire, le recours en justice paraissant davantage motivé par des considérations assez éloignées du territoire concerné, partisanes voire idéologiques, que par la compréhension fine du terrain.</div><div><br /></div><div>• Les étangs ont une valeur patrimoniale, paysagère, esthétique unanimement reconnue, qui peut devenir aussi dans les prochaines années un atout touristique de découverte de la nature pour le Parc National des Forêts, territoire peu doté en plans d’eau.</div><div><br /></div><div>• Les étangs et la zone humide qu’ils représentent contribuent activement à la régulation et au stockage de l’eau, phénomènes indispensables en période de changement hydroclimatique, notamment pour le maintien de la ressource en eau de Villiers-le-Duc et Vanvey. Ils contribuent également à l’atténuation des étiages sévères et à l’écrêtage des crues de l’Ource. Ils ont en effet contribué depuis près de huit siècles à saturer en eau le massif rocheux sous-jacent et à favoriser la préservation de taxons patrimoniaux tels que la Ligulaire de Sibérie, qui n’existe, semble-t-il, dans la moitié nord de la France, que sur le seul site du marais de Combe Noire. Cette espèce, habituellement abondante, s’est faite rare en cet été 2023, probablement en lien avec l’assèchement progressif de l’étang, situé au pied du marais.</div><div><br /></div><div>• La forêt de feuillus du Parc National subit le réchauffement climatique et la remontée du climat méditerranéen vers le nord. Un certain nombre d’essences forestières souffrent à la fois de la montée des températures et du développement de parasites mortels, ce qui fragilise la forêt et la rend plus sensible aux départs de feux. Si nous nous attendons à connaitre de grands incendies de forêt, nous ne savons pas quand. Il faut donc anticiper et rendre nos infrastructures résilientes. Les étangs, ainsi que la zone humide associée, assurent le stockage d’un volume d’eau non négligeable, maintiennent une certaine humidité et servent de pare-feu naturel. Ils offrent ainsi la possibilité de disposer d’une réserve d’eau mobilisable en cas d’incendie ; réserve dotée d’une capacité de puisage par hélicoptère pour intervention rapide sur un rayon de 20 km, et permettent de palier à l’absence de réservoir ou plan d’eau dans le secteur. Cette fonction devient critique dans le Parc de Forêts alors que nous assistons depuis une décennie à la remontée vers le nord des feux de forêts en périodes sèches et caniculaires. Il est donc prévu des aménagements pour rendre la réserve d’eau accessible aux pompiers en cas d’incendies qui ne manqueront pas d’advenir dans un futur proche. Le Châtillonnais deviendra ainsi plus résilient au réchauffement climatique actuel.</div><div><br /></div><div>• Les digues et chaussées des étangs contrarient la remontée des espèces exotiques et envahissantes vers la tête du bassin versant, où cohabitent des souches de truite sauvage et des écrevisses à pattes blanches. Les relevés historiques dont nous disposons montrent que les truites, chabots, écrevisses patrimoniales ont co-existé sans problème pendant des centaines de générations avec les étangs présents depuis le Moyen Âge. Les études effectuées en 2005 avant l’effacement du complexe des étangs Narlin en 2006/2007 révèlent la présence des écrevisses à patte blanche qui n’est pas due, contrairement aux assertions des associations plaignantes, à un retour après effacement. Inversement, la destruction des seuils, chaussées et barrages favorise le brassage avec les écrevisses américaines et Signal, ainsi que l’intromission génétique avec des souches non endémiques de truites. A noter que l’écrevisse Signal a été rendue responsable de la disparition progressive de l’écrevisse européenne, malgré des tentatives de protection de cette dernière par des expériences menées notamment dans la réserve de Labergement-Remoray dans le Jura et qui se sont soldées par des échecs. En outre, les étangs abritent une biodiversité propre aux milieux semi-lotiques et lentiques et servent de zone refuge et de zone abreuvoir à de nombreux espèces aquatiques, amphibiennes et terrestres. </div><div><br /></div><div>• Les étangs sont donc de véritables écosystèmes propres à la conservation de la biodiversité, à gérer comme tels. Ils doivent être associés à une politique volontariste de protection des faunes, flores et milieux remarquables de têtes de bassin. Ces derniers sont aujourd’hui menacés d’extinction locale en raison, non seulement des changements du climat et de son corollaire, les variations de l’hydrologie, mais également en raison de l’arrivée d‘espèces invasives. C’était déjà le souhait formulé dans l’évaluation du Document d’Objectifs du site Natura 2000 de 2014, qui préconisait le maintien des deux étangs en eau.</div><div><br /></div><div>Pour toutes ces raisons, le Collectif</div><div>• exprime l’incompréhension, la lassitude et la colère des citoyens du Châtillonnais et du Parc National de Forêts, sur un dossier qui traîne depuis des années et que certains semblent vouloir faire traîner encore ;</div><div>• soutient la décision du préfet et souhaite la rapide remise en eau des étangs avant que les milieux hors d’eau ne continuent de se dégrader de même que les ouvrages hydrauliques ;</div><div>• appuie également la décision du préfet de répondre à l’urgence de sécurité et de prévention du risque incendie, au vu de l’étendue des massifs forestiers du Parc National de Forêts, en lien avec l’extrême rareté des plans d’eau et points d’eau dans le Châtillonnais ;</div><div>• déplore le recours en justice des associations FNE BFC et ANPER TOS, peu représentées et peu informées au niveau du Châtillonnais, leur suggérant un retrait de cette procédure allant à l’encontre des intérêts écologiques qu’elles sont censées défendre ; cette demande est d’autant plus justifiée que les arguments avancés pour engager cette action en justice sont factuellement inexacts (soi-disant disparition des écrevisses à pattes blanches avant la vidange des étangs et réapparition après, en totale contradiction avec les données d’études du site depuis 25 ans).</div><div>• informera, dans l’hypothèse où le recours contentieux serait maintenu, le juge administratif de toutes les données montrant la valeur des étangs et leur rôle bénéfique pour la société comme pour le vivant. </div><div><br /></div><div>Dans la plupart des articles publiés par le Bien Public récemment, il n’est jamais évoqué qu’il existe une volonté massive au sein des villages du Chatillonnais et du Parc National de Forêts (volonté démontrée par la signature de la pétition pour la remise en eau des étangs des Marots en 2021) de défendre ce patrimoine écologique et historique venu du Moyen Âge. Ces derniers représentent pour tous les riverains des souvenirs de leur enfance, de pêche, de chasse, de promenades en forêt, d’observation de la faune et de la flore. Leur assèchement a été vécu et continue de l’être comme une véritable blessure qui ne cicatrisera pas tant que la situation actuelle perdurera. </div><div><br /></div><div><div><b>Collectif de défense des étangs des Marots</b></div><div>ARPOHC, Société Archéologique et Historique du Châtillonnais, Société Mycologique du Châtillonnais, Les Amis d’Aignay-le-Duc et Alentours, Maison Laurentine, Villages Anciens Villages d’Avenir, Société Mycologique d’Is-sur-Tille, Association ARCE , Association Hydrauxois, Société Mycologique de Côte- d’Or, Les Amis du Châtillonnais, Office de Tourisme du Châtillonnais, Fabrique du Millénaire Associa9on Arc, Patrimoine et Culture.</div></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-38093760960015781482024-01-19T08:32:00.001+01:002024-01-22T08:36:00.966+01:00Un rapport parlementaire acte la nécessité du stockage de l’eau, parmi un bouquet de solutions<p> <b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">L’évolution du cycle de l’eau liée au changement climatique et aux usages humains va induire un risque accru de manque (sécheresse) et d’excès (crue) à l’avenir. La France en fait déjà l'expérience, or ces phénomènes devraient s'accentuer. Face à cette situation, les parlementaires de la commission développement durable de l’Assemblée nationale viennent de publier un rapport d’information proposant un «<i>bouquet de solutions</i>». Parmi ces solutions, le stockage de l’eau, sujet sur lequel nous nous attardons ici. Nous soulignons aussi quelques carences dans la démarche parlementaire.</b></p><div class="columns-inner" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 12px; min-height: 0px;"><div class="column-center-outer" style="float: left; position: relative; width: 570px;"><div class="column-center-inner" style="padding: 0px;"><div class="main section" id="main" name="Principal" style="margin: 0px 1em;"><div class="widget Blog" data-version="1" id="Blog1" style="line-height: 1.4; margin: 0px; min-height: 0px; position: relative;"><div class="blog-posts hfeed"><div class="date-outer"><div class="date-posts"><div class="post-outer"><div class="post hentry uncustomized-post-template" itemprop="blogPost" itemscope="itemscope" itemtype="http://schema.org/BlogPosting" style="margin: 0px 0px 45px; min-height: 0px; position: relative;"><div class="post-body entry-content" id="post-body-2648140373043170154" itemprop="articleBody" style="font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghxddvd6CkvscrCy8Fda0ZnOpIaXrMHXrejM5doEVhQjZM7CQjEPLAEGhZdo6TeptA3WEmlIr1Qc6-NTnFIAEKGGNXn7y0Cj8_RF1QBUhVtF02jT0OxmP5UVRh8uD1QoKlEL8WPPoqy5jFr6gjc9eOcM9fsBnkzSczfUv3XCFMSQcne-UhS4iTBqzdn7r3/s1191/1200x680_sc_ma-photo-1200x675.jpg" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="675" data-original-width="1191" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghxddvd6CkvscrCy8Fda0ZnOpIaXrMHXrejM5doEVhQjZM7CQjEPLAEGhZdo6TeptA3WEmlIr1Qc6-NTnFIAEKGGNXn7y0Cj8_RF1QBUhVtF02jT0OxmP5UVRh8uD1QoKlEL8WPPoqy5jFr6gjc9eOcM9fsBnkzSczfUv3XCFMSQcne-UhS4iTBqzdn7r3/w503-h285/1200x680_sc_ma-photo-1200x675.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="503" /></a></div><div style="text-align: center;"><i><a href="https://www.francebleu.fr/infos/environnement/inondations-secheresses-des-chercheurs-lorrains-se-penchent-sur-les-evenements-climatiques-extremes-1637755" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Source </a>(droits réservés)</i></div><div><br /></div><div>Comment faire évoluer la politique de l’eau en période d’adaptation au changement hydrique et climatique? Comment conjurer le double risque liés aux situations extrêmes de l'eau, la sécheresse ou la crue? Au terme des travaux parlementaires, voici les orientations-clés qui ont été identifiées par les rapporteurs :</div><blockquote><div><i>« Les travaux de la mission d’information montrent qu’il n’existe pas de solution unique dans ce domaine, mais qu’il faut agir simultanément sur différents fronts. Dans ce « bouquet de solutions », on peut identifier plusieurs leviers d’amélioration qui s’articulent autour des exigences suivantes : </i></div><div><i>– Mieux connaître la disponibilité de la ressource et les effets du changement climatique sur celle-ci ; </i></div><div><i>– Disposer d’informations précises et régulières, si possible en temps réel, sur les prélèvements opérés en faveur des activités humaines ; </i></div><div><i>– Protéger l’eau et les milieux aquatiques en se fondant autant que possible sur des solutions naturelles, comme favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol et ralentir le cycle de l’eau ; </i></div><div><i>– Encourager la sobriété et les économies d’eau pour tous les usages, notamment en accompagnant le monde agricole ; </i></div><div><i>– Développer le stockage de l’eau sous des formes qui ne nuisent pas aux espaces de stockage naturels que sont les nappes phréatiques ; </i></div><div><i>– Réutiliser les eaux non conventionnelles et les eaux usées chaque fois que cela est possible ; </i></div><div><i>– Développer des mécanismes de gouvernance collectifs efficaces et réellement appliqués pour définir le partage de l’eau et penser l’aménagement du territoire en fonction de la ressource ; </i></div><div><i>– S’interroger sur les moyens budgétaires et sur les outils fiscaux permettant une protection maximale de la ressource tout en responsabilisant les différents acteurs. »</i></div></blockquote><div>On observe que le stockage de l’eau fait partie des orientations fortes souhaitées pour la politique publique, les parlementaires rappelant d’ailleurs que cet objectif a été inscrit par la loi dans le code de l’environnement (article L 211-1). Encore faut-il que les administrations mettent en œuvre les choix législatifs, ce qui n’est pas toujours automatique, notamment dans le domaine de l’eau. La loi a aussi interdit en 2021 la <a href="http://www.hydrauxois.org/2021/08/la-destruction-douvrages-en-rivieres.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">destruction de l’usage actuel ou potentiel des ouvrages hydrauliques au nom de la continuité écologique</a> (article L 214-17 code environnement), mais des préfectures persistent à valider ces destructions d’ouvrages et assèchements de milieux.</div><div><br /></div><div>Concernant ce stockage d’eau, le rapport parlementaire énumère les formes possibles :</div><blockquote><div><i>« Il existe différentes méthodes pour retenir de l’eau et l’utiliser en fonction des besoins, et ainsi plusieurs types de retenues d’eau. Les différentes catégories dépendent notamment du mode d’extraction de l’eau et de son origine (rivière ou nappe) : </i></div><div><i>– retenues collinaires, alimentées principalement par les eaux pluviales et de ruissellement (citerne, plan d’eau, étang, bassins divers) ; </i></div><div><i>– retenues en barrage sur les cours d’eau (lac de barrage, plan d’eau) ; </i></div><div><i>– retenues alimentées par un canal en dérivation d’un cours d’eau (étang) ; </i></div><div><i>– réserves alimentées par pompage dans la nappe ou dans la rivière, aussi appelée « réserves de substitution ». </i></div><div><i>Au début des années 2000, on comptait environ 125 000 retenues de petite taille sur le territoire national, assurant la collecte et le stockage de l’eau pour des besoins variés : alimentation des villes en eau potable, mais aussi usages agricoles, industriels, piscicoles, de loisir ou de soutien d’étiage. Depuis, la création de nouvelles retenues se poursuit. Aujourd’hui, le nombre exact de retenues d’eau sur le territoire est mal connu, mais se situerait, y compris avec les retenues de petite taille et pour des besoins variés, entre 600 000 et 800 000. » </i></div></blockquote><div>Relativement aux "<i>continuités écologiques</i>", le rapport est d’une prudente sobriété, évoquant pour l’essentiel la question des reméandrages avec débordement en lit majeur :</div><div><i></i></div><blockquote><div><i>« Il existe un panel de solutions permettant d’améliorer l’infiltration de l’eau dans les sols. Ces adaptations doivent toutefois également prendre en compte les risques associés, comme le risque de remontées de nappe ou de retrait-gonflement argileux par exemple. Le meilleur stockage possible pour l’eau est dans les nappes phréatiques, car elle est ainsi protégée de l’évaporation et des pollutions présentes en surface. L’objectif est donc de favoriser l’infiltration des eaux pluviales directement dans les sols, et de ré-humidifier les territoires. De plus, l’eau qui ruisselle se pollue par la même occasion, via le lessivage du sol. Aussi, permettre une meilleure infiltration de l’eau pluviale à la parcelle a aussi pour effet d’améliorer la qualité de l’eau. Cela peut passer par divers aménagements urbains comme ruraux. </i></div><div><i>Au cours du temps, les rivières ont été approfondies et redressées par l’homme, ce qui a accéléré le cycle de l’eau. Pour y remédier, il est possible de procéder au reméandrage des cours d’eau, qui consiste à remettre le cours d’eau dans ses anciens méandres ou à créer un nouveau tracé, pour lui redonner une morphologie sinueuse, se rapprochant de son style fluvial naturel. Il s’agit de ralentir les vitesses d’écoulement, en période de crue notamment. Cela permet également d’améliorer la diversification des habitats du cours d’eau et de limiter l’eutrophisation. </i></div><div><i>Le reméandrage tend aussi à réduire le risque d’inondation, grâce à une meilleure capacité de rétention. L’eau déborde plus facilement en amont, et recharge ainsi les nappes situées à proximité, permettant un rechargement « passif », sans surcoût énergétique, contrairement à un rechargement artificiel. La restauration peut prendre quelques mois pour une rivière à forte énergie, à quelques décennies pour un cours d’eau peu puissant. </i></div><div><i>L’objectif est la gestion de l’eau « à la parcelle», c’est-à-dire d’infiltrer la goutte d’eau au plus près de l’endroit où elle tombe. Cela revient à« déconnecter » une partie de l’eau pluviale du réseau d’eau et d’assainissement classique, puisqu’elle n’est plus acheminée dans les canalisations, mais bien infiltrée directement dans le sol. L’objectif est de créer des aménagements permettant de recueillir une partie importante de l’eau pluviale, stockée naturellement et restituée progressivement au milieu. Cette méthode permet aussi de soulager les réseaux d’eaux usées et d’éviter leur éventuel débordement en période d’inondation, qui conduit à une pollution de l’eau et des milieux. »</i></div></blockquote><div><i></i></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Quelques réserves et critiques</span></b></div><div>Le rapport est associé à 81 propositions de mesures. La plupart sont de bon sens et ont notre soutien. Mais nous souhaitons émettre ici quelques réserves et critiques :</div><div><ul style="line-height: 1.4; margin: 0.5em 0px; padding: 0px 2.5em;"><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Comme d’habitude, <b>les usagers et la société civile sont mal représentés dans les auditions, beaucoup restent des invisibles de l’eau</b>. Nous retrouvons les abonnés de longue date à ces exercices (France Nature Environnement, Fédération de pêche, etc.), quelques chercheurs un peu engagés et médiatisés, mais par exemple nous ne voyons pas de représentants des secteurs directement associés au sujet, au premier chef les associations et fédérations de riverains, mais aussi les moulins, forges et autres patrimoines hydrauliques, les étangs et plans d’eau, les producteurs de petite hydro-électricité, les irrigants traditionnels en réseaux locaux de canaux et biefs. Le rapport note que l’on parle de plus de 500 000 petits systèmes hydrauliques sur la France métropolitaine mais cette réalité n’existe pas dans la représentation d’intérêt ni réellement dans la connaissance scientifique ou même la nomenclature administrative. Les experts en limnologie travaillant sur les lacs, réservoirs, retenues et divers plans d'eau n'ont pas non plus été auditionnés. </li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;"><b>Les excès et erreurs de la restauration de continuité écologique en long, ayant conduit à détruire et assécher un grand nombre de retenues et de diversions d’eau, sont totalement évacués du rapport</b>. Pas de vague ! On s’aperçoit aujourd’hui que cette politique est nuisible à tous les niveaux : pour la production d’énergie décarbonée, pour le stockage de l'eau, pour la régulation de l’eau, pour les usages et aménités qui peuvent en découler. La moindre des choses quand une politique publique s’égare ainsi, c’est de le reconnaître et d’en faire un retour d’expérience, afin de ne pas commettre le même genre d’erreurs à l’avenir. Or rien ici. C'est bien dommage, d'autant que la prochaine révision de la loi sur l'eau comme de la directive cadre européenne sur l'eau devra impérativement recadrer cette continuité écologique en long en la soumettant à davantage de respect des autres dimensions des rivières et plans d'eau. </li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;"><b>Les parlementaires et de manière générale les acteurs de l’eau doivent être désormais plus précis en ce qui concerne les solutions fondées sur la nature.</b> En effet, si ces orientations vont dans la bonne direction, il ne faut pas pour autant en surestimer le potentiel ni en minimiser le coût. C'est justement une erreur usuelle des politiques publiques, qui entraîne ensuite déception et démobilisation. Le seul exemple associé à l’idée de continuité écologique latérale (reméandrage) fait l’objet de retours critiques en science, et il faut les examiner. Si l’on se contente de creuser un lit en sinusoïde sur une rivière à faible puissance et sans prévoir des capacités de débordement (donc éviter le lit incisé), on ne change quasiment rien aux capacités de prévention des inondations et assecs tout en dépensant sans grande raison une certaine somme d’argent public. Si l’on prévoit à l’inverse des chantiers associés à des capacités décisives de stockage par débordement latéral, le coût va être conséquent car il concernera des grandes surfaces et des changements substantiels du régime d’écoulement. Tout cela doit désormais dépasser la déclaration d’intention pour être évalué et chiffré afin de conjurer le risque de petites opérations n’ayant pas réellement l’effet visé mais dilapidant les fonds publics des agences de l’eau. Fonds qui ne sont pas inépuisables, ce problème étant aussi abordé dans le rapport.</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Enfin, <b>rejoignant la question budgétaire du rapport coût-efficacité réel des chantiers en terme de ressource en eau (et de ressource utile à la société), le sujet de la tarification progressive de l’eau est à discuter avec précaution.</b> On a compris que la transition écologique représente des surcoûts et des inflations, car on réintroduit dans la réflexion et dans le prix des externalités négatives qui étaient auparavant négligées. Mais on a aussi compris, sur le sujet proche de l’énergie, que la sous-estimation de la question sociale peut conduire à des troubles notables. Le signal prix est connu pour induire de la sobriété, et il est légitime de l’envisager pour modérer des usages. Mais si ce signal est perçu comme une « punition » injuste, on risque d’aboutir au contraire de l’effet escompté, une remise en question des politiques environnementales. </li></ul></div><div><b>Source </b>: <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/cion-dvp/l16b2069_rapport-information" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Rapport d’information n° 2069 sur l’adaptation de la politique de l’eau au défi climatique</a>, au nom de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, présenté par MM. Yannick Haury et Vincent Descoeur, 17 janvier 2024.</div><div><a href="https://drive.google.com/file/d/1ZBxYR2aCu8mSacAvRd43JwdggxWPbFp3/view?usp=sharing" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Télécharger le pdf </a></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-40194647252379001332024-01-12T08:36:00.001+01:002024-01-22T08:37:04.477+01:00Face aux inondations, mobiliser toutes les options sans exclusive<p> <b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">Les inondations récentes dans le Pas-de-Calais ont été caractérisées par des précipitations exceptionnelles et ont entraîné des crues majeures des fleuves côtiers. De nombreuses habitations ont été touchées. Ces événements extrêmes sont exacerbés par le changement hydroclimatique, avec des prévisions d'augmentation du niveau de la mer et de l'intensité des précipitations hivernales. Les causes incluent également l'entretien insuffisant des systèmes de régulation et de drainage, tels que les wateringues, un réseau de canaux et de fossés datant du Moyen Âge. Des experts recommandent plusieurs mesures d'adaptation, notamment la révision de ces infrastructures existantes, l'augmentation de la capacité des sols et des rivières à absorber l'eau, la restauration des zones humides, une gestion urbaine plus réfléchie pour réduire la vulnérabilité aux inondations. Pour accroître la résilience du territoire, l'heure est donc à la mobilisation de toutes les options, sans exclusive, qu'elles relèvent du génie hydraulique, du génie écologique ou de l'aménagement urbain.</b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-709529143538098921" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWsgWkt5xqvAzqonT8tpzAGli0DRbo5A_eovW-Y37h8P_rADjw3YwTRmChgkYHOdcad2FgwZTlkvBzfO12vZa_N3IULh5uv3LCOQaBVi0xQgQuJjsHoEqrwx5QC1adw9AN8Sjv4Ou7YNPjbkVlId2IjGp1aXGkZlZuXREY9OXHJwtGTrs2nsgr0CKzQWwA/s850/inon_pas_-de_calais.png" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="527" data-original-width="850" height="314" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWsgWkt5xqvAzqonT8tpzAGli0DRbo5A_eovW-Y37h8P_rADjw3YwTRmChgkYHOdcad2FgwZTlkvBzfO12vZa_N3IULh5uv3LCOQaBVi0xQgQuJjsHoEqrwx5QC1adw9AN8Sjv4Ou7YNPjbkVlId2IjGp1aXGkZlZuXREY9OXHJwtGTrs2nsgr0CKzQWwA/w508-h314/inon_pas_-de_calais.png" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="508" /></a></div><br /><div style="text-align: center;"><i>Photos AFP et France Bleue, droits réservés. </i></div><div style="text-align: center;"><i><br /></i></div><div style="text-align: center;"><br /></div><div>Depuis mi-octobre, le Pas-de-Calais a été frappé par des inondations importantes, dues à des précipitations exceptionnelles. Plusieurs rivières, dont l'Aa, la Hem, la Lys, la Canche et la Ternoise, ont connu des crues majeures. Ces crues ont été exacerbées par des pluies continues et intenses, entraînant des inondations étendues dans de nombreuses villes et villages.</div><div><p>Dans la vallée de l'Aa, les débits ont dépassé les niveaux historiques connus, provoquant d'importants dégâts matériels. À Saint-Omer, par exemple, le niveau de l'eau a atteint des hauteurs critiques, inondant des zones résidentielles et commerciales. L'impact a été similaire le long de la Lys, avec des inondations notables à Aire-sur-la-Lys.</p><p>La Canche et la Ternoise, plus petites mais tout aussi impactées, ont vu leurs berges débordées, affectant particulièrement les zones rurales environnantes. Les champs ont été submergés, causant des pertes importantes pour les agriculteurs.</p><p>En termes de réponse d'urgence, les autorités locales et les services de secours ont été mobilisés pour évacuer les résidents, mettre en place des barrages temporaires et des pompes pour drainer l'eau. Cependant, l'étendue des inondations a mis en évidence des défis en termes de préparation et de réponse aux catastrophes naturelles.</p><p><b><span style="color: #ffa400;">Record de précipitation depuis 1959</span></b></p><p>Ces inondations dans le Pas-de-Calais sont le résultat de plusieurs facteurs interdépendants. D'un point de vue météorologique, la région a connu des précipitations anormalement élevées. Plus de 500 mm de pluie sont tombés sur l’ensemble du Pas-de-Calais entre la mi-octobre et la fin décembre, un chiffre plus de deux fois supérieur à la normale saisonnière d’après Météo France. C’est inédit depuis 1959, début des statistiques départementales sur les précipitations. Le précédent record était de 425 millimètres en 2000-2001, sur la même période. Ces fortes pluies ont contribué à La saturation des sols puis à l'augmentation rapide des niveaux d'eau dans les rivières.</p><p>Sur le plan climatologique, les changements climatiques jouent un rôle de plus en plus significatif. Les modèles climatiques pour la région prévoient une augmentation de l'intensité et de la fréquence des précipitations extrêmes, en lien avec le réchauffement global. Cette tendance est susceptible d'aggraver les risques d'inondation à l'avenir.</p><p>Hydrologiquement, la topographie plate de la région et la présence de plusieurs cours d'eau contribuent à la vulnérabilité aux inondations. A l'avenir, la hausse du niveau des mers peut aggraver la situation, car l'eau aura davantage de mal à être évacuée. Les scientifiques estiment que le niveau de la mer pourrait augmenter localement de 50 à 70 centimètres d’ici la fin du siècle, avec des précipitations hivernales pouvant croître de 14 à 35 %. </p><p><b><span style="color: #ffa400;">Gestion des fossés et wateringues</span></b></p><p>Outre les facteurs climatiques et hydrologiques, d'autres éléments ont contribué aux inondations récentes. L'un des problèmes majeurs est le manque d'entretien des fossés et canaux, représentant un réseau de 1500 km. Des élus locaux et le président de région se sont plaint de la difficulté à financer cet entretien et de la lourdeur des procédures administratives sur l'eau.</p><p>Dans le Pas-de-Calais, le système médiéval de wateringues, historiquement conçu pour gérer les eaux (mise au sec du polder entre Calais, Dunkerque et Saint-Omer), a souffert d'un manque de maintenance régulière sur tout son linéaire et de réflexion sur son évolution face à des événements extrêmes. Dans ce système, à marée haute, les écluses sont fermées pour ne pas envahir les terres, à marée basse les portes sont ouvertes pour que s’évacue l’eau en excès venue de la pluie. En période normale, 85 % de l’eau des wateringues s’écoule lentement dans la mer, selon une pente assez faible, 15 % est pompé sur le littoral. Le déficit d'entretien a réduit l'efficacité du système à évacuer l'eau des zones inondées. Actuellement 100 m³/s d’eau pluviale issus du delta de l’Aa sont évacués vers la mer, mais pour aller au-delà il faut aussi moderniser le système de pompage qui s'ajoute à l'évacuation gravitaire.</p><p>Des zones d'expansion de crues ont été prévues suite à une précédente inondation de 2002 dans la région, notamment dans le bassin de l'Aa. Ces «<i>champs d’inondation contrôlée</i>» sont capables de stocker 610 000 m³ d’eau au total. Mais leur dimensionnement sur les 58 m³/s de la crue de 2002 a été insuffisant face aux 85 m³/s atteints en 2023.</p><p>L'occupation des sols est un autre facteur clé. L'urbanisation croissante et la transformation des terres agricoles en surfaces imperméabilisées ont limité la capacité du sol à absorber les eaux pluviales. En conséquence, même des précipitations modérées peuvent entraîner des inondations rapides, en particulier dans les zones urbaines densément peuplées. On estime que 69 % des communes du Pas-de-Calais sont vulnérables au risque d’inondation, sans avoir forcément la mémoire et la culture de ce risque.</p><p>Ces facteurs, combinés aux changements climatiques, soulignent la nécessité de revoir les pratiques d'aménagement du territoire et de gestion des eaux dans la région.</p><p><b><span style="color: #ffa400;">Un problème récurrent, de multiples actions à envisager</span></b></p><p>Pour réduire les risques futurs d'inondation dans le Pas-de-Calais, plusieurs stratégies et mesures ont été proposées. Une approche importante est la rénovation et l'amélioration des infrastructures existantes, notamment les systèmes de drainage et les wateringues. Il est essentiel de moderniser ces systèmes pour les rendre plus efficaces face aux événements climatiques extrêmes.</p><p>La restauration et la préservation des zones humides naturelles autour des méandres fluviaux constituent une autre mesure clé. Ces zones agissent comme des éponges naturelles, absorbant l'excès d'eau et réduisant ainsi les risques d'inondation. En outre, la révision des politiques d'aménagement du territoire est cruciale pour limiter l'urbanisation dans les zones à haut risque d'inondation et pour encourager l'utilisation de matériaux perméables dans la construction. Le ministre de l'écologie n'a pas exclu l'abandon définitif de certaines zones subissant des inondations à répétition et devenant invivables pour les habitants.</p><p>La sensibilisation et la préparation des communautés locales sont également nécessaires. Il est essentiel d'informer les résidents des risques d'inondation et de les impliquer dans les plans de prévention et de réponse d'urgence.</p><p>Au final, les crues des fleuves du Pas-de-Calais rappellent qu'aucune solution prise isolément n'est suffisante. Il est vain comme certains le font encore de ne vouloir engager que des "<i>solutions fondées sur la nature</i>" ou que des "<i>solutions fondées sur la technique</i>" : face à des cumuls extrêmes de précipitations sur des sols déjà gorgés d'eau, ce sont toutes les options qui doivent être mobilisées, aussi bien hydrauliques qu'écologiques. Avec un coût, qui est celui de l'adaptation au changement climatique. L'évolution de l'urbanisation devra aussi prendre acte de ces nouvelles conditions et se montrer plus stricte sur les conditions d'installation en lit majeur des rivières.</p></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-5999912602744635262023-12-26T16:24:00.001+01:002023-12-30T16:24:58.401+01:00Impact des barrages sur les poissons migrateurs des Etats-Unis (Dean et al 2023)<p> </p><h3 class="post-title entry-title" itemprop="name" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 22px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; font-weight: normal; line-height: normal; margin: 0.75em 0px 0px; position: relative;"><b style="font-size: 13.2px;">Une recherche menée sur la répartition des poissons migrateurs dans les bassins versants des Etats-Unis montre que les barrages sont un facteur d’influence majeure dans quatre écorégions sur neuf. Mais même dans ces régions, les obstacles à la migration n’expliquent qu’une faible part des variations observées.</b></h3><div class="post-body entry-content" id="post-body-6367841889424841209" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgD21d-y6WdG8AhPWIfs_sR6ub4uEstzysIMfEkeCDv_hnWmphLJk-STh4-4QNefmUuGyiCmyacuXOm5L72Lj09zVZecqQqAr0tDkyXiepTTEBAzdDMWFN-hd6puKH_CwX3w3vm4M-VY7lhHJkFIDrF1gUpQqrivnzMK2n-uj0oPfpJghqL3yuZcVyt21UK/s766/dean_image_01.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="766" data-original-width="507" height="563" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgD21d-y6WdG8AhPWIfs_sR6ub4uEstzysIMfEkeCDv_hnWmphLJk-STh4-4QNefmUuGyiCmyacuXOm5L72Lj09zVZecqQqAr0tDkyXiepTTEBAzdDMWFN-hd6puKH_CwX3w3vm4M-VY7lhHJkFIDrF1gUpQqrivnzMK2n-uj0oPfpJghqL3yuZcVyt21UK/w373-h563/dean_image_01.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="373" /></a></div><br /><div>Beaucoup d’études concernant l’impact des barrages sur les poissons migrateurs concernent des sites ou des tronçons, parfois des bassins versants fluviaux. Mais peu analysent des écorégions entières. E.M. Dean et ses collègues ont souhaité comblé ce manque par une analyse menée à échelle des neuf écorégions divisant les Etats-Unis limitrophes (hors Alaska et Hawaï). </div><div><br /></div><div>Ces écorégions sont des zones présentant des caractéristiques similaires, notamment la géologie et le climat (cf image ci-dessus). Les rivières des Appalaches du Nord froides à tempérées (NAP) drainent des bassins versants glaciaires et vallonnés à travers une matrice de terres forestières et urbaines et se jettent dans l'océan Atlantique. Dans les Appalaches du Sud tempérées et humides (SAP), les rivières drainent des crêtes et des plateaux de terres boisées et minières se transformant en basses terres des Plaines côtières (CPL). Les rivières du CPL tempéré à subtropical drainent un tiers des zones humides des États-Unis, et cette écorégion est l'endroit où le Mississippi se jette dans le golfe du Mexique. En général, les précipitations tombent abondamment dans ces régions orientales. Les plaines du Nord (NPL), les plaines du Sud (SPL) et les plaines tempérées (TPL) ont des étés chauds et hivers froids, avec des rivières drainant des bassins versants dominés par des terres agricoles avec prairies, recevant d’importants apports de sédiments et de ruissellement. La géologie glaciaire du Haut-Midwest (UMW) abrite des rivières alimentées par les eaux souterraines qui se jettent dans le fleuve Mississippi et les Grands Lacs. Le Xeric (XER) est aride, avec des rivières qui connaissent naturellement de fréquentes périodes d'assec, drainant une topographie plate à vallonnée soutenant des arbustes et des prairies. Les rivières des Montagnes occidentales (WMT) coulent à travers les chaînes de montagnes boisées des États côtiers, des États du sud-ouest et de certains États du nord et du centre, avec la fonte des neiges et des précipitations extrêmes à des altitudes élevées alimentant des rivières.</div><div><br /></div><div>Concernant les barrages, les auteurs reprennent les plus impactants selon leurs caractéristiques de hauteur (au moins 7,62 m de hauteur) ou de retenue (au moins 6,17 ha), ainsi que ceux identifiés comme à haut impact par un travail précédent (Cooper 2017, <a href="http://www.hydrauxois.org/2016/01/faible-impact-des-barrages-sur-les.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;">voir recension</a>). Les données sur les poissons concernent 45989 rivières ayant des données collectées entre 1990 et 2019.</div><div><br /></div><div>Dans toutes les écorégions, la richesse totale en espèces de poissons (y compris les poissons migrateurs) variait de 88 dans le NPL à 445 dans le SAP, et les pourcentages de poissons entièrement migrateurs variaient de 25,2 % (SAP) à 47,0 % (UMW). Parmi les espèces entièrement migratrices, le pourcentage d'espèces diadromes [nota : ayant un cycle migrateur en eau douce et eau salée] était plus élevé dans le WMT (21,4 %) et le XER (20,3 %) que dans les autres écorégions, et le pourcentage d'espèces diadromes et potamodromes [nota : ayant un cycle migrateur uniquement en eau douce] était plus élevé dans le CPL (24,4 %) que dans les autres écorégions. écorégions. La richesse en espèces potamodromes variait de 68,7 % (CPL) à 89,1 % (NPL) dans toutes les écorégions, et la richesse en poissons potamodromes était plus de 20 fois supérieure à celle des poissons diadromes dans les régions XER, SPL, TPL et UMW. </div><div><br /></div><div>Ce tableau montre le poids des facteurs d’explication dans les 9 écorégions :</div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaMf5s6WpNVfqaN4BzfZmeSu1XjEMgYmz3LykAJBD_J24ctEIyWYxcUKT-UyZ0HHXy4ysWbTY5FijFMRuTgoFZpkhbyUbjWaR0v6cWSHk2OHVdS-vaKw_qaFMeMKpTQQBvy6TPeurVPk6JZubkb88clttIY3-NdkdDZ1tPo5ci4NhYYFgXPZaLCv5dCZ23/s705/dean_2023_weights.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="524" data-original-width="705" height="348" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaMf5s6WpNVfqaN4BzfZmeSu1XjEMgYmz3LykAJBD_J24ctEIyWYxcUKT-UyZ0HHXy4ysWbTY5FijFMRuTgoFZpkhbyUbjWaR0v6cWSHk2OHVdS-vaKw_qaFMeMKpTQQBvy6TPeurVPk6JZubkb88clttIY3-NdkdDZ1tPo5ci4NhYYFgXPZaLCv5dCZ23/w468-h348/dean_2023_weights.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="468" /></a></div><br /><div>Les auteurs le commentent ainsi : « <i>La répartition de la variance a indiqué que les facteurs naturels du paysage, l'utilisation des terres par l'homme, la fragmentation des rivières et leurs interactions expliquaient entre 11,7 % (SPL) et 32,7 % (WMT) de la variation totale de l'abondance relative des poissons migrateurs dans les écorégions. Parmi la variation expliquée, les facteurs naturels du paysage représentaient un minimum de 13,6 % (SPL) et un maximum de 64,1 % (UMW), les utilisations humaines des terres expliquées entre 0,2 % (UMW) et 27,6 % (SPL), et les paramètres de fragmentation des rivières expliqués. entre 1,9% (NPL) et 14,7% (UMW) de variation de l'abondance relative des poissons migrateurs. Les facteurs naturels du paysage expliquent davantage de variations que les perturbations anthropiques dans huit des neuf écorégions (SPL était l'exception). Les mesures de fragmentation du réseau fluvial expliquaient plus de variation dans les assemblages de poissons que l'utilisation des terres par l'homme dans les écorégions UMW, NAP, SAP et CPL situées dans l'est des États-Unis et expliquaient moins de variation dans les assemblages de poissons que l'utilisation des terres par l'homme dans d'autres écorégions.</i> »</div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Discussion</span></b></div><div>Le premier point remarquable est que le modèle des chercheurs ne parvient à expliquer que 32,7% au mieux de la variance des poissons. Cela signifie que les facteurs pris en compte laissent, selon les bassins, 70 à 90% des variations de poissons sans explication causale décisive. Nous avions déjà souligné combien il est difficile de prendre en compte l’ensemble des facteurs pouvant influer la biologie et l’écologie des poissons (<a href="http://www.hydrauxois.org/2018/10/poissons-des-rivieres-les-mauvais.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">voir cet article</a>). Le second point est que la part des barrages au sein de la variance expliquée est encore plus faible, même si elle significative dans quatre bassins sur neuf. Il est logique que certains grands barrages non équipés de dispositifs de franchissement dépriment des populations de poissons de migrateurs et favorisent des espèces non migratrices, notamment adaptées aux milieux lentiques ou semi-lotiques de retenues. A l’ère anthropocène marquée par la transformation diffuse et continue des déterminants du vivant, il existe rarement une cause simple pouvant expliquer pourquoi les populations actuelles des espèces divergent de celles des époques précédentes. Enfin, on notera que les mesures faites (pour les poissons) commencent en 1990, c'est-à-dire après la construction de la plupart des barrages, et donc après que leur effet s'est exercé. Des analyses sur la plus longue durée apportent davantage d'enseignements, comme par exemple <a href="http://www.hydrauxois.org/2021/01/250-ans-devolution-des-poissons.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">le travail de Merg et al 2020</a> en France sur 250 ans d'évolution des poissons migrateurs. </div><div><br /></div><div><b>Référence </b>: Dean EM et al (2023), <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/rra.4173" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Cumulative effects of dams on migratory fishes across the conterminous United States: Regional patterns in fish responses to river network fragmentation</a>, River Research and Applications, 39, 9, 1736-1748</div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-31002528630177480782023-12-11T16:19:00.001+01:002023-12-30T16:21:28.028+01:00Les biais des hauts fonctionnaires de l’eau et de la biodiversité<p> </p><h3 class="post-title entry-title" itemprop="name" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 22px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; font-weight: normal; line-height: normal; margin: 0.75em 0px 0px; position: relative;"><b style="font-size: 13.2px;">Responsable ressources en eau, milieux aquatiques et pêche en eau douce au ministère de l’écologie, Claire-Cécile Garnier est depuis 15 ans une des pilotes de la politique de continuité écologique en France. Cette politique s’est focalisée sur la volonté de détruire des ouvrages hydrauliques (barrages, seuils, digues) et leurs milieux (retenues, étangs, biefs et canaux). Dans une vidéo récente, la haute fonctionnaire expose les raisons justifiant ces choix. Une bonne occasion d’explorer les biais cognitifs à l’œuvre même dans les têtes de la technocratie publique. Et de comprendre pourquoi la continuité écologique est devenue l’une des politiques environnementales les plus contestées sur le terrain.</b></h3><div class="post-body entry-content" id="post-body-5311905177962323490" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilfIfuL48QWuqeeb8qtPZe8vpqOXsdcC1jSbXkEhNt3Bm6GPGyJUkBGQRnmYwlFB0hvGA3GSYkjbZlLG79_nc4UwxBYpWNOpK584SQN5XLfMzJQmgey12NbLu61LmNsUP5GRq_1rvL5J3NqfeG8QDx5Yv1u1av0-nDEGuABqaOGctaDEUTAYmJ0bivjEGG/s1136/ccg_video.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="552" data-original-width="1136" height="232" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilfIfuL48QWuqeeb8qtPZe8vpqOXsdcC1jSbXkEhNt3Bm6GPGyJUkBGQRnmYwlFB0hvGA3GSYkjbZlLG79_nc4UwxBYpWNOpK584SQN5XLfMzJQmgey12NbLu61LmNsUP5GRq_1rvL5J3NqfeG8QDx5Yv1u1av0-nDEGuABqaOGctaDEUTAYmJ0bivjEGG/w482-h232/ccg_video.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="482" /></a></div><br /><div><br /></div><div>Lien vers la vidéo : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=dv08_vz6WUM" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">le vrai/faux de la continuité écologique</a></div><div><br /></div><div><b></b></div><blockquote><b><i>Ce qui n'est pas dit dans la vidéo (et cette omission est le premier problème)</i></b></blockquote><div><b><span style="color: #ffa400;">Biais de cadrage n°1 : ignorance de la dimension sociale et historique de l’eau</span></b></div><div>Le biais de cadrage consiste à parler d’un phénomène de manière partielle ou partiale car on prend soin d’évacuer les dimensions qui gênent dans le phénomène en question. Ici, la vidéo adopte une approche naturaliste : l’ouvrage hydraulique ne devrait être envisagé que par rapport à des questions écologiques, en particulier par rapport à la naturalité vue comme fonctionnement physique et biologique d’un cours d’eau sans influence humaine. Or, les cours d’eau sont aussi de constructions sociales, historiques, usagères et paysagères, les ouvrages hydrauliques en sont précisément un témoignage (voir <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/10/comprendre-les-rivieres-comme-artefacts.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;">Edgeworth 2011</a>, <a href="http://www.hydrauxois.org/2020/09/lopposition-nature-societe-comme-erreur.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Linton et Krueger 2020</a>). Plusieurs livres universitaires ont constaté la négligence de la diversité des enjeux et de l'écoute des riverains (<a href="https://www.quae.com/produit/1464/9782759226832/demanteler-les-barrages-pour-restaurer-les-cours-d-eau" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Barraud et Germaine 2017</a>, <a href="http://www.hydrauxois.org/2020/05/des-scientifiques-redigent-un-livre.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Bravard et Lévêque 2020</a>). En évacuant ce sujet, et en évacuant du même coup tout ce que les riverains pensent des rivières aménagées où ils vivent, on rend invisible un pan entier de la réalité. Ce qui n’existe pas dans l’esprit du haut fonctionnaire et des clientèles qui accomplissent sa politique ne mérite finalement pas d’exister dans la réalité. Du coup évidement, on prive le citoyen de divers apports de l’archéologie, de l’histoire, de la géographie, de sociologie, de la politologie, de l’économie, du droit ou de l’anthropologie. On prive aussi le citoyen de la possibilité de donner un avis sur les ouvrages qui ne soit pas dicté par l’obligation naturaliste de n’en parler qu’à travers des impacts sur ceci ou cela. </div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Biais de cadrage n°2 : ignorance des aspects écologiques positifs des milieux, fonctions, services liés aux ouvrages hydrauliques</span></b></div><div>Autre biais de cadrage dans cette vidéo : ne surtout pas parler des travaux qui attestent que les milieux créés par les ouvrages hydrauliques (retenues, étangs, lacs, biefs, canaux, etc.) ont aussi des avantages selon des critères écologiques (ceux retenus comme seul prisme de l’explication). Pourtant, un passage en revue de la littérature scientifique a par exemple montré que les petits plans d’eau assurent jusqu’à 39 services écosystémiques (<a href="http://www.hydrauxois.org/2020/09/les-lacs-et-plans-deau-peu-profonds.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Janssen et al 2020</a>). Il est de tout même incroyable de parler du sujet aux citoyens sans être capable de citer un seul de ces services (épuration de l’eau, îlot de fraîcheur, havre de biodiversité, agréments divers en lien à la nature, etc.) ! En outre, les habitats aquatiques et humides d’origine anthropique accueillent aussi de la biodiversité, dont l’étude est très négligée : voir par exemple pour des analyses multi-sites <a href="http://www.hydrauxois.org/2018/02/les-masses-deau-dorigine-anthropique.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Chester et Robson 2013</a> ou <a href="http://www.hydrauxois.org/2021/06/les-plans-deau-dorigine-humaine-un.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Zamora-Marin et al 2021</a>, pour des compartiments particuliers de la faune <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/11/les-habitats-aquatiques-humains-et-la.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Sousa et al 2021</a> sur les moules d’eau douce, <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/08/les-plans-deau-dorigine-humaine.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Kolar et al 2021</a> sur les libellules, <a href="http://www.hydrauxois.org/2021/03/la-diversite-vegetale-des-plans-deau.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Labat et al 2021</a> sur les végétaux. A nouveau, tout cela est nié, gommé, invisibilisé : quand on défend un dogme, on tait ce qui le contredit.</div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Biais de cadrage n°3 : ignorance du « schéma global » de l’Anthropocène</span></b></div><div>L’économie générale du discours sur les ouvrages hydrauliques consiste à focaliser l’attention sur des effets locaux (ils ralentissent et réchauffent un peu l’eau, ils modifient les assemblages du vivant, etc.) et à laisser entendre que ces altérations au sens propre (c’est-à-dire ces créations d’un autre état écologique local de la rivière) sont très importantes. Mais en fait, la recherche scientifique montre qu’à l’âge anthropocène (âge de l’influence humaine majeure sur l’environnement), tous les paramètres qualitatifs et quantitatifs de l’eau, des sédiments et des populations associées sont fortement modifiés. On peut lire par exemple des études sur les poissons d’eau douce (<a href="http://www.hydrauxois.org/2021/02/la-biodiversite-des-poissons-deau-douce.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Su et al 2021</a>), sur le cycle des sédiments (<a href="http://www.hydrauxois.org/2022/09/comment-le-cycle-des-sediments-est.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Syvitski et al 2022</a>) et les dynamiques sédimentaires (<a href="http://www.hydrauxois.org/2017/04/quelques-millenaires-de-dynamique.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Verstraeten et al 2017</a>), sur les zones humides (<a href="http://www.hydrauxois.org/2023/03/le-declin-des-zones-humides-depuis-1700.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Fluet-Chouinard et al 2023</a>), sur l’histoire longue des modification de rivières et fleuves à échelle millénaire (<a href="http://www.hydrauxois.org/2018/04/des-rivieres-naturelles-aux-rivieres.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Brown et al 2018</a>). Des chercheurs ont souligné que les plans d'eau sont absents de la nomenclature administrative alors qu'ils représentent sans doute en France un demi-million de biotopes, pour la plupart créés par les humains (<a href="http://www.hydrauxois.org/2020/06/linterpretation-francaise-de-la.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Touchart et Bartout 2020</a>). Les ouvrages hydrauliques anciens ne représentent qu’un élément dans ce flux continu de modification du fonctionnement des bassins versants. Ils sont sans commune mesure avec les effets très récents (à échelle historique et géologique) de la mécanisation et des travaux mécanisés en lit majeur / mineur, des pollutions par produits de synthèse, des hausses de prélèvements liées au boom démographique et à la croissance économique</div><div><br /></div><div><i><blockquote><b>Citation : « Les altérations physiques à cette continuité, obstacles à l'écoulement seuil, barrage endiguement les rectifications sont avec les pollutions diffuses, la pression principale responsable du mauvais état des cours d'eau. »</b></blockquote></i></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Biais de focale : ignorance du poids relatif des altérations de l’eau</span></b></div><div>Cette citation laisse penser que l’obstacle à l’écoulement est un facteur de dégradation de la qualité chimique et biologique de l’eau aussi important que la pollution. Il n’en est rien. Du propre aveu des indicateurs actuellement utilisés pour mesurer la qualité (de l’eau (dont il faudrait discuter par ailleurs la validité), les obstacles à l’écoulement ont un rôle très faible par rapport aux pollutions et aux occupations du sol des bassins versants. C’est ce qui ressort des études quantitatives ayant pris soin de comparer des rivières pour pondérer chaque impact : voir par exemple <a href="http://www.hydrauxois.org/2015/10/idee-recue-02-les-seuils-et-barrages.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">cette synthèse</a>, ou encore <a href="http://www.hydrauxois.org/2015/02/densite-de-barrages-en-rivieres-13e.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Villeneuve et al 2015</a>, <a href="http://www.hydrauxois.org/2016/01/faible-impact-des-barrages-sur-les.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Cooper 2016</a>, <a href="http://www.hydrauxois.org/2017/07/faible-effet-des-barrages-par-rapport.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Lemm et Feld 2017</a>, <a href="http://www.hydrauxois.org/2021/04/quels-facteurs-de-stress-expliquent-les.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Lemm et al 2021</a>. On trompe le public et on détourne l'attention à laisser croire que l’eau s’est beaucoup dégradée à cause de ces obstacles. </div><div><br /></div><div><i><blockquote><b>Citation: « Il est vrai que de nombreux ouvrages en rivière, comme les seuils de moulins à eau, ont été construits il y a plusieurs centaines d'années. En revanche, il est faux de dire qu'ils n'ont jamais eu d'impact sur la biodiversité. Selon une étude scientifique de 2016, la généralisation à partir du 11e siècle des Moulins à roues verticales en Europe a causé un premier effondrement des populations de saumon. »</b></blockquote></i></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Biais de halo : une étude devient une généralité</span></b></div><div>En science d’expérimentation et d’observation, une étude isolée n’a jamais fait une connaissance solide. Il faut que cette étude soit répliquée plusieurs fois. La publication citée a été commentée sur notre site (voir <a href="http://www.hydrauxois.org/2016/11/les-moulins-auraient-ils-fait.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Lenders et al 2016</a>), et nous avons formalisé des objections sur les sources françaises, où les auteurs ne distinguent pas le poids de la morphologie et le poids des pêcheries dans la raréfaction locale du saumon. Par ailleurs, une autre recherche en histoire environnementale ne valide pas l'idée d'un déclin des poissons d'eau douce comme cause de changement des régimes alimentaires, mais plutôt l'arrivée de produits des pêches océaniques (<a href="http://www.hydrauxois.org/2018/04/des-poissons-deau-douce-aux-poissons.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Orton et al 2017</a>). D’autres travaux sur les migrateurs français ont montré que ceux-ci restaient globalement attestés jusqu’aux sources des grands bassins versant à la fin du 18e siècle, quand l’essentiel du patrimoine historique des moulins, forges, étangs était présent, voir <a href="http://www.hydrauxois.org/2021/01/250-ans-devolution-des-poissons.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Merg et al 2020</a>. Cela étant dit, il est évident que la biodiversité d’un cours d’eau va évoluer selon que ce cours est barré ou non. Même des barrages (tout à fait naturels) de castors produisent une cascade d’effets physiques, chimiques, biologiques, ce qui conduit d'ailleurs des chercheurs à admettre qu'il faut repenser l'idée de continuum fluvial (<a href="http://www.hydrauxois.org/2023/05/le-retour-des-castors-oblige-repenser.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Larsen et al 2021</a>). La biodiversité évolue, avoir une approche <a href="http://www.hydrauxois.org/2017/08/la-conservation-de-la-biodiversite-est.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">fixiste</a> ou espérer retrouver les mêmes profils du vivant que voici 5 siècles ou 5 millénaires n’a aucun sens. </div><div><br /></div><div><i><blockquote><b>Citation : « [La continuité] C'est aussi ce qui permet des inondations dans le lit majeur qui vont recharger les zones humides, les sols et les nappes souterraines, qui vont éroder les terres et amener des matériaux à la rivière. » / « Au contraire, les seuils aggravent plutôt localement les inondations parce qu'ils rehaussent la ligne d'eau en permanence et facilitent ainsi les débordements en amont. »</b></blockquote></i></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Biais de contradiction : une qualité devient un défaut quand il faut justifier le dogme…</span></b></div><div>Quand il s’agit de vanter les bienfaits de la continuité écologique, Claire-Cécile Garnier explique que celle-ci se traduit par des inondations et débordements qui remplissent d’eau les nappes et les sols. Quand il s’agit de vanter la destruction des ouvrages en rivières, la même explique que ceux-ci tendent à provoquer des inondations et débordements en amont, ce qui cette fois devient un problème ! Ce raisonnement ad hoc où des acrobaties intellectuelles justifient une chose et son contraire est le signe assez fiable d’une idéologie sous-jacente qui fait feu de tout bois pour asséner ses croyances. </div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">En conclusion</span></b><br />Nous pourrions reprendre chaque phrase ou presque de la vidéo pour la nuancer, préciser ou parfois contredire. La lecture de notre rubrique <a href="http://www.hydrauxois.org/search/label/Id%C3%A9es%20re%C3%A7ues" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">idées reçues</a> ou de notre rubrique <a href="http://www.hydrauxois.org/search/label/Science" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">science</a> permettra aux lecteurs intéressés de comprendre pourquoi. Ce n'est probablement pas très utile : le personnel public qui s'est engagé dans la mise en oeuvre de la continuité écologique sous sa dimension destructrice des ouvrages et milieux anthropisés connaît ces arguments, mais préfère les ignorer ou les nier. Pour que cette politique change vraiment, il faudra probablement attendre le poids des réalités (besoins de la transition énergétique, nécessités de l'adaptation climatique, réponses aux événements extrêmes sécheresses, feux de forêt et crues) ainsi que le renouvellement d'une génération de décideurs et experts qui a mal posé le problème, mais peine à la reconnaitre. </div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-7794765661897764632023-12-03T16:22:00.001+01:002023-12-30T16:22:34.146+01:00Ecologie, évolution et étude des socio-écosystèmes hybrides<p> </p><h3 class="post-title entry-title" itemprop="name" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 22px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; font-weight: normal; line-height: normal; margin: 0.75em 0px 0px; position: relative;"><b style="font-size: 13.2px;">Dans son dernier exercice de prospective scientifique sur l'écologie et l'environnement, le CNRS souligne parmi les pistes de recherche à soutenir l'analyse des écosystèmes créés par les humains, afin de mieux comprendre les interactions rapides entre évolution et écologie. Une préconisation qui devrait concerner au premier chef le grand orphelin des travaux sur l'eau en France, à savoir le riche réseau des milieux aquatiques anthropisés (mares, étangs, fossés, biefs, canaux, retenues, lacs), à ce jour souvent considéré par le gestionnaire public comme sans intérêt car de toute façon "dégradé" par rapport à un milieu "naturel" sans humain. Cette cécité, assez absurde étant donné l'importance de ces milieux sur tous les territoires, nous prive de connaissances et de pratiques utiles pour une meilleure gestion des environnements hybrides formant la réalité des bassins versants. </b></h3><div class="post-body entry-content" id="post-body-4537062274696218802" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjS0H7uzvPxeFqdXLJgEe3CoQNgYjKKr3sRBZRhaqWE1tynH2rBq9tz0wERN01LJqxyZgJJeSS3pTbHggyT0-pnecbg2aiL-6glhb7durVxUDCYb8lu70qyshKOkwXehaKyGoUV6AQNYXDNEp-FChB4JLbYxh3tl3zCW8TybRtdA5g1LpPrrsPAXluNO10/s1130/anthropo_hydro_system.png" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="707" data-original-width="1130" height="306" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjS0H7uzvPxeFqdXLJgEe3CoQNgYjKKr3sRBZRhaqWE1tynH2rBq9tz0wERN01LJqxyZgJJeSS3pTbHggyT0-pnecbg2aiL-6glhb7durVxUDCYb8lu70qyshKOkwXehaKyGoUV6AQNYXDNEp-FChB4JLbYxh3tl3zCW8TybRtdA5g1LpPrrsPAXluNO10/w489-h306/anthropo_hydro_system.png" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="489" /></a></div><br /><div>Tous les quatre ans, CNRS Écologie & Environnement organise des journées de réflexion commune, avec sa communauté scientifique, afin de présenter les grandes avancées des recherches menées au sein de ses laboratoires et d'identifier les nouvelles disciplines et thématiques à soutenir dans les cinq années à venir. La synthèse du dernier exercice vient de paraître (lien en bas d'article). </div><div><br /></div><div>Nous publions un extrait d'un des chapitres de cette prospective (dédié à la nécessité de rapprocher davantage écologie et évolution), prenant comme exemple l'analyse des milieux créés par les humains comme source d'éco-évolution rapide. </div><div><br /></div><div style="text-align: center;"><b><span style="font-size: medium;">Applications de l’éco-évolution aux environnements anthropisés</span></b></div><div style="text-align: center;"><br /></div><div>Les systèmes anthropisés peuvent représenter des modèles d’étude pertinents pour comprendre les interactions éco-évolutives rapides sous forte pression environnementale, et donc fortes pressions de sélection (...). En effet, leur dynamique se fait à l’échelle de quelques (à quelques dizaines de) générations, ce qui permet de les suivre « en temps réel », avec des caractéristiques communes et un grand nombre de réplicas. En outre, ils offrent des contextes suffisamment différents pour mener des études comparatives. Trois cas d’étude ont été discutés au cours de l’atelier : la domestication et culture d’espèces sauvages, les invasions biologiques et les milieux artificiels ou urbanisés.</div><div> </div><div><span style="color: #ffa400;"><b>Cas d’étude</b></span></div><div><br /></div><div>Dans le premier cas, le principal processus évolutif est la domestication impliquant souvent une forte sélection sur quelques traits d’intérêt comme le taux de croissance ou la biomasse produite. La sélection est soit centrée sur la production de lignées ou cultivars, soit relâchée (dite « inconsciente »), basée sur la sélection de géniteurs en fonction de leur phénotype lors de leur mise en culture. D’autres forces évolutives peuvent jouer comme les flux de gènes entre populations cultivées et sauvages, ou l’évolution des souches de pathogènes dans les fermes et élevages. Les populations cultivées vont affecter les caractéristiques physico-chimiques de l’environnement ou les chaînes trophiques, mais peuvent aussi constituer des réservoirs importants de maladies. Dans ce contexte, les interactions éco-évolutives concernent notamment le rôle de la diversité génétique et des traits phénotypiques sélectionnés des populations cultivées sur la diversité du microbiome associé, et sur la diversité de ses fonctions (ex. cycles biogéochimiques au sein des cultures et habitats naturels voisins).</div><div><br /></div><div>Le deuxième cas d’étude concerne les invasions biologiques. Sur le court terme, de fortes pressions de sélection peuvent s’exercer sur les espèces exotiques envahissantes pour tout ce qui touche à leur dispersion et à la compétition dans les communautés réceptrices, impliquant des effets fondateurs ou de « allele surfing », dépendant en particulier de la pression de propagules dispersantes. Les caractéristiques génétiques de la population introduite peuvent moduler l’effet sur l’écosystème, tandis que les caractéristiques de l’écosystème récepteur peuvent affecter la performance de la population introduite. Sur le long terme, les changements sont plus complexes, avec différents scénarios possibles comme l’émergence de l’atténuation de ces effets après la phase initiale (par exemple, des extinctions de populations bien installées). Les processus sous-jacents peuvent être multiples, comme des changements démographiques endogènes qui modifient l’intensité de la compétition ou des modifications des communautés locales ou des réorganisations des réseaux trophiques. Un enjeu considérable est alors de capter la complexité des rétroactions éco-évolutives, tant sur le plan fondamental que pour la gestion des impacts des espèces introduites (pour éviter d’aboutir à des conséquences plutôt négatives, ou en tout cas mal contrôlées).</div><div> </div><div>De manière analogue aux invasions biologiques, les milieux urbanisés ou artificialisés constituent des modèles intéressants pour l’étude des interactions éco-évolutives, parce qu’il s’y exerce de très fortes pressions de sélection dans des gradients environnementaux forts. De nombreuses études ont documenté des changements de traits d’histoire de vie (ex. comportements, reproduction, alimentation), des adaptations spécifiques et des processus de rétroactions éco-évolutives dans ces habitats particuliers (par ex., des boucles démo-environnementales positives conduisant à des explosions de populations et de nouvelles adaptations spécifiques aux milieux anthropisés). Se pose aussi la question de l’influence de ces milieux sur les populations et communautés présentes dans les écosystèmes plus « naturels » avoisinants, par exemple via des processus de maladaptation génétique induits par des flux de gènes asymétriques, depuis les milieux anthropisés.</div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Enjeux et perspectives</span></b></div><div><br /></div><div>Ces cas d’étude interrogent sur la construction de nouveaux écosystèmes, ou d’écosystèmes hybrides comprenant une proportion importante d’espèces ou de génotypes, importés ou modifiés par les activités humaines, dans lesquels de nouveaux réseaux d’interactions interspécifiques se créent. Par exemple, quelle sera leur résilience vis-à-vis de perturbations, quels services écosystémiques maintenus ou nouveaux pourront-ils fournir, ou encore, quelles adaptations particulières peuvent émerger et avec quelles rétroactions sur les dynamiques des populations et des communautés qui les occupent ?</div><div><br /></div><div>Les systèmes anthropisés conduisent donc à de nouveaux écosystèmes, incluant des espèces/ communautés qui peuvent être largement modifiées par les activités humaines. Cela pose de nombreuses questions éco-évolutives, en particulier pour ce qui concerne la résilience de ces systèmes ou les services écosystémiques rendus, et donc plus généralement des propriétés qui peuvent émerger de l’anthropisation. Au-delà des cas d’études considérés ci-dessus, il semble important d’identifier ces propriétés de manière générique, et de croiser les facteurs d’anthropisation. Cela paraît critique si l’on souhaite développer une bonne capacité de prédiction et d’intervention (ou de laisser-faire). Il est donc nécessaire d’inclure une vision éco-évolutive dans le domaine des « solutions fondées sur la nature » ou d’ingénierie écologique, de façon à renforcer la durabilité des solutions mises en place comme réponses à l’anthropisation. Une approche socio-écosystémique devient alors plus que nécessaire, et donc un recours à des approches d'intérêt transdisciplinaires. Un point de vigilance doit être soulevé : cette gestion de l’anthropisation attire naturellement des financements, en particulier liés aux politiques publiques, soutenant des projets qui peuvent vite être très finalisés et ne permettant alors pas d’aborder suffisamment les questions de dynamiques éco-évolutives plus éloignées des objectifs des financeurs.</div><div><br /></div><div><b>Source </b>: CNRS, <a href="https://www.inee.cnrs.fr/fr/prospectives-cnrs-ecologie-environnement-2023" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Prospectives CNRS Écologie & Environnement 2023</a>, 292 pages </div><div><br /></div><div><div><b><span style="color: #ffa400;">A lire en complément</span></b></div><div><a href="http://www.hydrauxois.org/2017/08/la-conservation-de-la-biodiversite-est.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">La conservation de la biodiversité est-elle une démarche fixiste? (Alexandre et al 2017)</a> </div><div><a href="http://www.hydrauxois.org/2020/09/le-mouvement-de-la-nouvelle.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Le mouvement de la nouvelle conservation veut changer les politiques de biodiversité </a></div></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-69877259105702400722023-11-29T09:20:00.001+01:002023-11-29T09:22:12.237+01:00Évaluation du risque érosion et coulée de boue sur le territoire de l’EPAGE Sequana en Côte-d’Or<p> <span face="Roboto-Regular, sans-serif" style="background-color: white; font-family: arial; font-size: medium;">L’érosion hydrique des sols, qui favorise le transfert de terre arable des parcelles agricoles vers les masses d’eau réceptrices à l’aval, intervient généralement suite à des décennies de modifications des paysages ruraux. Les effets en sont multiples : diminution de la fertilité des sols, dégradation de l’environnement (biodiversité, qualité des eaux…) et mise en péril des personnes et des biens lorsque des coulées de boues surviennent. Ce phénomène, désormais récurrent sur le territoire de l’EPAGE SEQUANA l’a conduit à solliciter le BRGM pour cartographier l’aléa érosion et coulée de boue sur son territoire.</span></p><p><span face="Roboto-Regular, sans-serif" style="background-color: white;">(Source BRGM)</span></p><p><span face="Roboto-Regular, sans-serif" style="background-color: white; color: #878787; font-size: 25.6px;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEipjE4SpOgMck-hw_HvpAL6OPxFykyekyeWt1UkrR7SGIoDImFLFAs1jtnAYnXl_8KknvcceHHNX64jSxfD2qVgxDDD2fI48QNY8JO56YVkqazhfqUXePzvzkGn-E8xuxRTx0zdcWmr1PIpuCK6YzCAd3FF0Ze3QVxttROe2odICQUox7I8e--n--dUWLMo" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="1040" data-original-width="780" height="551" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEipjE4SpOgMck-hw_HvpAL6OPxFykyekyeWt1UkrR7SGIoDImFLFAs1jtnAYnXl_8KknvcceHHNX64jSxfD2qVgxDDD2fI48QNY8JO56YVkqazhfqUXePzvzkGn-E8xuxRTx0zdcWmr1PIpuCK6YzCAd3FF0Ze3QVxttROe2odICQUox7I8e--n--dUWLMo=w413-h551" width="413" /></a></div><br /><p></p><div class="media-legend" style="background-color: white; box-sizing: inherit; font-family: Roboto-Bold, sans-serif; font-size: 1.125em; line-height: 1.5em; margin-bottom: 0.625rem;"><p style="box-sizing: inherit; margin: 0px;">Coulée de boue et dégradation du réseau routier (Quemigny-sur-Seine, 2020).</p></div><div class="media-credits" style="background-color: white; box-sizing: inherit; color: #878787; font-family: Roboto-Regular, sans-serif; font-size: 16px;"><p style="box-sizing: inherit; margin: 0px 0px 1.75rem;"> © EPAGE SEQUANA</p><p style="box-sizing: inherit; margin: 0px 0px 1.75rem;"><br /></p></div><p style="background-color: white; box-sizing: inherit; font-size: 16px; margin: 0px 0px 1.75rem;"><span style="font-family: Roboto-Regular, sans-serif;"> </span><span style="font-family: arial;">Les résultats de cette modélisation ont montré que :</span></p><ul style="background-color: white; box-sizing: inherit; font-size: 16px; list-style: none; margin: 0px 0px 1.5625rem; padding: 0px;"><li style="box-sizing: inherit; list-style: none; margin: 0px 0px 0.5em; padding: 0px 0px 0px 0.9375rem; position: relative;"><span style="font-family: arial;">L’érosion des sols survient principalement à l’automne et au printemps, lorsque le sol est faiblement couvert et l’érosivité des pluies importante ; </span></li><li style="box-sizing: inherit; list-style: none; margin: 0px 0px 0.5em; padding: 0px 0px 0px 0.9375rem; position: relative;"><span style="font-family: arial;">La Seine amont est le cours d’eau le plus vulnérable à l’aléa érosion et coulée de boue, plusieurs de ses sous-bassins présentant ainsi un aléa moyen à fort ;</span></li><li style="box-sizing: inherit; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px 0px 0px 0.9375rem; position: relative;"><span style="font-family: arial;">Certaines communes et certains cours d’eau seraient plus particulièrement exposés à l’érosion et aux coulées de boues en cas de</span><span style="font-family: Roboto-Regular, sans-serif;"> changement d’occupation des sols (retournement de prairies notamment).</span></li></ul><h3 style="text-align: left;"><span face="Roboto-Regular, sans-serif"><a href="https://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-70686-FR.pdf">Lien pour l'évaluation du risque</a></span></h3><div></div><p><span face="Roboto-Regular, sans-serif" style="background-color: white; color: #878787;"><a href="https://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-71289-FR.pdf"><span style="font-size: medium;"><b>Lien pour le rapport final</b></span></a><br /></span></p>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-9162450048302071682023-11-10T20:59:00.001+01:002023-11-15T21:00:57.327+01:00Cinq scientifiques défendent le rôle bénéfique des petites retenues d'eau et appellent à le reconnaître<p> <b style="font-size: 13.2px;">En France, et en Europe, une politique publique a valorisé l'assèchement des petites retenues d'eau au nom de la continuité en long: des milliers de réservoirs et biefs associés à des moulins et étangs anciens ont déjà été détruits. Une collectif pluridisciplinaire de scientifiques souligne les limites et carences de ce choix à l'heure où la gestion et régulation de l'eau comme la préservation de milieux pour la biodiversité aquatique sont un enjeu critique.</b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-8937115593088140507" itemprop="articleBody" style="font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><b><br /></b></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi2wloax4A4oaPW2cJFZrwmuQ6oeBpfYr3WmRjVGhiht6D5L3ZDwoaXB3hMt0HPqnR8N4LSzbKPxhZvuxTNxwlqziBSrxfL1gdYNXl9Zz9EfGYUa_C_V6etiZYxZMvZXF7YxoUchweAoZz8qWkSYcKFEoF3d86AVXJFuPek7jq_xbv75KED9IC-ddYFYYW/s1101/drought_removal_dam.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="638" data-original-width="1101" height="302" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi2wloax4A4oaPW2cJFZrwmuQ6oeBpfYr3WmRjVGhiht6D5L3ZDwoaXB3hMt0HPqnR8N4LSzbKPxhZvuxTNxwlqziBSrxfL1gdYNXl9Zz9EfGYUa_C_V6etiZYxZMvZXF7YxoUchweAoZz8qWkSYcKFEoF3d86AVXJFuPek7jq_xbv75KED9IC-ddYFYYW/w522-h302/drought_removal_dam.PNG" style="background: rgb(255, 255, 255); border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="522" /></a></div><br /><b><br /></b></div><div><br /></div><div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><b><span style="color: #ffa400;">Préservation de la ressource en eau, protection des zones humides et de la biodiversité : </span></b><b><span style="color: #ffa400;">le rôle des petites retenues d’eau en France </span></b></span></div><div style="text-align: center;"><b><span style="font-size: medium;"> </span></b></div><div style="text-align: center;"><b><span style="font-size: medium;">Avis de scientifiques français - octobre 2023 </span></b></div><div> </div><div><b><span style="color: #ffa400;">Introduction</span></b></div><div><br /></div><div>Ces 10 à 15 dernières années plusieurs milliers de retenues d’eau ont été détruites en France dans le cadre de la politique de « restauration de la continuité écologique ». Ces retenues sont des petits seuils de moulins et certaines digues d’étangs, installés en grand nombre et de longue date sur notre territoire. </div><div> </div><div>Cette politique a fait l’objet du vote d’un article 49 dans le cadre de la loi « climat résilience face aux effets du dérèglement climatique » visant à proscrire cette pratique en raison de ces conséquences préjudiciables à nos ressources en eaux et aux milieux naturels. </div><div> </div><div>Si l’édification d’importants barrages dès le XIXème siècle en France a provoqué la disparition documentée du saumon, tel n’est pas le cas de ces petits barrages traditionnels qui apparaissent aujourd’hui indispensables à la préservation des eaux et au maintien d’habitats aquatiques propres à la vie en particulier lors des périodes subissant des sécheresses, lesquelles ont tendance à s’accentuer depuis quelques années. </div><div> </div><div>Les éléments décrits ci-après que nous avons voulu le plus synthétique possible reposent sur nos propres travaux, direction de thèses, rédaction d’ouvrages incluant la relecture de plusieurs centaines d’études scientifiques françaises et internationales consacrées aux eaux, aux rivières et à leur aménagement. </div><div> </div><div><b><span style="color: #ffa400;">1- Un climat à la saisonnalité accrue : crues hivernales, assecs estivaux </span></b></div><div><br /></div><div>La pluviométrie sur le territoire français est globalement stable mais irrégulière à l’échelle interannuelle et en fonction des régions. Les précipitations hivernales sont étalées sur une saison « froide » plus courte alors qu’augmente la durée de la sécheresse de saison chaude. </div><div> </div><div>La sécheresse caractérise les sols, les nappes souterraines et les écoulements de surface ; l’été 2023 a montré que, dans le Sud-Est de la France, des précipitations orageuses localement supérieures à 50 et même à 100 mm sont incapables de recharger les nappes en raison de la sècheresse des sols et de de la consommation des eaux par le couvert de la végétation et son système racinaire. </div><div> </div><div>Il s’ensuit que le débit des sources n’augmente pas, même après de fortes pluies et que le débit des rivières demeure pendant de longs mois celui de l’étiage. </div><div><br /></div><div>En d’autres termes, la recharge des nappes et l’augmentation des débits fluviaux sont limités dans l’espace et éphémères. La traditionnelle saison de recharge de saison froide reste efficace mais sa durée se réduit. Sur les cours d’eau, en particulier en tête de bassin, l’écart entre le débit journalier le plus faible (fin août) et le plus important (mi-janvier) est fréquemment de 1 à 20 voire de 1 à 100. Aux forts débits hivernaux succèdent parfois des assecs estivaux quand le niveau de l’eau a été abaissé par des travaux d’arasement de seuils. </div><div> </div><div>Dans cette perspective, la présence de milliers de petites retenues qui ont la fonction de stocker d’importants volumes d’eau dans les rivières mais plus encore dans la nappe alluviale vont nous faire gravement défaut en période de réchauffement climatique. Ces petits ouvrages, en ralentissant la vitesse des eaux et en favorisant les débordements réguliers dans le lit majeur, jouent le rôle d’atténuateur de crues et favorisent la recharge hivernale des nappes alluviales connues pour restituer une partie de leurs eaux fraîches en période estivale. Notons que dans les régions de basse altitude au substrat imperméable, la seule possibilité de conserver l’eau durant la période déficitaire a toujours été la création de petites retenues, ceci étant attesté depuis plus de 10 siècles, quel que soit le lieu en Europe. </div><div> </div><div>Ce constat a de longue date été pris en compte sur la façade méditerranéenne de la France. Les retenues sont officiellement préservées sur un fleuve côtier, le Vidourle. Une étude recommandant la protection des retenues (Bernot et al., 1996) est toujours d’actualité car ces retenues tiennent la nappe, sont des refuges pour la faune et préservent la ripisylve. Au printemps 2023, un autre fleuve côtier, l’Hérault n’avait pas eu de crue d’hiver et la faune résistait grâce aux seules retenues. Dans la péninsule ibérique, l’assèchement des cours d’eau est si grave que des modèles prédisent la contraction de l’aire couverte par diverses espèces de moule d’eau douce. Des études scientifiques menées à l’échelle de l’Europe ont montré la gravité de la sécheresse chronique qui rend des cours d’eau éphémères ou intermittents alors qu’ils avaient de l’eau en permanence ; une partie de la faune souffre, s’appauvrit et est menacée d’extinction par l’effet du manque d’eau. Le problème est une préoccupation européenne. </div><div> </div><div>Dans ce contexte, stocker les eaux par l’intermédiaire de petites retenues artificielles devrait être une priorité des gestionnaires. Les scientifiques devraient être sollicités pour améliorer la connaissance actuelle portant sur le rôle positif des petites retenues fluviales et notamment la protection contre l’intermittence des eaux lors des sècheresses. La science évolue, s’adapte à de nouvelles réalités et la gestion doit faire de même. </div><div> </div><div> </div><div><b><span style="color: #ffa400;">2- Des cours d’eau européens fragmentés pendant des millions d’années par des embâcles et des barrages de castors </span></b></div><div><br /></div><div>Le cours des rivières naturelles ou « sauvages », était autrefois fait de chenaux plus ou moins anastomosés délimitant entre eux de nombreux îlots. Dans les rivières de plaines la cote du fil de l’eau était proche de la surface de la plaine inondable. Le lit était encombré d’obstacles constitués d’embâcles causés par des chutes d’arbres mais également, fait notable, d’innombrables barrages de castors en particulier sur les têtes de bassin. </div><div> </div><div>Ces derniers ont fait l’objet de nombreuses études scientifiques outre-Atlantique mais également en Europe à la suite de sa réintroduction (notamment de l’Université d’Exeter en Angleterre). Ils ont des effets positifs à très positifs à la fois sur la recharge des nappes, sur l’atténuation des crues « éclairs », sur la qualité de l’eau mais également sur la biodiversité aquatique ainsi que sur les écosystèmes associés (insectes, batraciens, mammifères, oiseaux). Ils permettent en particulier lors des saisons sèches, de conserver des volumes d’eau importants dans les rivières et dans les nappes superficielles (nappes alluviales). </div><div> </div><div>La fragmentation par de petits barrages (nous insistons sur la taille de ces obstacles) anciennement de castors, puis de moulins ou d’étangs est donc une constante de l’histoire des rivières de l’hémisphère nord, largement profitable aux milieux aquatiques, qui répondent à la saisonnalité marquée des pluies et des débits. </div><div> </div><div><b><span style="color: #ffa400;">3- Le cas français </span></b></div><div><br /></div><div>La politique de continuité écologique des cours d’eau en France, qui s’est manifestée par des campagnes d’arasement de ces petits barrages anciens s’est traduite par une baisse sensible du niveau d’eau à l’amont des ouvrages concernés. Les effets de ces travaux, combinés à ceux des surcreusements opérés en période de crue en raison de l’accroissement de la force érosive ont conduit à sensiblement abaisser le fil de l’eau et consécutivement le niveau de la nappe alluviale (de 1 à 2 m). </div><div> </div><div>A l’occasion de la nouvelle sècheresse qu’a connue la France en 2022, de nombreux articles de presse ont relaté que des rivières sur lesquelles ont été détruites ces retenues anciennes, ont connu des situations d’assec partiel, voire complet, entrainant avec elles la disparition des milieux aquatiques. Là où elles ont été conservées, la biodiversité aquatique a pu trouver refuge sur les linéaires d’eau préservés par ces retenues. </div><div> </div><div><b><span style="color: #ffa400;">4- La continuité hydraulique au service des continuités longitudinales et latérales : le rôle clé de la cote du fil de l’eau </span></b></div><div><br /></div><div>Le rôle des nappes alluviales, ou nappes d’accompagnement, a de tout temps été primordial dans le maintien du débit des rivières de plaines. Ainsi que l’a modélisé Henry Darcy en 1850, la recherche permanente d’un équilibre piézométrique, calé sur la cote du fil de l’eau, est une caractéristique dominante des relations entre nappes et rivières. En raison de la faible vitesse de circulation de l’eau dans les sédiments cet équilibre ne peut s’opérer que si la nappe alluviale est correctement rechargée chaque hiver par débordement des eaux de la rivière. </div><div> </div><div>En période d’étiage, les eaux de la nappe alluviale s’écoulent vers la rivière et viennent en complément des apports de la nappe de versant. La nappe d’accompagnement, en restituant à la rivière et à la nappe sous-jacente une partie de l’eau emmagasinée lors des pluies d’automne et d’hiver, joue donc un rôle majeur dans le soutien du débit de la rivière même en l’absence de pluie pendant plusieurs semaines et favorise ainsi la continuité hydraulique. </div><div> </div><div>Une baisse du niveau d’eau dans la rivière de 1 mètre, à raison d’une porosité des sédiments de 25%, provoquera au bout de quelques années une perte de l’ordre de 250 000 m3 d’eau par km2 de plaine alluviale. </div><div> </div><div>Rétablir la continuité longitudinale en détruisant un seuil a pour effet immédiat d’abaisser le niveau d’eau du cours principal et de vidanger progressivement la nappe alluviale. Cette baisse du niveau de l’eau et de la nappe met ainsi en péril la continuité latérale par assèchement progressif des annexes hydrauliques (fossés, biefs) ainsi que des zones humides connexes. </div><div> </div><div>En outre, ces destructions aggravent, voire provoquent, des situations d’assecs lors des épisodes à forts déficits pluviométriques et mettent bien souvent en cause la continuité longitudinale sur des tronçons de rivières qui n’avaient jusqu’alors jamais connu de telles situations. </div><div> </div><div>Ainsi la présence de petites retenues le long des cours d’eau de l’hémisphère nord favorise la continuité hydraulique (permanence des eaux dans la rivière), la continuité latérale et la continuité longitudinale. </div><div> </div><div>Chaque année, en février, sont célébrées les zones humides partout en Europe. A cette occasion, il est important de pointer du doigt toutes les actions concourant à la baisse du niveau de la nappe alluviale dont les conséquences seront néfastes pour les zones humides de bordure, la biodiversité et la ressource en eau. </div><div> </div><div><b><span style="color: #ffa400;">5- Qualité de l’eau et retenues d’eau </span></b></div><div><br /></div><div>L’unanimité des études scientifiques françaises et internationales mettent en exergue le processus de dénitrification qui se produit dans les eaux fluviales ralenties et d’autre part dans la nappe alluviale grâce à la végétation riveraine. Dans ce dernier cas tout abaissement de la nappe a des répercussions négatives sur les prélèvements de nitrates assurés par cette végétation. </div><div> </div><div>Le ralentissement de l’écoulement des eaux dans les rivières en raison de la présence de petits seuils, joue à cet égard un rôle de dépollution, processus que ne permettent pas les eaux «vives». </div><div><br /></div><div>Dès lors, la destruction des petites retenues traditionnelles apparaît comme un facteur dégradant de la qualité des eaux. </div><div><br /></div><div> Cette évolution est sensible aujourd’hui du fait du réchauffement climatique et des modifications du cycle de l’eau au détriment de l’écoulement de surface. La modélisation du changement climatique à terme renforce l’inquiétude des scientifiques à ce sujet. </div><div> </div><div><b><span style="color: #ffa400;">Conclusion </span></b></div><div> </div><div>La préservation des petites retenues d’eau aménagées de longue date sur nos bassins apparait primordiale et leur destruction nous privera des effets positifs escomptés, comme nous le constatons en France. </div><div> </div><div>Les petits barrages d’autrefois, grâce au maintien d’une cote élevée de l’eau, ont permis à la nappe alluviale d’assurer en saison sèche des débits minimums nécessaires à la vie aquatique tout en préservant des zones humides. </div><div> </div><div>S’agissant des poissons migrateurs, faute de pouvoir détruire les barrages plus récents et plus importants qui coupent l’accès à leurs frayères traditionnelles, il convient de faire en sorte que toutes les retenues dépassant les capacités de nage et de saut de ces espèces soient équipées de dispositifs de franchissement adéquats et avant cela que les zones de frayères potentielles soient suffisamment bien identifiées. </div><div> </div><div>Par ailleurs, lors des périodes de sècheresse prolongée, telles que celles que nous connaissons chaque été depuis 5 à 6 ans, les retenues d’eau sont souvent les seuls points d'eau accessibles à de nombreuses espèces terrestres. Elles jouent donc également un rôle important pour la préservation de la faune terrestre et pas seulement aquatique. </div><div> </div><div>Est-il préférable pour la biodiversité d’avoir des rivières à sec plutôt que des rivières permettant à la flore et à la faune d’y trouver temporairement refuge dans des secteurs plus profonds ? Pour une gestion optimale de l’eau ne faut-il pas tout faire pour maintenir l’eau dans les rivières et les nappes superficielles plutôt que de l’évacuer rapidement vers la mer ? </div><div> </div><div>Nous, hydrobiologistes, limnologues, géologues, géographes devons informer les différents acteurs agissant dans le domaine de l’eau que la politique d’effacement des petits ouvrages hydrauliques met immanquablement en péril la préservation de nos réserves d’eau douce, la sauvegarde des milieux humides ainsi que la biodiversité associée. </div><div> </div><div><b>Pascal Bartout</b> géographe (limnologue),<b> Jean-Paul Bravard</b> (géographe), <b>Christian Lévêque</b> (hydrobiologiste), <b>Pierre Potherat </b>(géologue), <b>Laurent Touchart</b> (géographe, limnologue)</div></div><div><br /></div><div>Texte diffusé par <a href="https://www.moulinsdefrance.org/" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">la FFAM</a>. </div><div><br style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif;" /></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-61696065342023601162023-11-01T21:01:00.004+01:002023-11-15T21:02:11.454+01:00Les territoires et patrimoines de l'eau, entre nature et société (Serna et Larguier 2023)<p> <b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">La revue Patrimoines du Sud propose une magnifique exploration de l'eau en Occitanie à travers ses héritages patrimoniaux et usages productifs. Le regard des géographes et historiens montre le caractère intrinsèquement hybride de l'eau, à la fois puissance naturelle et construction sociale. </b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-1229510720813329856" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiLBo0PQtp_BPOLgrtRLK-8hA0oXKyIg1ISEcL3WdmlfJyJe-fXzu1yXAkqNetd7IwK592ZLzg8rmZKzwVvAogaZibIB-xE-QlwOHAd0bC1qBE6G-vp5QtaZ_EkhTXEKyoi-QsFHNozondoNIe2AdlYuxrFtCHTRD1yjHzL-VWXb4fQIXiK0jroMc_HNrt/s1387/patri_occitanie_img-8.jpg" imageanchor="1" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="1040" data-original-width="1387" height="356" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiLBo0PQtp_BPOLgrtRLK-8hA0oXKyIg1ISEcL3WdmlfJyJe-fXzu1yXAkqNetd7IwK592ZLzg8rmZKzwVvAogaZibIB-xE-QlwOHAd0bC1qBE6G-vp5QtaZ_EkhTXEKyoi-QsFHNozondoNIe2AdlYuxrFtCHTRD1yjHzL-VWXb4fQIXiK0jroMc_HNrt/w474-h356/patri_occitanie_img-8.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="474" /></a></div><br /><div style="text-align: center;"><i>Murviel-lès-Béziers (Hérault), chaussée du moulin de Réals, 2022.</i></div><div style="text-align: center;"><i>K. Orengo © Pays Haut Languedoc et Vignobles</i></div><div style="text-align: center;"><br /></div><div>Extrait de l'introduction à ce dossier par Virginie Serna et Gilbert Larguier :</div><div><br /></div><div><i>"Longtemps axées sur le concept de continuum fluvial, les approches des cours d’eau, tant écologiques que géomorphologiques, archéologiques ou historiques, eurent longtemps un ton classique. Les débits, les profondeurs, les largeurs du cours d’eau ainsi que l’économie des échanges, la batellerie et son équipement associé furent abordés sous l’angle de sa fonction marchande tant en géographie qu’en histoire, la rivière étant perçue comme « un ruban d’eau », un « chemin qui marche1 ». L’ouverture conceptuelle proposée dès 1987 par J.-P. Bravard2 a ouvert le champ de la recherche et la parution de l’ouvrage d’Amoros et Petts3 en 1993 sur les hydrosystèmes fluviaux confirma les axes de la réflexion engagée. La rivière fut alors appréhendée sous une forme nouvelle. Sa liquidité, ses eaux, ses remous, courants et contre-courants, ses mouilles et ses seuils, ses berges, constituèrent autant d’entités à comprendre, à observer dans une lecture patrimoniale du paysage des cours d’eau, chaque structure d’exploitation, chaque équipement venant se poser dans cet espace liquide, produisant lui-même un nouveau paysage culturel.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Dans ce numéro, nous voyons encore autre chose. Nous entrons dans un autre territoire de l’eau, où la masse liquide est conduite, puisée, canalisée, dispersée, épanchée, gardée, distribuée, travaillée. Cette eau travaillée fait paysage en Occitanie et fait de l’Occitanie un grand Territoire de l’eau.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i><b><span style="color: #ffa400;">Les territoires de l’eau </span></b></i></div><div><i>Les territoires de l’Eau sont aujourd’hui, on le sait, des paysages fortement mobilisateurs. L’actualité du changement climatique, la force de l’aménagement du territoire pour un tourisme vert ou bleu, l’engagement des collectivités vers un développement durable témoignent de la qualité patrimoniale de ces espaces historiques. L’expression « Territoires de l’Eau » a été créée en mars 2004, à l’occasion d’une journée d’études à l’Université d’Artois, Arras, par deux géographes4. Leur définition renvoyait à deux dimensions complémentaires. La première s’attachait à la question de l’emprise territoriale de la gestion et des politiques de l’eau. La seconde étudiait l’espace d’influence du secteur de l’eau dans les politiques territoriales. C’est donc par la géographie de la gestion et des politiques publiques de l’eau que le terme est entré. Et la nature de ces enjeux a conduit les auteurs à s’interroger sur l’existence de « territoire(s) pertinent(s) pour cette ressource ».</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>La définition que nous proposons aujourd’hui des Territoires de l’eau diffère. L’appellation regroupe des espaces où l’eau – stagnante, courante, haute, basse, douce ou saumâtre – apparaît comme l’élément structurant du paysage. On y regroupe les zones humides, les lacs, les rivières (à toutes leurs échelles), les fleuves dans toutes leurs composantes (urbaines ou rurales, bras morts, chenaux secondaires, chemin de halage…), les espaces drainés, irrigués, inondés, inondables, mouillés – au sens commun du mot – humides, comme le fait le terme de wetlands de la Convention de Ramsar6. Les territoires de l’eau rassemblent donc des espaces fortement anthropisés, urbains (les ports, les fronts fluviaux...), ruraux (irrigation et drainage, ...) ou en réseau (les canaux), porteurs d’un patrimoine bâti construit en fonction de la présence (naturelle ou artificielle, permanente ou temporaire) d’une eau maitrisée, nourricière, énergétique ou menaçante. Les constructions de l’eau attachées à ces territoires sont nombreuses, modestes ou d’envergure et marquent par leur diversité, leur rythme et leur pérennité l’ensemble du territoire national.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Les auteurs de ce numéro nous proposent justement de découvrir ces formes des constructions de l’eau en Occitanie. En premier lieu, le patrimoine bâti sous de multiples formes. Autour du « grand » canal, par exemple : le canal d’irrigation, de navigation, les ouvrages de rejet, les épanchoirs, les déversoirs de surface, de fond, rigole de fuite, le tuyau, les écluses et les maisons éclusières, bollards, bajoyers, portes busquées à vantelles, les ouvrages d’évitement, aqueducs et ponts, les limnimètres, bornes de distances, repères de nivellement et les chemins de halage. En second lieu, des paysages agricoles décrits par les termes catalans de regadiu et de seca7, les canaux d’irrigation ; « véritables monument d’irrigation gravitaire » dans le Haut Adour, les canaux d’arrosage avec leur mur de soutènement, les agau. Mais aussi les réservoirs, citernes, fontaines, lavoirs, collecteurs et résurgences ; le moulin et ses infrastructures associées, le béal et la paissière, les gourges, les petits barrages, les clavades…</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>(...)</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>On perçoit l’étendue spatiale et thématique des exemples traités – il faudrait encore ajouter l’irrigation de la plaine proche de Montpellier à l’aide de puits à roue et de norias construits à partir du XVIe siècle et menacés aujourd’hui par l’urbanisation galopante, l’eau employée pour inonder les vignes en plaine afin de prévenir les attaques du phylloxera, etc. Ils forment un dossier particulièrement consistant assorti de bibliographies substantielles ainsi que de riches annexes cartographiques et photographiques. Une attention particulière est accordée aux techniques ainsi qu’au vocabulaire, moins connu et souvent difficile à maîtriser car il concerne aussi bien les lieux, les ouvrages, que les matériaux employés, la manière de les disposer et de les utiliser. Une géographie linguistique fine s’esquisse, dont la pérennité est peut-être aussi fragile que celle du patrimoine monumental.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Au-delà de la substance de chaque contribution, leur mérite est de mettre en relief, s’il était besoin encore, la contribution déterminante des installations hydrauliques à la structuration des territoires, depuis les XIIe et XIIIe siècles jusqu’au début du siècle dernier notamment. Il était bienvenu de procéder à des inventaires sur des espaces précisément circonscrits afin de révéler la cohérente densité des équipements, malaisée à déceler de prime abord, même en parcourant les lieux. On voit là combien la mise en exergue d’ouvrages emblématiques tend parfois à occulter la diversité et la richesse du patrimoine hydraulique. Celle-ci ne « coule pas forcément de source »…</i></div><div><br /></div><div><b>Référence </b>: Serna V , Larguier G (2023), <a href="http://journals.openedition.org/pds/12050" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Avant-propos. Occitanie, la part de l’eau</a>, Patrimoines du Sud [En ligne], 17 ; DOI : doi.org/10.4000/pds.12050</div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_CpgLQzdfPrSK8fLyNOSmKHHtyFCx1B_FDFScndVCW-6WIAr-PWg-ZJ5gBCLTUSJJgnvbxFoWZe3cCVpYDoWmrMPnLDNUjCjzVScP40iJf-0wUUxteoUUSIed70hz0-7I1I38ahSjeEzn6pAA-rFgzLHXjRtvndV8SDts2pB4Ir80zgntZDKqSGW9pXgE/s1387/patri_occitanie_img-9.jpg" imageanchor="1" style="color: #33aaff; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="780" data-original-width="1387" height="280" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_CpgLQzdfPrSK8fLyNOSmKHHtyFCx1B_FDFScndVCW-6WIAr-PWg-ZJ5gBCLTUSJJgnvbxFoWZe3cCVpYDoWmrMPnLDNUjCjzVScP40iJf-0wUUxteoUUSIed70hz0-7I1I38ahSjeEzn6pAA-rFgzLHXjRtvndV8SDts2pB4Ir80zgntZDKqSGW9pXgE/w498-h280/patri_occitanie_img-9.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="498" /></a></div><br /><div style="text-align: center;"><i>Neffiès (Hérault), moulin de Julien, le moulin et son réservoir, 2018.</i></div><div style="text-align: center;"><i>V. Lauras © Les Arts Vailhan</i></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-87190202740766524052023-10-10T07:40:00.001+02:002023-10-25T07:40:57.170+02:00Détruire les moulins, étangs, biefs, canaux et plans d'eau sans enquête publique ni étude d’impact, le retour du décret scélérat<p> <b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">Après avoir subi une annulation en conseil d’Etat à la demande de notre association et de ses consoeurs, le décret du gouvernement visant à empêcher les enquêtes publiques et les études d’impact des destructions d’ouvrages hydrauliques vient d’être reformulé de manière cosmétique et republié au journal officiel. Le ministère de la transition écologique veut donc s’acharner à imposer une politique décriée de destruction et assèchement des retenues, réservoirs, lacs, étangs, canaux et biefs, à contre-courant des impératifs de stockage de l’eau et de production d’énergie hydraulique. Nous appelons nos consoeurs à nous rejoindre demander une nouvelle annulation de ce décret tout aussi scélérat que le précédent. </b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-4710126676155045861" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj645NwY8q_r1bsNsFxouad8GgslozWSoszPvcgPVtbYPavOSRGWWm61kMr3e7yHiIAVyOVeSiWGC91NCJmBQvNGtIE3uST1gmU6AITym-T03OIKIXbLFvcG2mtNHQRXWVvonUu6967w6vCMectV7B-6mHue45zU5Z6rxKoKhxkbUvbZfnDNkkY-UgEZwVW/s526/flyer_casse_vandalisme.png" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="526" data-original-width="524" height="436" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj645NwY8q_r1bsNsFxouad8GgslozWSoszPvcgPVtbYPavOSRGWWm61kMr3e7yHiIAVyOVeSiWGC91NCJmBQvNGtIE3uST1gmU6AITym-T03OIKIXbLFvcG2mtNHQRXWVvonUu6967w6vCMectV7B-6mHue45zU5Z6rxKoKhxkbUvbZfnDNkkY-UgEZwVW/w435-h436/flyer_casse_vandalisme.png" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="435" /></a></div><br /><div><br /></div><div>Rappel des faits : sous la pression de <a href="http://www.hydrauxois.org/2021/01/la-destruction-des-ouvrages-et.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">lobbies très minoritaires</a>, la France s’est engagée depuis 20 ans dans une politique décriée et déplorable de destruction systématique du patrimoine hydraulique des rivières, sur argent public. Cette politique est parmi les plus contestées du ministère de l’écologie, comme l'a <a href="http://www.hydrauxois.org/2016/01/recommandations-cgedd-2012-le-ministere.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">reconnu très officiellement un audit du CGEDD en 2016.</a> D’une part, les riverains ont un attachement réel au patrimoine hydraulique, au paysage qu’il dessine et aux usages qu’il permet. D’autre part, en situation de changement climatique, les urgences du pays sont de <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/12/appel-aux-deputes-pour-relancer.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">produire de l’énergie bas carbone locale</a> et de <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/07/leau-est-une-ressource-critique-il-faut.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">retenir l’eau</a>, pas de détruire le maximum d’ouvrages pour que cette eau file plus rapidement à la mer. Cette politique dite de "<i>continuité écologique</i>" par destruction d'ouvrage, qui avait été théorisée au 20e siècle, est devenue <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/08/les-casseurs-douvrages-hydrauliques.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">contre-productive et déconnectée des besoins réels du pays</a>. Une gabegie d'argent public doublée d'un motif de conflits sociaux évitables.</div><div><br /></div><div>La préservation, restauration et utilisation des ouvrages hydrauliques est donc une cause d’intérêt général pour notre pays. Leur destruction, une erreur funeste, au nom d’une utopie du retour à la «nature sauvage».</div><div><br /></div><div>Le ministère de l’écologie et ses administrations n’ont jamais voulu entendre les protestations que suscite leur politique. Au contraire, ils ont tenté de les faire taire par un <a href="https://www.hydrauxois.org/2020/07/un-decret-scelerat-autorise-la.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">premier décret de l’été 2019 </a> qui créait un régime administratif spécial pour les destructions d’ouvrages. Sous ce régime spécial, un ouvrage peut être détruit sur simple déclaration (formalité minimale), loin des débats citoyens, sans enquête publique permettant aux citoyens de d’exprimer et aux associations de s’organiser, sans étude d’impact approfondi de la destruction.</div><div><br /></div><div>Or, contrairement à ce que dit la doxa du ministère de l’écologie, tant les travaux scientifiques que les guides d’ingénierie écologique reconnaissent l’existence de nombreux impacts possibles lors de la destruction d’ouvrage hydraulique. Par exemple, sont documentés comme issues :</div><div><ul style="line-height: 1.4; margin: 0.5em 0px; padding: 0px 2.5em;"><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Baisse du niveau de la rivière et de la nappe</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Erosion régressive</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Remobilisation de sédiments pollués</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Déstabilisation ou destruction des espèces (biocénoses) ayant colonisé l’écosystème artificiel d’eau douce</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Diffusion plus aisée d’espèces invasives venant de l’aval</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Disparition de biotopes aquatiques et humides autour des retenues et canaux</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Fragilisation du bâti riverain, pourrissement des fondations bois, rétraction argile</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Fragilisation des berges, érosion des propriétés riveraines</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Accélération des ondes de crue, augmentation du risque aval</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Aggravation des assecs, perte de zones refuges pour le vivant</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Perte de patrimoine culturel et d’aménité paysagère</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">Perte d’usage actuel ou potentiel (énergie, pisciculture, loisir)</li></ul></div><div>Imposer ces désagréments, dégradations et risques sans les étudier sérieusement et sans consulter les riverains concernés est inacceptable, totalement contraire aux principes mêmes de la démocratie environnementale posés par l'Europe et la France. </div><div><br /></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTxRn41g0EftSh9pC4H51NPkWswX2BOM5_FeaGCJ-72bUqIm28C2U94JdM3WK6NKGJBfSv78A0n7oPIvLV9XKfbYjORIGwhT2SJ_driWfHHcWLhRMaVB-teiLNDnWu10jBExvCzwHaeR-SnLKUo9BJ42KNdvksaYa1dMro8vKPGgSgN2wrqm2fZqOUAWZf/s1020/riverains_lutte.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="729" data-original-width="1020" height="306" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTxRn41g0EftSh9pC4H51NPkWswX2BOM5_FeaGCJ-72bUqIm28C2U94JdM3WK6NKGJBfSv78A0n7oPIvLV9XKfbYjORIGwhT2SJ_driWfHHcWLhRMaVB-teiLNDnWu10jBExvCzwHaeR-SnLKUo9BJ42KNdvksaYa1dMro8vKPGgSgN2wrqm2fZqOUAWZf/w428-h306/riverains_lutte.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="428" /></a></div><br /><div><br /></div><div>Face à ces réalités, le gouvernement et ses administrations de l’écologie opposent le déni idéologique. Le retour à un profil de rivière sauvage est forcément meilleur (dogme), les écosystèmes aménagés par l’histoire humaine sont forcément dégradés (dogme), la priorité publique en réglementation et en subvention doit être détruire le maximum d’ouvrages et d’assécher les milieux attenants.</div><div><br /></div><div>Le conseil d’Etat a choisi en 2022 d’<a href="http://www.hydrauxois.org/2022/11/le-conseil-detat-censure-nouveau-le.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">annuler le décret de 2019</a>, considérant qu’il créait un régime d’exception pour la destruction des ouvrages hydrauliques sans prendre en compte les risques afférents. Ce fut une victoire pour notre association et ses consoeurs. Mais le gouvernement revient à la charge en se contentant de reprendre la même formulation que le décret de 2019, sauf une précision sur la nature des barrages concernés en cas de destruction. En substance, on peut tout casser sur simple déclaration, mais pour les grands barrages on va tout de même faire l'effort d'une procédure complète d'autorisation...</div><div><br /></div><div>C’est le sens du nouveau <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048124040" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">décret n° 2023-907 du 29 septembre 2023 modifiant la nomenclature des installations, ouvrages, travaux et activités relevant de la police de l'eau annexée à l'article R. 214-1 du code de l'environnement</a>, dont nous reproduisons ci-après le texte. </div><blockquote><div><i>Le tableau annexé à l'article R. 214-1 du code de l'environnement est ainsi modifié :</i></div><div><i>Après la rubrique 3.3.4.0. est insérée une rubrique 3.3.5.0. ainsi rédigée :</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>« 3.3.5.0. Travaux mentionnés ci-après ayant uniquement pour objet la restauration des fonctionnalités naturelles des milieux aquatiques, y compris les ouvrages nécessaires à la réalisation de cet objectif (D) :</i></div><div><i>« 1° Arasement ou dérasement d'ouvrages relevant de la présente nomenclature, notamment de son titre III, lorsque :</i></div><div><i>« a) Ils sont implantés dans le lit mineur des cours d'eau, sauf s'il s'agit de barrages classés en application de l'article R. 214-112;</i></div><div><i>« b) Il s'agit d'ouvrages latéraux aux cours d'eau, sauf s'ils sont intégrés à un système d'endiguement, au sens de l'article R. 562-13, destiné à la protection d'une zone exposée au risque d'inondation et de submersion marine;</i></div><div><i>« c) Il s'agit d'ouvrages ayant un impact sur l'écoulement de l'eau ou les milieux aquatiques autres que ceux mentionnés aux a et b, sauf s'ils sont intégrés à des aménagements hydrauliques, au sens de l'article R. 562-18, ayant pour vocation la diminution de l'exposition aux risques d'inondation et de submersion marine ;</i></div><div><i>« 2° Autres travaux :</i></div><div><i>« a) Déplacement du lit mineur pour améliorer la fonctionnalité du cours d'eau ou rétablissement de celui-ci dans son talweg;</i></div><div><i>« b) Restauration de zones humides ou de marais;</i></div><div><i>« c) Mise en dérivation ou suppression d'étangs ;</i></div><div><i>« d) Revégétalisation des berges ou reprofilage améliorant leurs fonctionnalités naturelles;</i></div><div><i>« e) Reméandrage ou restauration d'une géométrie plus fonctionnelle du lit du cours d'eau;</i></div><div><i>« f) Reconstitution du matelas alluvial du lit mineur du cours d'eau;</i></div><div><i>« g) Remise à ciel ouvert de cours d'eau artificiellement couverts;</i></div><div><i>« h) Restauration de zones naturelles d'expansion des crues.</i></div><div><i>« La présente rubrique est exclusive des autres rubriques de la nomenclature. Elle s'applique sans préjudice des obligations relatives à la remise en état du site et, s'il s'agit d'ouvrages de prévention des inondations et des submersions marines, à leur neutralisation, qui sont prévues par les articles L. 181-23, L. 214-3-1 et L. 562-8-1, ainsi que des prescriptions susceptibles d'être édictées pour leur application par l'autorité compétente.</i></div><div><i>« Ne sont pas soumis à la présente rubrique les travaux mentionnés ci-dessus n'atteignant pas les seuils rendant applicables les autres rubriques de la nomenclature. »</i></div></blockquote><div><i></i></div><div>Notre association demandera l’annulation partielle de ce décret, non pour tout ce qui concerne la continuité latérale (zones humides, expansion de crue etc.) mais pour les dispositions relatives à la destruction des ouvrages hydrauliques accompagnée de l’assèchement de leurs milieux et de la disparition de leurs usages, soit le 1°, le 2° alinéa a) et c). </div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-20041974251323669582023-09-16T07:05:00.001+02:002023-09-26T07:06:37.738+02:00La notion de "limite planétaire" de l'eau douce a-t-elle un sens?<p> <b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">Une étude récemment parue et fort commentée affirme que l'humanité aurait dépassé la "<i>limite planétaire</i>" de l'eau douce. Voilà qui soulève stupeur et frayeur. Mais qu'en est-il vraiment? L'analyse de la publication concernée montre que le calcul choisi est pour le moins étrange : les scientifiques y considèrent simplement qu'un écart de 10% des écoulements (en excès ou en défaut) par rapport à l'époque pré-industrielle formerait une "<i>limite</i>". Nous suggérons ici que ce choix méthodologique (contesté par d'autres chercheurs) n'a guère de sens, une déviation de la situation passée du Holocène n'étant pas assimilable en soi à une limite, ni même forcément à un danger. Cette approche facile à médiatiser mais difficile à justifier n'offre de surcroît aucun intérêt pour les enjeux concrets de gestion de l'eau douce : l'agrégat planétaire théorique est un artefact statistique découplé des réalités physiques et socio-économiques du cycle de l'eau.</b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-5390813367160335233" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinNTi_T3ljpMHx__Wm5S_Xianj0YgQLJq_leGl-srOQG-q-VC3VjOccMtUTSUvUyFYyVbVYEo_WABDtV7JpmaiDGcmLYSbNJouuZaDLWD0zbxBLDBBp91szeLRbfxtf9Npt0Q8bHj323GeBBdhmsbgWVSXI-xsZKQ9meP4jWqSrANLx_puxUhqAtY8QwAU/s3120/sciadv.adh2458-f1.jpg" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="2637" data-original-width="3120" height="382" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinNTi_T3ljpMHx__Wm5S_Xianj0YgQLJq_leGl-srOQG-q-VC3VjOccMtUTSUvUyFYyVbVYEo_WABDtV7JpmaiDGcmLYSbNJouuZaDLWD0zbxBLDBBp91szeLRbfxtf9Npt0Q8bHj323GeBBdhmsbgWVSXI-xsZKQ9meP4jWqSrANLx_puxUhqAtY8QwAU/w453-h382/sciadv.adh2458-f1.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="453" /></a></div><br /><div>Les médias ont parlé ces derniers temps du travail de Katherine Richardson et de ses collègues, qui aurait montré que l'humanité a franchi la "<i>limite planétaire</i>" de l'eau douce. Cette assertion pour le moins étonnante et inquiétante nous a conduit à examiner comme les chercheurs avaient calculé une telle limite.</div><div><br /></div><div>Nous reproduisons ci-dessous l'extrait complet de l'article concerné sur l'eau douce (eau bleue des rivières et des nappes, eau verte du sol), résumant la méthode et la conclusion : </div><div><br /></div><div><i></i></div><blockquote><div><i>"Afin de refléter de manière exhaustive les modifications anthropiques des fonctions de l’eau douce dans le système terrestre, cette limite est révisée pour prendre en compte les changements sur l’ensemble du cycle de l’eau sur terre. Nous utilisons ici le débit comme indicateur pour représenter l’eau bleue (eaux de surface et souterraines) et l’humidité du sol dans la zone racinaire pour représenter l’eau verte (eau disponible pour les plantes). Les variables de contrôle sont définies comme le pourcentage de la superficie annuelle mondiale libre de glace présentant des écarts de débit des cours d’eau / d’humidité du sol dans la zone racinaire par rapport à la variabilité préindustrielle. La nouvelle composante eau verte représente directement la régulation hydrologique des écosystèmes terrestres, du climat et des processus biogéochimiques, tandis que la composante eau bleue représente la régulation des rivières et l’intégrité des écosystèmes aquatiques. De plus, cette limite capture désormais les impacts sur le système Terre des augmentations et des diminutions d'eau sur une échelle mensuelle et inclut leurs modèles spatiaux.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Les variables de contrôle décrivent les écarts par rapport à l’état préindustriel (ici, 1661-1860), déterminés pour la première fois à l’échelle de la grille de 30 minutes d’arc, puis regroupés en une valeur annuelle globale. Pour les variables de contrôle de l'eau bleue et verte, les limites sont fixées au 95e centile de la variabilité préindustrielle, c'est-à-dire la variabilité du pourcentage de la superficie mondiale présentant des écarts [~ 10 % pour l'eau bleue et ~ 11 % pour l'eau verte]. Nous supposons que les conditions préindustrielles sont représentatives des conditions à plus long terme de l’Holocène et qu’un écart notable par rapport à cet état met en danger les fonctions du système terrestre d’eau douce. En attendant une évaluation complète des impacts des différents niveaux de transgression des limites des eaux bleues et vertes (par exemple, capacité réduite de séquestration du carbone, régulation climatique et perte de biodiversité ; voir les documents supplémentaires), les paramètres des limites sont préliminaires et hautement prudents. Actuellement, environ 18 % (eau bleue) et environ 16 % (eau verte) de la superficie terrestre mondiale connaissent des écarts humides ou secs d’eau douce. Ainsi, contrairement aux évaluations précédentes des limites planétaires où seule l’élimination de l’eau bleue était prise en compte, cette nouvelle approche indique une transgression substantielle de la limite de changement d’eau douce. Les transgressions des limites des eaux bleues et vertes se sont produites il y a un siècle, respectivement en 1905 et 1929. Ainsi, avec la définition révisée des variables de contrôle, l’eau douce aurait déjà été considérée comme transgressée lors des précédentes évaluations des limites planétaires. La précédente variable de contrôle à l’échelle mondiale indiquerait toujours que l’utilisation de l’eau douce reste dans la zone de sécurité, même avec des sources de données plus récentes que celles utilisées dans (1, 2). Les estimations récentes de la consommation mondiale d’eau bleue s’élèvent à environ 1 700 km3 an−1, soit bien en dessous de la limite précédente fixée à 4 000 km3 an−1."</i></div></blockquote><div><i></i></div><div>(Source : Richardson et al 2023, <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.adh2458" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Earth beyond six of nine planetary boundaries</a>, Science Advances, DOI: 10.1126/sciadv.adh2458)</div><div><br /></div><div>Plusieurs points de méthode posent problème dans cette démarche, en particulier dans le domaine de l'eau bleue (les écoulements des rivières ou nappes) :</div><div><ul style="line-height: 1.4; margin: 0.5em 0px; padding: 0px 2.5em;"><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">la notion de limite planétaire est ici ramenée à un simple écart par rapport à la moyenne pré-industrielle du Holocène, mais sans préciser en quoi un écart représente en soi une limite, en comptant les excès d'eau comme des limites au même titre que les défauts (alors que l'idée de limite est associée à l'idée que la ressource est indisponible, pas simplement à l'idée qu'elle varie dans le temps selon différents facteurs de variation) ;</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">le choix du débit comme variable de contrôle est réducteur par rapport à la complexité des dimensions de l'eau;</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">l'anthropisation de l'eau ne signifie pas la disparition des structures et fonctions écologiques de l'eau, un bassin anthropisé peut aussi entrer dans un état écologique alternatif durable (pas les mêmes populations biologiques, pas les mêmes traits fonctionnels, mais un nouvel équilibre après perturbation initiale), ce qui a déjà été documenté dans la littérature scientifique examinant notamment l'aménagement de fleuves au fil des siècles;</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">la recherche scientifique montre que la modification du cycle de l'eau et du fonctionnement des bassins versants s'inscrit dans le temps long de la sédentarisation des sociétés humaines, sur plusieurs millénaires; il est intellectuellement peu sensé de suggérer que la forte croissance démographique et économique des sociétés humaines au fil des siècles pourrait se traduire par le maintien de conditions similaires de variabilité;</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">le calcul est globalisé alors que le cycle continental de l'eau douce se réalise dans des bassins versants qui n'ont pas la même situation et qui ne transfèrent pas entre eux les écoulements ; on ne voit pas le sens ni l'intérêt opérationnel d'une agrégation planétaire alors que la réalité de l'eau et de la tension sur l'eau dépend toujours de conditions locales (géologie, hydrologie, climatologie, écologie, démographie, usages des sols et de l'eau).</li></ul></div><div>En fait, ce calcul des "<i>limites planétaires</i>" est loin de faire consensus dans la recherche internationale, pas seulement sur l'eau qui en est une dimension. La démarche a été initiée par l'équipe de Johan Rockström à la fin des années 2000, et elle a bénéficié d'une certaine médiatisation car elle donne des raccourcis frappants que les médias apprécient. Mais elle a reçu diverses critiques scientifiques concernant le cadre méthodologique et les conclusions (voir par exemple <a href="https://academic.oup.com/book/26688/chapter-abstract/195480387?redirectedFrom=fulltext" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Brook, Ellis et Buettel 2017</a>, une synthèse dans <a href="https://www.annualreviews.org/doi/10.1146/annurev-environ-012320-080337" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Biermann et Kim 2020</a>). </div><div><br /></div><div>Dans une période déjà marquée par un scepticisme croissant sur des travaux scientifiques et leur vulgarisation, il paraît important que le débat public discerne plus clairement ce qui relève d'hypothèses de travail et ce qui relève de connaissances robustes. Pour la gestion de l'eau douce en particulier, le cadre des "<i>limites planétaires</i>" ne semble apporter ni pertinence ni efficacité pour les décideurs et les populations, confrontés avant tout à des équilibres locaux entre ressources et usages. Enfin, il se développe un discours selon lequel nous pourrions et devrions revenir à une "<i>nature antérieure</i>" d'il y a quelques siècles vue comme la "<i>normalité</i>" ou la "<i>référence</i>" : ce refus de l'évolution mène souvent à des impasses car il radicalise l'opposition entre la nature et l'humanité, nie les réalités déjà anciennes de leur hybridation, paralyse certaines réponses urgentes au changement climatique, n'offre guère d'horizon réaliste et consensuel pour guider l'action de 8 milliards d'humains.</div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-63782502721592524622023-08-27T07:04:00.001+02:002023-09-26T07:05:25.721+02:00Pas d’effet cumulatif d’une chaîne d’étangs sur la température de l’eau (Touchart et al 2023)<p> <b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">Etudiant une chaîne d’étangs sur une petite rivière du Limousin, des chercheurs montrent qu’il n’existe pas d’effet cumulatifs de réchauffement de l’eau. L’ombrage est le premier facteur de prévention de la hausse de température qui, avec une moyenne de 2°C en été, reste cependant raisonnable. Ces travaux font suite au constat de manque de connaissance scientifique de terrain sur l’effet cumulé des plans d’eau.</b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-2136745027114630151" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVQFgIbRIK3iaMtAHChtGVWgM2zF_dovinV0HgG5-egPei4Dn_TP5d6PZx_oyJKvQ-LNS7Q1wiJ3EoX6hzOHwPQMOM_8tIn7QBqHFOqstLTd2_Zf75UEWmB5kfn9Sh6blSbiPWyInpVIY3HhmUaIHrHoc9IW0ZLgUxrtzZnjlCev8qVJlDNKicPHHtbtds/s750/etang-limousin.png" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="411" data-original-width="750" height="249" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVQFgIbRIK3iaMtAHChtGVWgM2zF_dovinV0HgG5-egPei4Dn_TP5d6PZx_oyJKvQ-LNS7Q1wiJ3EoX6hzOHwPQMOM_8tIn7QBqHFOqstLTd2_Zf75UEWmB5kfn9Sh6blSbiPWyInpVIY3HhmUaIHrHoc9IW0ZLgUxrtzZnjlCev8qVJlDNKicPHHtbtds/w455-h249/etang-limousin.png" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="455" /></a></div><br /><div>Dans le décret du 29 décembre 2011 «<i>portant réforme des études d'impact des projets de travaux, d’ouvrages ou d’aménagements</i>», l’Etat français a imposé que, pour toute nouvelle création de retenue d’eau, les effets cumulés du projet avec ceux des plans d’eau déjà existants soient analysés. Cette obligation institutionnelle a réveillé une attention scientifique à un sujet déjà étudié par la recherche, mais de manière peu poussée : l’effet d’une chaîne de plans d’eau sur l’hydrologie et la température de l’eau. Une <a href="http://www.hydrauxois.org/2016/05/effet-cumule-des-retenues-une-expertise.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">expertise collective sur l’état du savoir</a> a acté en 2016 que les connaissances de terrain sont encore très rares.</div><div><br /></div><div>Laurent Touchart et ses collègues ont étudié un cas sur le bassin de l’Oncre, en Limousin.</div><div><br /></div><div>Au nord-ouest de Limoges, les plateaux du Haut Limousin sont drainés par un affluent de rive droite de la Vienne d’une quarantaine de kilomètres de longueur, la Glane. La rivière a trois plus grands affluents: la Vergogne (cours influencé par une grande retenue), le Glanet (cours peu impacté) et l’Oncre (cours influencé par une succession de plans d’eau). L’Oncre a donc été choisi comme objet d’étude. Les chercheurs exposent le système de retenues : « <i>D’amont en aval, les superficies et les hauteurs e chaussée sont de 0,48 ha et 2,2 m pour l’étang à moine de Boscartus, 0,93 ha et 1,5 m pour les étangs Jumeaux (séparés par une digue longitudinale), dont 0,24 ha pour la partie ouest, la seule suivie, 3 ha et 3,5 m pour l’étang de la Cascade, 2 ha et 2 m pour celui Trois Iles, 17,5 ha et 4,5 m pour celui de Fromental et 2,5 ha et 2,5 m pour celui du Brudou.</i> »</div><div><br /></div><div>Ce schéma montre le site de l’étude (cliquer pour agrandir).</div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfagrzlFp2qXzw8TBvwUGnBai0odiopiXA2GCxu4CjpmC5r_ivkNf_0MhpTwzw7TncweOKhSvZkW36Es_UaQ7yy59B1EV2v3suYqky60l_0v_CJHLGnF_GNx6XQJkGh69wYRVhbO9iv9HbCSuelHbsPG926Xy7s7Q0lbdj-fyWPumOTy-_fS5sCe6JDud4/s1713/Touchart_et_al_2023_fig01.png" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="1713" data-original-width="1291" height="617" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfagrzlFp2qXzw8TBvwUGnBai0odiopiXA2GCxu4CjpmC5r_ivkNf_0MhpTwzw7TncweOKhSvZkW36Es_UaQ7yy59B1EV2v3suYqky60l_0v_CJHLGnF_GNx6XQJkGh69wYRVhbO9iv9HbCSuelHbsPG926Xy7s7Q0lbdj-fyWPumOTy-_fS5sCe6JDud4/w465-h617/Touchart_et_al_2023_fig01.png" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="465" /></a></div><br /><div>Cet autre schéma montre le bilan thermique sur un an (cliquer pour agrandir) :</div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjG8BKp1Bf0F2z04zFMDjOSLjfiJhwVO3VylOm2PW46ur5xHmca3zmk8mwiti6C_DOpliOtzsGYT2r3m2xtyGbz6kWF90viVpV_Ii4IJpRl-EYiLNW8iW2PC7XSPNC4PropluVFdNq8irwRGTZs0QajcqJe4g_CiaF3VlHFTcjYdjJiOv6BYnGMM_WKVd1t/s951/Touchart_et_al_2023_fig02.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="534" data-original-width="951" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjG8BKp1Bf0F2z04zFMDjOSLjfiJhwVO3VylOm2PW46ur5xHmca3zmk8mwiti6C_DOpliOtzsGYT2r3m2xtyGbz6kWF90viVpV_Ii4IJpRl-EYiLNW8iW2PC7XSPNC4PropluVFdNq8irwRGTZs0QajcqJe4g_CiaF3VlHFTcjYdjJiOv6BYnGMM_WKVd1t/w474-h266/Touchart_et_al_2023_fig02.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="474" /></a></div><br /><div><br /></div><div><br /></div><div>Nous reproduisons la conclusion des chercheurs :</div><div><br /></div><div>«<i>Tant en valeur moyenne de réchauffement (environ 2 °C en été) qu’en longueur d’influence sur l’émissaire (environ 1,5 km), l’effet des cinq derniers étangs de la chaîne de l’Oncre est finalement du même ordre que celui d’un seul grand étang isolé (Touchart, 2001) ou d’un petit barrage (Zaidel et al., 2021) à déversoir. Le sixième étang, en remontant de la fin de la chaîne vers l’amont, étant le seul pourvu d’un moine, la température de référence de cette recherche, sans pouvoir être assimilée à celle de la source de l’Oncre, a néanmoins des caractères de fraîcheur et de faible amplitude diurne qui permettent de l’envisager comme un point de départ.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Dans le cas de la valeur de la température de l’eau, l’effet de la succession des plans d’eau est infraadditif, au sens de LaGory et al. (1989). L’impact cumulé géographique correspond ici à la somme du linéaire directement modifié par la chaîne étangs et du linéaire de l’émissaire influencé en aval sur la distance précédemment citée. Au lieu d’un effet cumulatif en valeur de réchauffement, il y a plutôt un fonctionnement presque indépendant de chaque étang de la chaîne. Cela tendrait à confirmer ce que Bolsenga (1975) avait exprimé il y a déjà longtemps pour les grands lacs naturels et qui a été validé depuis par Momii et Ito (2008), c’està-dire que la part radiative du bilan thermique d’un plan d’eau est en général si écrasante que la part hydrologique d’entrée et de sortie des cours d’eau est comparativement négligeable. Ici, dans le cas de la chaîne de l’Oncre, le filet d’eau qui passe d’un étang à l’autre, très réduit en été, ne pèse pas grand-chose sur le plan calorifique par rapport au bilan radiatif. Précédemment, Choffel (2019) avait montré qu’il existait des différences de température notables entre les parties ombragées et ensoleillées d’un étang isolé. Quant à Maxted et al. (2005) et Zaidel et al. (2021), ils concluaient que le réchauffement du réseau hydrographique dû aux petits plans d’eau à déversoir était surtout causé par le fait qu’ils fabriquent un espace plus large, donc ensoleillé, là où le cours d’eau était à l’ombre avant leur construction. D’une façon plus générale, la littérature internationale des dernières années commence à montrer que, même non barrés de plans d’eau, les petits cours d’eau présentent une hétérogénéité thermique conditionnée non seulement par les apports d’eau souterraine ou hyporhéique, mais aussi par les différences entre les parties à l’ombre et au soleil (Story et al., 2003, Malcolm et al., 2004, Webb et al. 2008, Marteau et al., 2022, Hoess et al., 2022).</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Dans ce cadre, la présente étude aura donné quelques premiers résultats mesurant que, dans le cas d’étangs en chaîne, cette variable ombre/soleil est plus forte que l’effet de cumul de la succession des plans d’eau. Au moins de façon ponctuelle, un étang à l’ombre situé en milieu de chaîne est capable de laisser sortir de son déversoir une eau plus froide que celle qui y entre. Dans les moyennes cependant, la chaîne étudiée ici est construite de sorte que les deux étangs les plus en amont sont aussi les plus forestiers, les plus ombrés, si bien que, à l’intérieur du bilan calorifique, la variable radiative va dans le même sens que la variable hydrologique. Il conviendrait à l’avenir de lancer des études sur une autre chaîne d’étangs, où ces variables iraient dans un sens opposé.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>En termes de recherche appliquée, il semblerait opportun de préconiser l’ombrage des déversoirs de surface des étangs et des premiers décamètres de leur émissaire fluvial là où ce n’est pas le cas, car l’efficacité de cette opération n’est pas n’est pas loin d’atteindre à celle de la construction d’un moine. D’autre part, le dernier étang de la chaîne est celui sur lequel doivent porter les principaux efforts. C’est lui qui, plus que le cumul de ce qui se passe en amont, conditionne la qualité de l’eau de l’émissaire fluvial.</i>»</div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Discussion</span></b></div><div>L’absence d’effet de cumul thermique est une bonne nouvelle si elle se confirme par d’autres travaux comme un trait constant du bilan énergétique des successions de plans d’eau. La prédominance du terme radiatif du bilan (ensoleillement) suggère que le gestionnaire public doit avant tout proposer des bonnes pratiques de gestion des berges (ombrage).</div><div><br /></div><div>Avec plus de 100 000 ouvrages formant retenues en lit mineur et sans doute près de 1 million de plans d’eau de toutes dimensions en lit majeur, les systèmes lentiques et semi-lotiques sont une composante à part entière des bassins versants français. Ils ont été <a href="http://www.hydrauxois.org/2020/06/linterpretation-francaise-de-la.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">très négligés comme objet d’étude</a>, hormis les lacs (plus de 50 ha) et grands réservoirs pouvant être reconnus dans une nomenclature administrative. Ce décalage important entre la connaissance scientifique et la politique publique a suscité des controverses lorsque la seconde a prétendu statuer sur les plans d’eau d’origine artificielle en le désignant presque toujours comme des problèmes, mais sans réellement disposer à leur sujet de données hydrologiques, écologiques, sociologiques, géographiques ou historiques. Statuer sans savoir ou en sachant très peu est la définition du préjugé. Nous assistons à une lente correction de cette anomalie, ce dont il faut se féliciter.</div><div><br /></div><div><b>Référence </b>: Touchart L et al (2023) <a href="https://journals.openedition.org/norois/13080" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">L’effet d’une chaîne d’étangs sur la température de l’eau, pour une discussion des impacts cumulatifs. Le cas du bassin de l’Oncre en Limousin (France)</a>, Norois, 1, 266, 27-45</div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-52211168305807879762023-08-15T07:36:00.001+02:002023-08-17T07:37:08.055+02:00Définir scientifiquement les plans d’eau pour les intégrer dans les politiques publiques (Richardson et al 2022)<p><b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">C'est un paradoxe : les mares, étangs, bassins, retenues et autres petits plans d'eau sont largement reconnus par la science comme ayant des fonctions écologiques et rendant des services écosystémiques importants, mais ils sont quasiment absents des législations de l'environnement. Ces dernières reconnaissent des rivières, des lacs ou des zones humides, mais sans identifier clairement la place du petit plan d'eau, bien qu'il forme 90% des systèmes lentiques (eau calme ou stagnante). Une équipe de chercheurs a passé en revue la littérature scientifique pour proposer une définition fonctionnelle du plan d'eau, notamment dans l'espoir que les gestionnaires de l'eau l'intègrent pleinement dans leurs analyses et préconisations. Ce sera un enjeu pour les prochaines révisions de la directive européenne sur l'eau en Europe et de la loi sur l'eau en France. </b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-503749516917960133" itemprop="description articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546.023px;"><div><b><br /></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjE6eWhar3ME1d1YedLZd3S6y44eHUwA3G75Jk586j_JOrJ27TzjvSlJaDIRkzqq0PjHgbEcBft9ytvDD9KaSLz50qLLsdUvyBiDo7f5ZF9AC401g-C_0JGzgZt5K6dcVyQvE9xsF9Sxpx9WIitZwnv0nc8X4s86qszMTQHQvcJAJp7W4l-XnKXwnSD5kcV/s1021/plan_eau.jpg" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="736" data-original-width="1021" height="325" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjE6eWhar3ME1d1YedLZd3S6y44eHUwA3G75Jk586j_JOrJ27TzjvSlJaDIRkzqq0PjHgbEcBft9ytvDD9KaSLz50qLLsdUvyBiDo7f5ZF9AC401g-C_0JGzgZt5K6dcVyQvE9xsF9Sxpx9WIitZwnv0nc8X4s86qszMTQHQvcJAJp7W4l-XnKXwnSD5kcV/w450-h325/plan_eau.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="450" /></a></div><br /><div>Les Anglo-Saxons utilisent le mot "<i>pond</i>" pour désigner indifféremment la mare, l'étang, le petit plan d'eau, que son origine soit naturelle ou artificielle, connectée ou non à l'écoulement d'une rivière. Nous conserverons ici l'idée de plan d'eau pour restituer la diversité des sens de "<i>pond</i>". Dans une publication de la revue<i> Scientific Report</i>s, David C. Richardson et ses collègues observent qu’il n’existe pas de définition claire du plan d’eau. Le mot est utilisé de manière intuitive mais variable dans la littérature scientifique en hydrologie, limnologie et écologie pour désigner des milieux lentiques distincts des lacs (<i>lakes</i>) et des zones humides (<i>wetlands</i>). Dans les choix administratifs, cette difficulté se traduit par des délimitations très diverses. Eventuellement, la notion de lac est étendue : par exemple le Wisconsin définit comme « <i>lac </i>» des plans d’eau de moins de 0,1 ha, et au Danemark c’est même à partir de 100 m2 que commence un lac. Parfois, comme dans le Minnesota, tout petit plan d’eau est assimilé à une zone humide. Mais souvent, ce plan d’eau est purement et simplement absent de la nomenclature officielle, ne faisant donc pas l’objet d’une réflexion et d’un examen propres par les politiques publiques. </div><div><br /></div><div>Voici comment les chercheurs résument leur démarche et leur proposition de définition du plan d'eau en vue de l'intégrer plus systématiquement dans les nomenclatures :</div><blockquote><div><i>« Les plans d'eau (ponds) sont souvent identifiés par leur petite taille et leur faible profondeur, mais l'absence d'une définition universelle fondée sur des preuves entrave la science et affaiblit la protection juridique. Ici, nous compilons les définitions existantes des plans d'eau, comparons les paramètres de l'écosystème (par exemple, le métabolisme, les concentrations de nutriments et les flux de gaz) entre les plans d'eau, les zones humides et les lacs, et proposons une définition du plan d'eau fondée sur des preuves. Les définitions compilées mentionnaient souvent la superficie et la profondeur, mais étaient largement qualitatives et variables. La législation gouvernementale définit rarement les plans d'eau, malgré l'utilisation courante du terme. </i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Les plans d'eau, tels que définis dans les études publiées, variaient en origine et en hydropériode et étaient souvent distincts des lacs et des zones humides dans la chimie de l'eau. Nous avons également comparé la relation entre les paramètres de l'écosystème et trois variables souvent observées dans les définitions des plans d'eau : la taille du plan d'eau, la profondeur maximale et la couverture végétale émergente. La plupart des paramètres de l'écosystème (par exemple, la chimie de l'eau, les flux de gaz et le métabolisme) présentaient des relations non linéaires avec ces variables, avec des changements de seuil moyens à 3,7 ± 1,8 ha (médiane : 1,5 ha) en surface, 5,8 ± 2,5 m (médiane : 5,2 m) en profondeur, et 13,4 ± 6,3 % (médiane : 8,2 %) de couverture végétale émergente. </i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Nous utilisons ces preuves et les définitions antérieures pour définir les petits plans d'eau comme des masses d'eau modestes (< 5 ha), peu profondes (< 5 m), avec < 30 % de végétation émergente et nous mettons en évidence les zones à étudier à proximité de ces limites. Cette définition éclairera la science, la politique et la gestion des écosystèmes de plans d'eau mondialement abondants et écologiquement importants. »</i></div></blockquote><div><i></i></div><div>Cette infographie illustre les critères de décision en trois dimensions :</div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqyFxk8KfmF7CmrJoSsVX6jv9T-DAIu0FdoO1rM2V8RWapn6tnEZUACsk0nqEOBMKVqb3l-7LbXC2N18rG6gb1igplYzvBHjDB6uu8BHVDQGkjlWJQTbGvTc4NWS_SXzYywIEzHs9CzxyIDsa8JDjbSwgRrPvS4sZmD1RicPo9wYBufdWuilz4WnWiL_NQ/s1505/41598_2022_14569_Fig8_HTML.webp" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="1042" data-original-width="1505" height="332" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqyFxk8KfmF7CmrJoSsVX6jv9T-DAIu0FdoO1rM2V8RWapn6tnEZUACsk0nqEOBMKVqb3l-7LbXC2N18rG6gb1igplYzvBHjDB6uu8BHVDQGkjlWJQTbGvTc4NWS_SXzYywIEzHs9CzxyIDsa8JDjbSwgRrPvS4sZmD1RicPo9wYBufdWuilz4WnWiL_NQ/w479-h332/41598_2022_14569_Fig8_HTML.webp" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="479" /></a></div><br /><div><br /></div><div>Ces graphiques montrent les relations entre la taille des masses d'eau lentiques (à l'exclusion des zones humides) et la structure et les fonctions de l'écosystème : (a) production primaire brute (GPP), (b) concentrations totales de phosphore (TP), (c) production nette de l'écosystème (NEP), (d) méthane (flux de CH4), (e) respiration (R), (f) concentrations de chlorophylle a (Chl a), (g) concentrations totales d'azote (TN), (h) plages de températures journalières (DTR) et (i) vitesse de transfert gazeux (k600). Les traits indiquent les zones de rupture de linéarité entre les propriétés des plans d’eau et des lacs :</div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjELKNM4nnYROCne9QR1KPgAgt3J3SFCjxcZ4zmrCnb_DB6q2xOrh6YM8q97aGsdBXDZAbLaQrdNKTMuSL_rfz2xfVv3hwaNnX4jLoMXSxJFhw4TdktIy1L7vgLoosuGBD5MSXOwYZYYp2e11veYVe9DTqRdjD7b12Hf1Z093X0_VNcxX6QIxMRgqcWuYqS/s1499/41598_2022_14569_Fig5_HTML.png" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="1352" data-original-width="1499" height="415" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjELKNM4nnYROCne9QR1KPgAgt3J3SFCjxcZ4zmrCnb_DB6q2xOrh6YM8q97aGsdBXDZAbLaQrdNKTMuSL_rfz2xfVv3hwaNnX4jLoMXSxJFhw4TdktIy1L7vgLoosuGBD5MSXOwYZYYp2e11veYVe9DTqRdjD7b12Hf1Z093X0_VNcxX6QIxMRgqcWuYqS/w460-h415/41598_2022_14569_Fig5_HTML.png" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="460" /></a></div><br /><div><br /></div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Discussion</span></b></div><div>L’absence des plans d’eau dans les nomenclatures administratives et les politiques publiques a aussi été observée par des chercheurs français spécialistes des limnosystèmes (cf <a href="http://www.hydrauxois.org/2020/06/linterpretation-francaise-de-la.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Touchart et Bartout 2020</a>). C’est peu compréhensible au regard des enjeux attachés à ces milieux, et de leur nombre important. On peut faire plusieurs conjectures à ce sujet : caractère privé, abondant et dispersé de plans d’eau qui décourage l’intervention publique (mais beaucoup de zones humides sont aussi en propriété privée) ; faible appétence de gestionnaires de plans d’eau privés (agriculteurs, pisciculteurs, forestiers) pour des politiques écologiques ayant tendance à ajouter des coûts sans soutien public à hauteur des demandes et sans paiement des services écosystémiques ; acteurs publics dans le domaine de la connaissance (par exemple Onema-OFB en France) ayant davantage une culture de la rivière et des systèmes lotiques ; vieille méfiance vis-à-vis des eaux stagnantes qui ont davantage été incitées au drainage qu’à la valorisation dans l’histoire politique moderne ; préjugés naturalistes sur le fait que des milieux souvent d’origine artificielle ne pourraient pas avoir un intérêt significatif en écologie.</div><div><br /></div><div>Quoiqu’il en soit, une littérature scientifique désormais très abondante souligne que les plans d’eau sont une composante à part entière des hydrosystèmes et que leur gestion éclairée pourrait avoir des conséquences très appréciables sur la conservation de la biodiversité, la régulation et la stockage de l’eau, la dépollution et la décarbonation, les usages et aménités. Il est donc impératif de faire connaitre ces travaux scientifiques aux décideurs et aux administrations afin que les lois évoluent et que ces systèmes aquatiques soient reconnus comme tels.</div><div><br /></div><div><b>Référence </b>: Richardson DC et al (2022), <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-022-14569-0" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">A functional definition to distinguish ponds from lakes and wetlands</a>, Sci Rep, 12, 10472</div><div style="clear: both;"></div></div><div class="post-footer" style="background-color: #eeeeee; border-bottom: 1px solid rgb(238, 238, 238); color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 10.8px; line-height: 1.6; margin: 20px -2px 0px; padding: 5px 10px;"><div class="post-footer-line post-footer-line-1"><span class="post-author vcard" style="margin-left: 0px; margin-right: 1em;">Publié par <span class="fn" itemprop="author" itemscope="itemscope" itemtype="http://schema.org/Person"><a class="g-profile" href="https://www.blogger.com/profile/01509493204609560309" rel="author" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" title="author profile"><span itemprop="name">Hydrauxois</span> </a></span></span><span class="post-timestamp" style="margin-left: -1em; margin-right: 1em;"></span><span class="post-comment-link" style="margin-right: 1em;"></span><span class="post-icons" style="margin-right: 1em;"></span><div class="post-share-buttons goog-inline-block" style="display: inline-block; margin-right: 0px; margin-top: 0.5em; position: relative; vertical-align: middle;"><a class="goog-inline-block share-button sb-email" href="https://www.blogger.com/share-post.g?blogID=4640821211368730404&postID=503749516917960133&target=email" style="background: url("/img/share_buttons_20_3.png") 0px 0px no-repeat !important; color: #2288bb; display: inline-block; height: 20px; margin-left: -1px; overflow: hidden; position: relative; text-decoration-line: none; width: 20px;" target="_blank" title="Envoyer par e-mail"><span class="share-button-link-text" style="display: block; text-indent: -9999px;">Envoyer par e-mail</span></a><a class="goog-inline-block share-button sb-blog" href="https://www.blogger.com/share-post.g?blogID=4640821211368730404&postID=503749516917960133&target=blog" style="background: url("/img/share_buttons_20_3.png") -20px 0px no-repeat !important; 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color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 22px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; font-weight: normal; line-height: normal; margin: 0.75em 0px 0px; position: relative;">Les zones humides peuvent atténuer les sécheresses... mais pas toujours (Wu et al 2023)</h3><div class="post-header" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 10.8px; line-height: 1.6; margin: 0px 0px 1.5em;"><div class="post-header-line-1"></div></div><div class="post-body entry-content" id="post-body-6894173663283590537" itemprop="description articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546.023px;"><div><b>Face aux sécheresses appelées à devenir plus fréquentes et intenses, les politiques publiques de l’eau présentent parfois la recréation de zones humides comme une idée nouvelle susceptible d’apporter la solution au problème. Toutefois, les observations empiriques sont ambivalentes et une modélisation hydrologique par des chercheurs chinois et canadiens vient de le confirmer. Les zones humides tendent à réduire le risque de sécheresse – ce qui légitime l'intérêt de leur protection ou restauration –, mais avec un effet modeste. Et dans certains cas, les zones humides peuvent au contraire aggraver un déficit de débit superficiel autour d’elles. Il ne faut donc pas donner de faux espoirs aux populations et il est nécessaire d’augmenter le niveau de rigueur sur les bilans d’expérimentations dans les bassins versants.</b></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFsE4KbPo8FwB2b90VlocMc22W0udsfOkxd1LcT9RdinuR4FFAQch6xlpbn-7xjnoX4-HWs43nb7u7NImkx5L2w2ycaa7-gL0nteqzcwTYaxVTql425bOH4l2VJNGbuAFUVQXCs2mrq4sssUXKuY0bHI1pydI88oAO8_Abn1GyPqs04igBJnc-ENQQBEip/s1328/1-s2.0-S0022169422015414-ga1_lrg.jpg" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="520" data-original-width="1328" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFsE4KbPo8FwB2b90VlocMc22W0udsfOkxd1LcT9RdinuR4FFAQch6xlpbn-7xjnoX4-HWs43nb7u7NImkx5L2w2ycaa7-gL0nteqzcwTYaxVTql425bOH4l2VJNGbuAFUVQXCs2mrq4sssUXKuY0bHI1pydI88oAO8_Abn1GyPqs04igBJnc-ENQQBEip/w461-h180/1-s2.0-S0022169422015414-ga1_lrg.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="461" /></a></div><br /><div>La sécheresse est un aléa exerçant une pression considérable sur les ressources en eau et les systèmes socio-écologiques. En raison du réchauffement climatique, la fréquence et la gravité des sécheresses ont augmenté au cours des dernières décennies, et ces caractéristiques devraient être encore exacerbées dans les décennies à venir. </div><div><br /></div><div>En prévention des sécheresses, on propose aujourd’hui des solutions fondées sur la nature comme les zones humides. L’idée est que la zone humide ralentit le passage d’une sécheresse météorologique (déficit de pluie) à une sécheresse hydrologique (déficit d’eau superficielle et dans les sols). </div><div><br /></div><div>Toutefois, la littérature scientifique ne donne pas des résultats clairs, certains travaux trouvant même que des zones humides peuvent jouer négativement sur les débits de surface en cas de sécheresse. Yanfeng Wu et ses collègues ont donc creusé le sujet par un modèle hydrologique intégrant les zones humides, dont la qualité de simulation a été confrontée à deux bassins versants (en Chine et au Canada). </div><div><br /></div><div>Voici le résumé de leur étude :</div><blockquote><div><i>"Les zones humides ont été désignées comme une solution potentielle fondée sur la nature pour améliorer la résilience et réduire les risques d'extrêmes hydrométéorologiques. Cependant, si et dans quelle mesure les zones humides peuvent affecter les sécheresses hydrologiques n'est pas bien compris. Pour combler cette lacune, nous avons proposé un cadre général permettant de discerner l'effet des zones humides sur : (i) les caractéristiques (durée, sévérité, processus de développement et de récupération) des sécheresses hydrologiques, et (ii) la propagation des sécheresses météorologiques aux sécheresses hydrologiques. </i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Premièrement, une modélisation hydrologique a été réalisée avec un modèle spatialement explicite intégré à des modules de zones humides. Ensuite, la théorie de la course et la méthode de mise en commun ont été sélectionnées pour reconnaître les événements de sécheresse hydrologique et identifier leurs caractéristiques. En outre, le coefficient de corrélation de Pearson, la méthode de décalage temporel et la transformée en ondelettes croisées ont été utilisés pour explorer les processus de propagation. Enfin, les caractéristiques et les processus de propagation ont été comparés pour quantifier les services d'atténuation des zones humides sur les sécheresses hydrologiques. Pour valider le cadre proposé, deux bassins fluviaux de Chine et du Canada (le Gan River Bain et le Nelson River Bain), avec une couverture terrestre distincte, ont été choisis pour effectuer une modélisation hydrologique et quantifier les effets des zones humides. </i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Les résultats indiquent que les zones humides contribuent principalement à atténuer les sécheresses hydrologiques en ralentissant le processus de développement, en accélérant la récupération, en raccourcissant la durée et en réduisant la gravité des épisodes de sécheresse hydrologique. Cependant, les effets sont variables car ils peuvent avoir des impacts faibles et même aggraver les conditions de sécheresse. Les zones humides peuvent prolonger le temps de propagation de la sécheresse et affaiblir la transition des sécheresses météorologiques aux sécheresses hydrologiques. La probabilité de formation de sécheresse hydrologique due aux conditions météorologiques a diminué de 19% et 18% respectivement, pour le Gan River Bain et le Nelson River Bain, grâce aux services d'atténuation des zones humides. Ces résultats mettent en évidence les rôles d'atténuation de la sécheresse des zones humides et le cadre de modélisation proposé a le potentiel d'être utile pour aider la gestion du bassin sur les risques de sécheresse dans le contexte de l'atténuation du changement climatique."</i></div></blockquote><div><i></i></div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Discussion</span></b></div><div>La discussion publique sur l’eau et les sécheresses parle souvent des « <i>solutions fondées sur la nature</i> ». Mais s’il est aisé d’en comprendre le principe, il est difficile de trouver des bases scientifiques précises sur les mécanismes et, surtout, sur les résultats attendus. Or, à moyens limités et face à un enjeu critique comme l’eau, une politique publique doit garantir l’efficacité de ses investissements. </div><div><br /></div><div>L’étude de Yanfeng Wu et de ses collègues est donc bienvenue. Ses résultats, encore très préliminaires, tendent à confirmer deux intuitions que l’on peut avoir : les zones humides ont un rôle plutôt bénéfique d’atténuation des sécheresses, mais ce rôle reste modeste (ce n’est pas une solution miracle) ; dans certains cas l’effet peut être négatif (c’est une solution à manipuler avec précaution). </div><div><br /></div><div>Nous souhaitons donc que les politiques publiques de l’eau accordent davantage d’importance à la nécessité de collecter des données précisés sur des expériences pilotes avant de généraliser à tous les bassins versants des outils dont on ne maîtrise pas vraiment les conditions d’efficacité. Les zones humides ont toutes sortes d’intérêt, y compris pour la riche biodiversité qu’elles hébergent. Mais si la promesse première est de sécuriser l’eau pour la société et le vivant, c’est ce critère hydrologique qu’il convient d’analyser plus en détail.</div><div><br /></div><div><b>Référence </b>: Wu Y, et al (2023), <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0022169422015414" style="color: #33aaff;" target="_blank">Wetland mitigation functions on hydrological droughts: From drought characteristics to propagation of meteorological droughts to hydrological droughts</a>, Journal of Hydrology, 617, 128971.</div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-45185097785645527842023-07-25T07:56:00.001+02:002023-08-17T07:57:07.424+02:00Faible impact d'un moulin à eau sur la température de la rivière (Donati et al 2023)<p><b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">Etudiant un moulin à eau dont le seuil et la retenue sont typiques de ce patrimoine hydraulique, des chercheurs ont analysé son impact sur les températures de l'eau. Leur travail très précis montre un impact faible en moyenne journalière, variable en tranche horaire et selon le niveau de la colonne d'eau, avec parfois des réchauffements et des refroidissements. Les auteurs concluent au faible effet thermique global de ce type de moulins à eau. Ces études sur les ouvrages hydrauliques sont à généraliser, car les politiques publiques les concernant ont une base scientifique faible en données, ainsi que des biais bien identifiés. </b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-3770353969579033294" itemprop="description articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546.023px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQkAy4RSoIrqHGrLiVIw1nYax5JRnUc1rhz1NLqobonHwt3uJGcGoP_cYJW7MvUDPdtRbg97zTN0qnW8MFmc9MNyXeyhdoVp0VUWm8bHwVyATu1plrDSTMdVUZZrRbI0v3j9PH_HfI8CdtaGbL03A2Eqgyhrk4upqZUdmfIB5fcGWv1zapdwdMhqwUjeVA/s958/thevalles_donati_2023.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="534" data-original-width="958" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQkAy4RSoIrqHGrLiVIw1nYax5JRnUc1rhz1NLqobonHwt3uJGcGoP_cYJW7MvUDPdtRbg97zTN0qnW8MFmc9MNyXeyhdoVp0VUWm8bHwVyATu1plrDSTMdVUZZrRbI0v3j9PH_HfI8CdtaGbL03A2Eqgyhrk4upqZUdmfIB5fcGWv1zapdwdMhqwUjeVA/w469-h262/thevalles_donati_2023.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="469" /></a></div><br /><div style="text-align: center;"><i>Le moulin étudié sur l'Erve en Mayenne, photos et illustrations extraites de Donati et al 2023, art. cit.</i></div><div><br /></div><div>La question de l'impact des retenues d'eau sur le régime thermique des rivières est souvent évoquée, mais il existe encore peu de données précises de terrain. C'est le cas en particulier pour les moulins à eau, qui forment avec les étangs l'une des principales sources de retenues en lit mineur de rivière. </div><div><br /></div><div>Sept chercheurs (Francesco Donati, Laurent Touchart, Pascal Bartout, Quentin Choffel, François Le Cor, Célia Carceles et Alban Cairault) ont procédé à une analyse détaillée d'un moulin de la rivière Erve. Le moulin de Thévalles est situé sur cet affluent de rive droite de la Sarthe, dont le bassin versant couvre 380 km2. À son exutoire, la rivière a une longueur de 71 km et un module de 2,72 m3/s – "<i>dans la classe des cours d'eau mésoréiques modérés, l'une des plus répandues en métropole</i>"; précise l'étude. </div><div><br /></div><div>Le moulin exploite le cours d'eau grâce à un seuil de 10 m de large et 2 m de haut. La hauteur nette de la chute du déversoir varie de 1,40 à 1,50 m en débit moyen. En période de hautes eaux, la chute peut disparaître par effacement de la différence entre l’amont et l’aval. Au centre du lit, deux vannes de décharge servent à vidanger la retenue. La surverse se fait à un niveau égal à celui du seuil en rivière. Au niveau du moulin proprement dit, une vanne ouvrière permet la mise en mouvement de la roue hydraulique, d'un diamètre de 5,60 m. La retenue créé par le seuil a une surface de 2 ha, une longueur de 1500 m et un volume de 31000 m3. Ces caractéristiques placent plutôt le moulin à eau étudié dans la catégorie des ouvrages les plus importants de ce type. Donc a priori les plus impactants pour la grandeur ici étudiée, à savoir la température de l'eau. </div><div><br /></div><div>Cette température de l'eau a été mesurée sur une année complète par des chaînes de 6 capteurs à différentes profondeurs, avec un point de mesure dans la retenue, un point de mesure à 100 m en amont du remous de la retenue, un autre à 100 m en aval du seuil, dans l'émissaire. "<i>Grâce à cette méthodologie, 75177 données de température ont été collectées pour l'ensemble des stations de mesures pendant la période d'observation. Elles donnent un aperçu des effets du moulin et de ses annexes sur la température de l'eau</i>", notent les auteurs.</div><div><br /></div><div>Voici leurs principales conclusions :</div><div><br /></div><div><i>"L'étude menée au niveau du moulin de Thévalles, un site assez représentatif de la réalité française en termes d'hydrologie et d'infrastructures qui l'équipent, donne un aperçu inédit des effets thermiques de ce type d'ouvrage, notamment en ce qui concerne les moments de fonctionnement de leur roue hydraulique. Des effets sur la température de l'eau ont été observés uniquement pendant l'été et le début de l'automne, quand la retenue de seuil qui s'étale à l'amont du moulin était stratifiée. Pendant les périodes d'inactivité du moulin, les eaux rejetées par le seuil en rivière ont engendré à la fois des réchauffements et des refroidissements de l'eau, perceptibles uniquement à l'échelle horaire et rarement supérieurs au degré centigrade. Pendant les périodes d'activité du moulin, les eaux qui franchissent la vanne de fond et actionnant la roue hydraulique ont eu un effet à peine observable sur la température de l'eau du tributaire, majoritairement dû à l'effet dilution des eaux rejetées par le seuil en rivière. Ainsi, bien que d'autres études soient sans doute nécessaires pour pouvoir les confirmer, les résultats obtenus montrent une faible emprise de l'activité des moulins à eau sur la température de l'eau pour des rivières comme l'Erve."</i></div><div><br /></div><div>Plus en détail, la recherche montre qu'il existe une amplitude thermique entre la température de surface et la température de fond (image ci-dessous, cliquer pour agrandir), surtout marquée en été. Cela souligne qu'un seul point de mesure ne permet pas forcément de trancher. Et que le régime des petites retenues est complexe, avec une stratification thermique à variation saisonnière. </div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8PflUtZQRARTb76qwuY535E7WaENeOd-yVGBlQzkNTgnxEKGWSj5-S4-PnBsgF4SJJjseZ0mMa02FyeaaLQOOohZSVVWxyEC0tFetr_9RjOEUEiOyaWuwiEOJ1muZFk-SWeeNoyt1txJOpzlSDD_ZhhsIXsA2-_7NeKLrEkfgDlINEO2On5ldsS4_Y93m/s914/donato_2023_amplitude_01.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="295" data-original-width="914" height="151" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8PflUtZQRARTb76qwuY535E7WaENeOd-yVGBlQzkNTgnxEKGWSj5-S4-PnBsgF4SJJjseZ0mMa02FyeaaLQOOohZSVVWxyEC0tFetr_9RjOEUEiOyaWuwiEOJ1muZFk-SWeeNoyt1txJOpzlSDD_ZhhsIXsA2-_7NeKLrEkfgDlINEO2On5ldsS4_Y93m/w469-h151/donato_2023_amplitude_01.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="469" /></a></div><br /><div><br /></div><div>Cette autre figure montre la différence de température dans la colonne d'eau un jour d'été. </div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyrtONrMi4gv7i4r7Q1myrdfiwg7i9XR9-vrjbcAFQnzj1UD2D_cmhryOXR95650_SO1U3JI_xVi02kaijVQj4wXmdrUrGSoPr-H2h_c-d5pPdwpUxXZ09v7wc6yaGkjPPJtgFHZq5BbL9y2wA-V80nWbhOjmBO6MDG6W0FavFDhtGhpYyvnIwrL3wnnFJ/s830/donato_2023_amplitude_02.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="576" data-original-width="830" height="311" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyrtONrMi4gv7i4r7Q1myrdfiwg7i9XR9-vrjbcAFQnzj1UD2D_cmhryOXR95650_SO1U3JI_xVi02kaijVQj4wXmdrUrGSoPr-H2h_c-d5pPdwpUxXZ09v7wc6yaGkjPPJtgFHZq5BbL9y2wA-V80nWbhOjmBO6MDG6W0FavFDhtGhpYyvnIwrL3wnnFJ/w449-h311/donato_2023_amplitude_02.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="449" /></a></div><div><br /></div><div>Si l'écart moyen journalier est faible entre l'amont et l'aval, il peut varier au sein de la journée, avec des hausses ou des baisses comme le montre cette autre figure ci-dessous (cliquer pour agrandir). </div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUA5DpAlTsguUhA2PyiLBbE427VRVHQ3Pz3WEaY-O5RtuVn6QnFuq9RM83ORLZCdXf01dx74d43ZcA1Sv7Tws8I1xJIjNLgtT9BIuEnAwzLr518sb5tpdr9xYj3aPCOyWxRNyoD82c6820KOnZKJ-rMD0a3Kcw0HjiDx1zozLyKjnfMNTxoGVOokae-vYL/s940/donato_2023_amont_aval_03.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="159" data-original-width="940" height="79" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUA5DpAlTsguUhA2PyiLBbE427VRVHQ3Pz3WEaY-O5RtuVn6QnFuq9RM83ORLZCdXf01dx74d43ZcA1Sv7Tws8I1xJIjNLgtT9BIuEnAwzLr518sb5tpdr9xYj3aPCOyWxRNyoD82c6820KOnZKJ-rMD0a3Kcw0HjiDx1zozLyKjnfMNTxoGVOokae-vYL/w471-h79/donato_2023_amont_aval_03.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="471" /></a></div><div><br /></div><div>Le tableau ci-dessous montre finalement les températures moyennes mensuelles à l'amont et à l'aval de la retenue de seuil de Thévalles pendant les périodes d'inactivité du moulin :</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6j24uT7bhMBz4cdhLci8ar3sgU1ZMyHPqWSQwv9j8tt4iZdrnjz1T-f4cTiSI7kLR7QKpHkYBL_DAKHb6TKTF-AMozudfljmWlV-5iJ8ypG4flydcdk0thPG9upwFAA-7DZW5-4NZqrvRDikf33KB4dgyQ9p4Z8D6vNYyiCYrYFMKPl33qPi2pKw8oMPL/s1516/donati_2023_moye_mens.jpg" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="593" data-original-width="1516" height="178" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6j24uT7bhMBz4cdhLci8ar3sgU1ZMyHPqWSQwv9j8tt4iZdrnjz1T-f4cTiSI7kLR7QKpHkYBL_DAKHb6TKTF-AMozudfljmWlV-5iJ8ypG4flydcdk0thPG9upwFAA-7DZW5-4NZqrvRDikf33KB4dgyQ9p4Z8D6vNYyiCYrYFMKPl33qPi2pKw8oMPL/w455-h178/donati_2023_moye_mens.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="455" /></a></div><br /><div><br /></div><div>Les auteurs remarquent : "<i>Pour mieux comprendre l'ampleur des effets thermiques engendrés par la retenue de seuil de Thévalles quand le moulin n'est pas en activité, nous les avons comparés à ceux observés par L. TOUCHART (2001) au niveau de l'étang du Theil, dans le département de la Haute- Vienne. En effet, ce plan d'eau présente un volume (23300 m3) similaire à celui de la retenue de Thévalles et il est équipé d'un déversoir de surface, dont le fonctionnement est similaire à celui d'un seuil en rivière. À l'échelle journalière, cet étang réchauffe son émissaire de mars à octobre et le refroidit de novembre à février : juin est le mois où l'on observe les augmentations de température les plus fortes, +6,97°C en moyenne, alors que janvier est celui où les diminutions de température sont les plus marquées, -2,19°C en moyenne. Sur trois années de mesure, le réchauffement moyen de l'émissaire a été de 2,1°C. En raison de ces considérations, nous pouvons affirmer que l'effet des moulins sur la température des cours d'eau quand ils ne sont pas en activité semblerait être faible, voire négligeable comparé à d'autres facteurs pouvant altérer la température de l'eau (radiation solaire, température de l'eau, ripisylve), du moins pour ce qui concerne les rivières qui présentent des conditions similaires à celles de l'Erve.</i>"</div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Discussion</span></b></div><div>Aussi surprenant que cela puisse paraître, les politiques publiques concernant les ouvrages hydrauliques (directive cadre européenne sur l'eau 2000, loi française sur l'eau 2006) ont été lancées sur une base scientifique faible. Les retenues sont très nombreuses (sans doute <a href="http://www.hydrauxois.org/2020/06/linterpretation-francaise-de-la.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">un demi-million en France sur lit mineur ou en connexion directe de lit mineur</a>), mais elles sont très peu étudiées, contrairement à d'autres milieux (rivière, lac, estuaire). Dans les travaux qui se publient et qui informent les politiques publiques, ces retenues sont presque toujours analysées sous un angle naturaliste et ichtyologique assez ciblé (la déviation locale de population biologiques en lien à un ouvrage, en particulier les assemblages de poissons ou les poissons migrateurs), mais elles ne sont pas considérées comme des biotopes à part entière dont les propriétés physiques, chimiques, biologiques doivent être inventoriées et comprises avec précision. Au demeurant, les <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/08/les-sciences-sociales-et-humanites-de.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">sciences sociales de l'eau sont aussi très lacunaires</a> concernant les représentations, pratiques et usages de la petite hydraulique. Pourtant, l'ouvrage en rivière est au centre de nombreux choix publics sur l'énergie, le patrimoine, le paysage, la régulation de l'eau, la biodiversité, le tourisme, les loisirs et agréments. Mais cette complexité a été gommée au profit d'un discours simpliste ne voyant qu'un "<i>obstacle à l'écoulement</i>". </div><div><br /></div><div>Ce travail mené par Francesco Donati et ses collègues est donc précieux. Il confirme ce que pressentait le sens commun, à savoir que l'effet d'un ouvrage est proportionné en premier ordre à ses dimensions. L'hydraulique ancienne est de taille modeste, pas si différente de phénomènes naturels comme des barrages d'embâcles ou de castors : on ne s'attend donc pas à des impacts très significatifs, hors la création d'un milieu propre (retenue, bief) qui aura localement un fonctionnement et un peuplement un peu différents des tronçons non barrés de la rivière en amont et en aval. </div><div><br /></div><div>Nous souhaitons la généralisation de tels travaux, tant au plan de la recherche scientifique que dans les programmes d'acquisition de données des syndicats de rivières, fédérations de pêche, bureaux d'études, agences de l'eau, offices de la biodiversité, conservatoires d'espaces naturels et autres acteurs locaux de l'eau. Nous souhaitons également que certains biais de perception et de représentation disparaissent dans la conception des politiques publiques, en particulier l'incroyable négligence des milieux semi-anthropisés et anthropisés, qui forment l'essentiel des linéaires de rivière et plans d'eau dans les bassins versants à très ancienne occupation humaine. Nous avons grand besoin d'une écologie, d'une hydrologie, d'une géographie et d'une sociologie des milieux hybrides comme les retenues et biefs de moulins, mais aussi tout le reste du patrimoine hydraulique et des écosystèmes transformés par les occupations successives des bassins versants. </div><div><br /></div><div><b>Référence </b>: Donati F. et al (2023), <a href="https://journals.openedition.org/physio-geo/15471" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Les effets des moulins à eau sur la température des cours d'eau : l'exemple du moulin de Thévalles</a>, Physio-Géo, 19, 1, 65-82</div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">A lire sur le même thème</span></b></div><div><a href="http://www.hydrauxois.org/2019/12/les-retenues-de-moulins-sont-elles.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Les retenues des moulins sont-elles lentiques, lotiques ou mixtes? (Donati et al 2019)</a> </div><div><a href="http://www.hydrauxois.org/2020/03/effet-de-petits-barrages-sur-la.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Effet de petits barrages sur la température estivale de l'eau en rivières de Bresse (Chandesris et al 2019) </a></div><div><a href="http://www.hydrauxois.org/2020/06/limpact-sedimentaire-des-moulins-et.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">L'impact sédimentaire des moulins et petits ouvrages anciens de rivière a été surestimé (Peeters et al 2020)</a></div><div><a href="http://www.hydrauxois.org/2021/05/les-ouvrages-hydrauliques-rechauffent.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Les ouvrages hydrauliques réchauffent ou refroidissent l'eau selon leur nature (Seyedhashemi et al 2021)</a> </div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-2573406637111327542023-07-13T07:58:00.001+02:002023-08-17T07:58:57.341+02:00Le règlement européen de restauration de la nature voté dans la douleur, premiers commentaires du texte<p> </p><h3 class="post-title entry-title" itemprop="name" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 22px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; font-weight: normal; line-height: normal; margin: 0.75em 0px 0px; position: relative;"><b style="font-size: 13.2px;">Signe des temps : le règlement européen « Restaurer la nature » a été adopté à une très courte majorité par le parlement européen, et amendé de diverses limitations. Nous exposons ici ses mesures applicables dans le cas des cours d’eau. Ce règlement risque de généraliser les conflits sociaux et judiciaires déjà observés en France, en Espagne et dans les pays menant des politiques agressives de destruction du patrimoine hydraulique, du potentiel hydro-électrique et des retenues d’eau, au nom de la vision théorique d’une nature sans humain, sans histoire et sans usage. Mais il présente aussi des garde-fous qui vont obliger l'administration française à changer ses méthodes autoritaires et opaques dans la construction de ses politiques publiques.</b></h3><div class="post-body entry-content" id="post-body-5500391407571813831" itemprop="description articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546.023px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0Yzt8dS0e8KRFNdMKd4kcN9_U9yKPIPgnRcqtisQKJdLDIoFM2hSEvP-w8_pitii-giUm8pxBlFQAix_RMGnGy5SME0MmPknZqNDxf7bkr406Sw_y6PIe6p13gVZqZrMTCNgtsfs9IHON6cI_sn6z126rRVJrOW6HdHexZ9ZAuVD_Rn5EQvTSgtUyJ-KP/s1352/F01dH2kWIAYmkLT.jpg" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="845" data-original-width="1352" height="294" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0Yzt8dS0e8KRFNdMKd4kcN9_U9yKPIPgnRcqtisQKJdLDIoFM2hSEvP-w8_pitii-giUm8pxBlFQAix_RMGnGy5SME0MmPknZqNDxf7bkr406Sw_y6PIe6p13gVZqZrMTCNgtsfs9IHON6cI_sn6z126rRVJrOW6HdHexZ9ZAuVD_Rn5EQvTSgtUyJ-KP/w470-h294/F01dH2kWIAYmkLT.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="470" /></a></div><br /><div>Le Règlement de restauration de la nature a été adopté par une très courte majorité au Parlement européen, dans une version modifiée du texte initialement proposé par la Commission européenne. La phase suivante vers une adoption définitive est le trilogue entre le conseil des Etats, la Commission et le Parlement. Cette phase est encore incertaine car 6 pays vont connaître prochainement des élections (dont l'Espagne où les enjeux de l'eau ont été au coeur des élections récentes et de la crise gouvernementale). </div><div><br /></div><div>Notre association a exprimé ses <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/12/leurope-va-t-elle-voter-en-catimini-la.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">critiques</a> sur l’édifice intellectuel du texte Restore Nature, fondé sur une <a href="http://www.hydrauxois.org/2020/09/lopposition-nature-societe-comme-erreur.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">opposition théorique de la nature et de l’humanité</a> ne correspondant pas à la réalité hybride des milieux et nourrissant <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/12/lechec-francais-de-la-continuite-des.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">une vision socialement conflictuelle de l’écologie</a>. De plus, le texte ignore totalement <a href="http://www.hydrauxois.org/2018/01/rapport-sur-la-biodiversite-et-les_18.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">la biodiversité et les services écosystémiques des milieux aquatiques anthropisés</a> alors que ceux-ci sont largement attestés dans la littérature scientifique. Hélas, la direction générale environnement de la Commission a choisi ses experts lors de la conception du texte, ce défaut de pluralisme à la source devant être soit corrigé soit publiquement dénoncé pour la future révision de la directive cadre sur l’eau. Et les parlementaires manquent de compréhension des réalités concernées par les projets normatifs, donc un travail de pédagogie est nécessaire pour l’avenir.</div><div><br /></div><div>Concernant les ouvrages et les cours d’eau, voici un aperçu du texte tel qu’il est adopté par le Parlement européen, avec quelques commentaires. </div><div><br /></div><div><i><b></b></i></div><blockquote><div><i><b>Article 1er</b></i></div><div><i>2 bis. Le présent règlement doit créer des synergies et être cohérent avec la législation existante et en cours, en tenant compte des compétences nationales, et garantir la consistance et la compatibilité avec la législation de l’Union concernant, entre autres, les énergies renouvelables, les produits phytopharmaceutiques, les matières premières critiques, l’agriculture et la foresterie. </i></div></blockquote><div><i></i></div><div>Les mesures de restauration de nature ne doivent pas s’opposer aux mesures de développement des énergies renouvelables. </div><div><br /></div><div><i></i></div><blockquote><div><i><b>Article 4</b></i></div><div><i>10 bis. Lors de l’élaboration des mesures qu’ils sont tenus d’adopter au titre du présent article, les États membres prennent en considération les exigences économiques, sociales et culturelles, ainsi que les particularités régionales et locales, conformément à l’article 2, paragraphe 3, de la directive 92/43/CEE. </i></div></blockquote><div><i></i></div><div>Les mesures de restauration de nature doivent se plier aux exigences économiques, sociales et culturelles, ce qui dans le cas du patrimoine hydraulique limite l’intervention à des ouvrages dont il est démontré que l’intérêt dans ces trois dimensions n’existe pas.</div><div><br /></div><div><i></i></div><blockquote><div><i><b>Article 5 bis</b></i></div><div><i>Énergie produite à partir de sources renouvelables </i></div><div><i>Aux fins de l’article 4, paragraphes 8 et 8 bis et de l’article 5, paragraphes 8 et 8 bis, la planification, la construction et l’exploitation d’installations de production d’énergie à partir de sources renouvelables, le raccordement de ces installations au réseau et le réseau connexe proprement dit, ainsi que les actifs de stockage, sont présumés relever d’un intérêt public supérieur. Les États membres peuvent les exempter de l’obligation de prouver qu’il n’existe pas de solution de remplacement moins préjudiciable au titre de l’article 4, paragraphes 8 et 8 bis, et de l’article 5, paragraphes 8 et 8 bis, si une évaluation environnementale stratégique a été réalisée conformément aux conditions énoncées dans la directive 2001/42/CE ou s’ils ont fait l’objet d’une évaluation des incidences sur l’environnement conformément aux conditions énoncées dans la directrice (UE) 2011/92. Les États membres peuvent, dans des circonstances dûment justifiées et spécifiques, limiter l’application des présentes dispositions à certaines parties de leur territoire ainsi qu’à certains types de technologies ou à des projets présentant certaines caractéristiques techniques conformément aux priorités énoncées dans leurs plans nationaux intégrés en matière d’énergie et de climat, conformément au règlement (UE) 2018/1999. Les États membres informent la Commission des limites appliquées et les justifient.</i></div></blockquote><div><i></i></div><div>Cette disposition renforce l’article 1er et rappelle que les mesures de restauration de nature ne peuvent aller à l’encontre de l’intérêt public supérieur des énergies renouvelables. Elle laisse aux Etats-membres le soin de préciser les énergies ayant la primauté dans leurs plans énergie-climat. </div><div><i></i></div><blockquote><div><i><b>Article 7</b></i></div><div><i>Restauration de la connectivité naturelle des cours d’eau et des fonctions naturelles des plaines inondables adjacentes </i></div><div><i>1. Les États membres réalisent un inventaire des obstacles artificiels à la connectivité des eaux de surface, en tenant compte de leurs fonctions socio-économiques, et recensent les obstacles qui doivent être supprimés pour contribuer à la réalisation des objectifs de restauration fixés à l’article 4 du présent règlement et de l’objectif consistant à rétablir au moins 25 000 km de cours d’eau à courant libre sur le territoire de l’Union d’ici à 0, sans préjudice de la directive 2000/60/CE, et notamment de son article 4, paragraphes 3, 5 et 7, ni du règlement 1315/2013, et notamment de son article 15.</i></div><div><i>2. Les États membres suppriment les obstacles artificiels à la connectivité des eaux de surface sur la base de l’inventaire visé au paragraphe 1 du présent article, conformément au plan de suppression visé à l’article 12, paragraphe 2, points e) et f). Lorsqu’ils suppriment ces obstacles, les États membres visent principalement les obstacles obsolètes, c’est-à-dire ceux qui ne sont plus nécessaires pour la production d’énergie renouvelable, pour la navigation intérieure, pour l’approvisionnement en eau, pour la protection contre les inondations ou pour d’autres usages.</i></div><div><i>3. Les États membres complètent la suppression des obstacles visés au paragraphe 2 par les mesures nécessaires à l’amélioration des fonctions naturelles des plaines inondables adjacentes.</i></div><div><i>4. Les États membres veillent à ce que la connectivité naturelle des cours d’eau et les fonctions naturelles des plaines inondables adjacentes restaurées conformément aux paragraphes 2 et 3 soient maintenues.</i></div></blockquote><div>Notons d’abord que 25 000 km de cours d’eau libre à échelle de l’Europe représente un objectif à décliner au pro rata de chaque linéaire national. La France a en quelque sorte surtransposé l’objectif à l’avance puisqu’elle a <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/11/voici-dix-ans-le-classement-aberrant-de.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">classé en continuité écologique de liste 2 environ l’équivalent de ce linéaire total, mais pour notre seul pays</a>. Ce qui rappelle au passage la dimension assez radicale et hors-sol de l’administration de l’eau en France, puisqu’elle prétendait en 2012 faire en 5 ans et dans un seul pays ce que l’Europe envisage en 10 ans et pour toute l’Union.</div><div><br /></div><div>Notons ensuite que, pour les autorités européennes, une rivière qui n'aurait pas d'obstacle mais serait par ailleurs polluée ou privée d'eau la moitié de l'année par des usages excessifs serait néanmoins "restaurée". Cette focalisation obsessionnelle sur la connectivité est intellectuellement aberrante et <a href="http://www.hydrauxois.org/2015/10/idee-recue-02-les-seuils-et-barrages.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">scientifiquement infondée</a>, les études montrant que les premiers impacts sur la biologie aquatique viennent des polluants et des usages du sol en bassin versant, pas des ouvrages transversaux.</div><div><br /></div><div>Les notions d’ «<i>obstacle à la connectivité</i>» et de «<i>suppression d’obstacle</i>» ne sont pas définies. En revanche la notion de «<i>cours d’eau à courant libre</i>» est définie (article 3 du Règlement) de la sorte «<i>un cours d’eau ou un tronçon de cours d’eau dont la connectivité longitudinale, latérale et verticale n’est pas entravée par des structures artificielles formant un obstacle et dont les fonctions naturelles ne sont quasiment pas affectées</i>». La définition est donc quelque peu circulaire et mal spécifiée. La jurisprudence française a déjà établi qu’<a href="http://www.hydrauxois.org/2021/02/le-conseil-detat-annule-la-redefinition.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">un ouvrage n’est pas forcément en soi un obstacle ou une entrave à la connectivité (circulation de l’eau, des sédiments, des espèces), ce point devant être démontré au cas par cas</a>. Par ailleurs la suppression de l’entrave à la continuité n’implique pas la suppression de tout l’ouvrage si la connectivité est assurée par des dispositifs ad hoc. Si besoin, la justice devra préciser ce point.</div><div><br /></div><div>Concernant les obstacles visés, ils doivent être «<i>obsolètes</i>» et ne pas avoir des «<i>usages</i>». Cela exclut a priori la majeure partie des ouvrages existants. </div><div><br /></div><div>Le règlement Restore Nature est silencieux sur la compatibilité de la notion de suppression d’obstacle (dans l’hypothèse d’une destruction physique) avec le droit de propriété, alors qu’un ouvrage est assimilable à une propriété (et crée un droit réel immobilier dans le cas des droits d’eau en France). Ce point devra lui aussi être précisé le cas échéant en justice. </div><div><br /></div><div>Enfin, il est demandé de compléter la suppression d’un obstacle par la restauration de la plaine inondable adjacente, ce qui ne manquera pas d’augmenter le coût de chaque chantier et, dans le cas des arasements de seuils, d’éviter des chantiers bâclés et contre-productifs ne faisant qu’inciser les lits. La connectivité des cours d'eau va coûter de plus en plus cher, ce qui justifie des objectifs assez modestes compte tenu des problèmes de financements publics de la transition en Europe. </div><div><br /></div><blockquote><div><i><b>Article 11</b></i></div><div><i>Préparation des plans nationaux de restauration </i></div><div><i>1. Les États membres élaborent des plans nationaux de restauration et effectuent la surveillance et les recherches préparatoires permettant de déterminer les mesures de restauration nécessaires pour contribuer aux objectifs de l’Union et répondre aux obligations énoncées aux articles 4 à 10, en tenant compte des données scientifiques les plus récentes, des besoins des communautés locales, y compris des communautés locales urbaines, des mesures présentant le meilleur rapport coût-efficacité et de l’incidence socio-économique desdites mesures. Il est indispensable que les parties prenantes, notamment les propriétaires fonciers et les gestionnaires de terres, participent de manière appropriée à chaque étape du processus. </i></div><div><i>(…)</i></div><div><i>11. Les États membres veillent à ce que l’élaboration du plan de restauration soit ouverte, transparente, inclusive et efficace et à ce que le public, en particulier les propriétaires fonciers, les gestionnaires de l’occupation du sol, les acteurs du secteur maritime et d’autres acteurs pertinents, tels que les services de conseil et de vulgarisation, conformément au principe de consentement préalable et éclairé, disposent, à un stade précoce, de possibilités effectives de participer à l’élaboration du plan. Les autorités régionales et locales ainsi que les autorités de gestion concernées sont dûment associées à l’élaboration du plan. Les consultations respectent les exigences énoncées dans la directive 2001/42/CE. </i></div></blockquote><div>Cet article exige que chaque propriétaire soit associé au plan de restauration de la nature et cela dès la phase de son élaboration, à chaque étape du processus. Être associé ne signifie évidemment pas être informé que sa propriété est concernée sans avoir eu des échanges préalables à ce sujet. Cela implique que la France ne peut réputer son actuel plan de restauration de continuité écologique des cours d’eau comme valant réponse à ce règlement de restauration de nature, puisque de manière démontrable en justice, chaque propriétaire n’a pas participé de manière ouverte, transparente et inclusive à chaque étape du processus. </div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Le monde européen des ouvrages et de leurs riverains doit se mobiliser à Bruxelles et Strasbourg</span></b></div><div>Pour la suite, nous évaluons avec nos conseillers juridiques l’opportunité de demander l’annulation partielle du texte s’il devait être promulgué en l’état, essentiellement dans ses dimensions floues et litigieuses de l’article 7. Cette démarche permettrait au juge, même s’il n’annule pas le texte, de clarifier dans quelles conditions une injonction à «<i>suppression</i>» d’obstacle est compatible avec le droit. </div><div><br /></div><div>En cas d'adoption définitive du règlement, nous demanderons au gouvernement français d'en respecter strictement les conditions d'application, notamment l'association systématique des propriétaires concernés à toutes les étapes d'élaboration ainsi que le respect des usages des ouvrages. </div><div><br /></div><div>Les mêmes causes produisant les mêmes effets, de nombreux pays européens devraient connaître les conflits sociaux et juridiques liés à la politique aberrante de suppression des ouvrages hydrauliques en pleine phase de changement climatique, de stress hydrique et de transition énergétique. Ce doit être l’occasion pour le mouvement des ouvrages de se structurer à échelle européenne et, surtout, de peser à Bruxelles et à Strasbourg afin d’exposer les réalités ignorées ou niées par certaines administrations et certains acteurs de l’écologie. </div><div><br /></div><div>Les prochaines échéances sont les nouvelles élections de 2024 au plan politique, et au plan juridique la révision déjà amorcée de la directive cadre européenne sur l'eau, qui arrive au terme de sa planification 2000-2027.</div><div><br /></div><div>Nous devons dès à présent organiser la mise sous surveillance et si besoin sous pression de la direction générale environnement de la Commission européenne, afin de garantir une prise en compte complète des données de la science, et non plus une sélection d'analyses d'orientation naturaliste qui semblent voir dans un improbable retour à un état passé du vivant et des milieux la priorité environnementale de l'Europe au 21e siècle. En outre, ce naturalisme de vitrine sert souvent d'alibi à des logiques productivistes qui n'engagent pas une réflexion de fond sur la durabilité de nos sociétés, de leurs pratiques et de leurs milieux.</div><div><br /></div><div><b>A lire pour comprendre les enjeux eau, connectivité et usages :</b></div><div><a href="http://www.hydrauxois.org/2022/12/lechec-francais-de-la-continuite-des.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">L'échec français de la continuité des rivières par destruction de seuils et barrages, une leçon pour l'Europe</a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhg3iBEDCO6Ftx9u_Xv5rakPiqJwEj926vMeCtWnesUpOUdMOSgS9NvDeoMrE2wfxTNGJay5sF3QKbyOPwxDzoG29-42yMr5Kc0rdQkG2brVLG5hg1Anna1cO74K-vBSGnOSMALmJ7OOBPxlYvrm4I6nUGXwa4pd5pZ__zsfQa2GRPht9-HPSe1Ojs1Uwdf/s1043/couv_echec_2022.PNG" style="color: #33aaff; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="586" data-original-width="1043" height="267" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhg3iBEDCO6Ftx9u_Xv5rakPiqJwEj926vMeCtWnesUpOUdMOSgS9NvDeoMrE2wfxTNGJay5sF3QKbyOPwxDzoG29-42yMr5Kc0rdQkG2brVLG5hg1Anna1cO74K-vBSGnOSMALmJ7OOBPxlYvrm4I6nUGXwa4pd5pZ__zsfQa2GRPht9-HPSe1Ojs1Uwdf/w475-h267/couv_echec_2022.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="475" /></a></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-69514813379035685972023-07-11T08:53:00.001+02:002023-07-13T08:54:36.736+02:00Un déversoir en rivière ralentit les invasions d'espèces indésirables (Daniels et al 2023)<p> <b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">Un modèle sur la prévention des invasions par écrevisse signal confirme que les seuils en rivière ont un effet d'atténuation. Ce qui a déjà été observé sur le terrain pour diverses espèces invasives. Les chercheurs demandent de prendre aussi en compte les impacts positifs et capacité de régulation des ouvrages hydrauliques dans les politiques publiques les concernant. </b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-6943898124486047525" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546.023px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7olOGmx80GT1mqGBI5Yx5hRqghpKRZlavGBRSmvBRY9i-DHJMpMNSaTxgtsx4nzBN1LY23JoJouotA922jVWO8QckGdtp4_p48S7BCaOBq4ebb9Z_vJ3NZj-3JXw40KZbH2NXWcEJmhT90uy0lzMQCLJ_GKLdL_XED2yuRiE5txbzHPR1vkg6zmCYYLfb/s1129/ecrevisse_invasoive.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="636" data-original-width="1129" height="292" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7olOGmx80GT1mqGBI5Yx5hRqghpKRZlavGBRSmvBRY9i-DHJMpMNSaTxgtsx4nzBN1LY23JoJouotA922jVWO8QckGdtp4_p48S7BCaOBq4ebb9Z_vJ3NZj-3JXw40KZbH2NXWcEJmhT90uy0lzMQCLJ_GKLdL_XED2yuRiE5txbzHPR1vkg6zmCYYLfb/w520-h292/ecrevisse_invasoive.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="520" /></a></div><div><br /></div><div style="text-align: center;"><i>Source photo : <a href="http://especes-exotiques-envahissantes.fr/espece/pacifastacus-leniusculus/" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">Centre de ressources Espèces exotiques envahissantes</a>. </i></div><div style="text-align: center;"><br /></div><div>L'écrevisse signal, aussi appelée écrevisse de Californie ou ou écrevisse du Pacifique (Pacifastacus leniusculus) est une espèce de crustacés décapode originaire du nord-ouest de l'Amérique du Nord, mais introduite dans plusieurs autres régions du monde. En Europe, l'écrevisse signal est inscrite depuis 2016 dans la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes. Des chercheurs ont simulé le rôle d'ouvrages hydrauliques sur une rivière, par un modèle calé sur observations empiriques, pour vérifier si l'invasion des écrevisses est modifiée par leur présence.</div><div><br /></div><div>Voici le résumé de leur étude :</div><blockquote><div><i>"Les espèces envahissantes et les infrastructures fluviales sont des menaces majeures pour la biodiversité des eaux douces. Ces facteurs de stress sont généralement considérés isolément, mais la construction et l'entretien des infrastructures fluviales peuvent à la fois favoriser et limiter l'expansion des espèces envahissantes. Les limites spatiales et temporelles des études en laboratoire et sur le terrain, associées à une faible prise en compte des réponses au niveau de la population (par exemple, le taux d'invasion), ont une compréhension limitée de l'efficacité de l'infrastructure pour le confinement à long terme des espèces envahissantes à l'échelle du bassin versant.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Cette étude a utilisé un modèle basé sur l'individu (IBM) pour étudier la capacité d'une barrière fluviale partielle à contenir la propagation d'espèces envahissantes à de grandes échelles spatio-temporelles, en utilisant l'écrevisse signal américaine Pacifastacus leniusculus comme espèce modèle. Le modèle de base (sans barrière) a recréé avec précision les taux d'expansion longitudinale des écrevisses signal signalés dans la littérature existante. Une barrière fluviale virtuelle a été ajoutée au modèle de base, avec un passage au niveau de la structure paramétré à l'aide de la littérature existante et des résultats d'une expérience qui n'a démontré aucune relation claire entre densité d'écrevisses et efficacité du franchissement d'un déversoir de type Crump.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Les résultats du modèle ont indiqué qu'un déversoir en aval du point de rejet n'avait aucun effet sur l'expansion longitudinale des écrevisses, alors qu'une barrière en amont ralentissait le taux d'invasion pendant 6,5 ans après sa première rencontre. Après que le taux d'invasion soit revenu aux niveaux d'avant la barrière, le front d'invasion était de 2,4 km plus en aval que prévu en l'absence de barrière, ce qui représente un retard de 1,73 an dans l'expansion de l'aire de répartition longitudinale.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>Synthèse et applications. Malgré des impacts négatifs substantiels sur la biodiversité native, les infrastructures fluviales peuvent également retarder la propagation des espèces envahissantes d'eau douce, ce qui représente un compromis. Cela démontre la nécessité de prendre en compte les conséquences écologiques positives des infrastructures fluviales lors de la conception de techniques de priorisation pour l'élimination et l'atténuation des barrières (par exemple, le passage sélectif des poissons), et suggère que dans certains cas, les barrières peuvent fournir un outil utile de lutte intégrée contre les ravageurs."</i></div></blockquote><div>Les auteurs précisent encore dans le texte :</div><div><i><blockquote>"La capacité des barrières fluviales à ralentir les taux d'invasion souligne la nécessité de prendre en compte les espèces envahissantes dans la suppression des barrages et la planification des mesures d'atténuation. Les taux de suppression des barrages s'accélèrent (Mouchliatis, 2022), mais faciliter la propagation des espèces envahissantes en supprimant les barrières de dispersion est une préoccupation commune des gestionnaires (Tullos et al., 2016). En effet, la suppression de trois barrages sur la rivière Boardman, Michigan, États-Unis, a facilité la propagation de l'escargot de vase néo-zélandais Potamopyrgus antipodarum (Mahan et al., 2021), et il y a eu une récente campagne pour inclure la propagation potentielle d'espèces envahissantes. espèces dans les modèles de hiérarchisation de l'élimination des barrières (par exemple, Terêncio et al., 2021). Ceci est particulièrement important dans les régions mégadivers, où les grands barrages sont répandus et leur suppression peut faciliter d'énormes événements d'invasion d'eau douce (par exemple, Vitule et al., 2012). De même, les techniques d'atténuation conçues pour améliorer le passage des espèces natives (c'est-à-dire les passes à poissons) peuvent également permettre le déplacement d'espèces indésirables, ce qui représente un compromis important pour la gestion des pêches (McLaughlin et al., 2013). Cela souligne l'importance des solutions de passage sélectif des poissons, grâce auxquelles la connectivité est améliorée pour le biote endémique sans faciliter la dispersion des espèces envahissantes (par exemple Kerr et al., 2021 ; Stuart et al., 2006)."</blockquote></i></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Discussion</span></b></div><div>Les rivières de l'Anthropocène sont déjà très modifiées dans leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques. Le transfert massif d'espèces exotiques, parfois invasives, représente notamment une bifurcation évolutive importante qui modifie un nombre croissant de biotopes et biocénoses, menant localement à de nouveaux équilibres (ou déséquilibres) dynamiques. Plaquer sur cette réalité l'idée que la destruction d'ouvrages hydrauliques pour imposer un libre cours de toutes espèces va restaurer un équilibre antérieur du vivant n'a donc guère de sens. Un gestion raisonnée et informée de ces ouvrages, ayant par ailleurs divers intérêts pour la société et sa régulation de l'eau, paraît donc une stratégie plus intelligente.</div><div><br /></div><div><b>Référence </b>: Daniels JA et al (2023), <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1365-2664.14387" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">River infrastructure and the spread of freshwater invasive species: Inferences from an experimentally‐parameterised individual‐based mode</a>l, Journal of Applied Ecology, doi.org/10.1111/1365-2664.14387</div><div style="clear: both;"></div></div><div class="post-footer" style="background-color: #eeeeee; border-bottom: 1px solid rgb(238, 238, 238); color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 10.8px; line-height: 1.6; margin: 20px -2px 0px; padding: 5px 10px;"><div class="post-footer-line post-footer-line-1"><br /></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-73565017746491870272023-06-27T08:55:00.001+02:002023-07-13T08:56:19.549+02:00Le rejet provisoire du règlement européen de restauration de la nature vaut avertissement pour une certaine vision de l’écologie<p> <b style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px;">Après les commissions de l’agriculture et de la pêche, la commission environnement du Parlement européen vient de voter le rejet du projet de règlement de restauration de la nature. L’avenir du texte est suspendu à la séance plénière de l’été. Mais quand la «restauration de la nature» prend des formes sectaires et radicales, comme par exemple la destruction du patrimoine hydraulique européen contre l’avis des riverains et en pleine crise hydroclimatique, faut-il s’étonner de la difficulté à trouver de larges compromis ? Quelques réflexions à ce sujet. </b></p><div class="post-body entry-content" id="post-body-5936608818878968596" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546.023px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1yzC0qs-rnypM4Vnbc7ibvFhwzZ45Qlq1D5EzGPsA908F0yN1zVBG0aCf5PxZpNl8KbeodJ6QmEA8S9fGcBY3mEEaqjMO0dhZkdQ1RqQpQPT0Ushj9HmFAVKCCelr3tV7xvoFMSw_dtQxOg9vpHSlicGq1d0uFkATIezNGWpqRPbPrk3A878cRsLy4nFV/s992/flyer_destruction3photosbd.jpg" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="758" data-original-width="992" height="380" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1yzC0qs-rnypM4Vnbc7ibvFhwzZ45Qlq1D5EzGPsA908F0yN1zVBG0aCf5PxZpNl8KbeodJ6QmEA8S9fGcBY3mEEaqjMO0dhZkdQ1RqQpQPT0Ushj9HmFAVKCCelr3tV7xvoFMSw_dtQxOg9vpHSlicGq1d0uFkATIezNGWpqRPbPrk3A878cRsLy4nFV/w496-h380/flyer_destruction3photosbd.jpg" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="496" /></a></div><br /><div>La commission environnement du parlement européen vient de voter ce 27 juin 2023 contre le projet de règlement sur la restauration de la nature. Après avoir achevé l’examen article par article, la commission a finalement voté un amendement de rejet de l’ensemble du projet. Quinze jours plus tôt, le 15 juin, les mêmes eurodéputés avaient pourtant voté… contre un tel amendement de rejet ! Dans les deux cas, 44 élus ont voté pour, 44 contre, mais les règles d’identité de vote ont été cette fois favorables au rejet. La suite du texte pourrait se jouer à la séance plénière du parlement, les 10-13 juillet prochains. Même s'il était adopté, il faudrait encore l'avis des gouvernements, dont plusieurs ont émis des réserves sérieuses.</div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Les politiques de biodiversité doivent réfléchir à l'impasse de l'opposition nature-humanité </span></b></div><div>Les députés hostiles au projet l’ont été principalement au titre de la mise en danger d’activités comme la pêche ou l’agriculture, à une époque où la question de la souveraineté alimentaire est redevenue de première importance en Europe et dans le monde. Mais au-delà de ces arguments dont la valeur est discutée, cela montre que les politiques de biodiversité ont désormais du mal à trouver une voie aisément majoritaire, contrairement à celles du climat et de l’énergie.</div><div><br /></div><div>Notre association avait exprimé à l’automne dernier <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/12/leurope-va-t-elle-voter-en-catimini-la.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">ses plus vives réserves sur le volet «eau» de ce règlement européen de restauration de la nature</a>. Et plus généralement sur sa philosophie sous-jacente, inspirée <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/11/quelles-sont-les-minorites-promouvant.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">de chercheurs et d’ONG spécialisés</a> qui tendent à <a href="http://www.hydrauxois.org/2020/09/lopposition-nature-societe-comme-erreur.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">dissocier et opposer la nature et l’humanité</a>. </div><div><br /></div><div>Nous avons vu en France <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/12/lechec-francais-de-la-continuite-des.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">où mène notamment ce choix sur le cours d’eau</a> : refus de reconnaitre la valeur des ouvrages hydrauliques, indifférence au patrimoine et au paysage, information lacunaire et biaisé des citoyens, pressions et conflits avec les riverains, volonté d’imposer une vision très théorique de la <a href="http://www.hydrauxois.org/2020/11/le-re-ensauvagement-doit-il-etre-la.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">rivière sauvage</a> selon une «référence» pré-industrielle d’une nature qui n’existe plus, destruction inouïe de barrages hydro-électriques et de nombreuses retenues d’eau alors que tous les efforts devraient être concentrés sur l’atténuation et l’adaptation climatiques.</div><div><br /></div><div>Une certaine écologie de la conservation et de la restauration doit entendre le message. Elle doit travailler davantage avec les sciences sociales et les humanités de l’eau, s’ouvrir davantage à la pluralité des associations et usagers qui, en démocratie, ont aussi le droit de défendre leur vision de la nature.</div><div><br /></div><div><b><span style="color: #ffa400;">Mener la bataille européenne pour une autre écologie</span></b></div><div>L’association Hydrauxois est bien entendu favorable à des mesures permettant de retrouver des fonctionnalités et de sauvegarder des biodiversités dans les écosystèmes. Nous espérons que le règlement sera amendé pour arriver à un équilibre. </div><div><br /></div><div>Tout programme sur l’environnement doit être co-construit avec les citoyens, en retenant ce qui est accepté et en rejetant ce qui ne l'est pas, d’abord au niveau local concerné et pas par décision lointaine d'une technocratie. Un tel programme doit aussi cesser de raisonner selon un état antérieur idéal du vivant, qui ne reviendra jamais à l’identique, surtout pas en période de changement climatique où les paramètres essentiels du vivant évoluent très vite. Il faut aussi accepter que les milieux changent et sont <a href="http://www.hydrauxois.org/2016/04/rivieres-hybrides-quand-les.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">hybridés de longue date par les humains</a>. Il faut entendre que nos artefacts humains, nos existences humaines, nos animaux et plantes domestiques font aussi partie des biotopes et des biocénoses – rien n’est en fait séparé dans l'évolution de la terre et de la vie. Parfois, les actions humaines ont créé de nouveaux habitats d’intérêt ou de nouvelles biodiversités, augmenté des services écosystémiques. Parfois elles ont des effets essentiellement délétères et doivent alors se modérer. </div><div><br /></div><div>Enfin, notre association rappelle à ses consoeurs en France et en Europe, amoureuses de tous les patrimoines de l’eau, que la bataille normative se joue à Bruxelles et à Strasbourg. C’est vrai aujourd’hui pour le règlement de restauration de la nature. Ce sera vrai demain pour la révision de la directive cadre sur l’eau. Certaines erreurs ont été commises dans les politiques publiques : il est de notre devoir d’en témoigner auprès des fonctionnaires et des élus, afin de ne plus les répéter et de trouver des moyens plus durables, plus inclusifs, plus intelligents de protection de l’eau et des rivières. </div><div><br /></div><div><b>Dossier à télécharger (fr, en) </b>: <a href="http://www.hydrauxois.org/2022/12/lechec-francais-de-la-continuite-des.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">l'échec français de la restauration de rivière par destruction des seuils et barrages, une leçon pour l'Europe</a>.</div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-77522123534058422062023-06-13T17:53:00.000+02:002023-06-13T17:53:35.873+02:00La justice condamne et annule le programme de casse des ouvrages hydrauliques de l’agence de l’eau Seine-Normandie<p> </p><h3 class="post-title entry-title" itemprop="name" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 22px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; font-weight: normal; line-height: normal; margin: 0.75em 0px 0px; position: relative;"><b style="font-size: 13.2px;">Nouvelle victoire en justice ! Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise vient de prononcer l'illégalité et l'annulation partielle conséquente du programme de casse des ouvrages hydrauliques de l'agence de l'eau Seine-Normandie. Des procédures similaires sont déjà engagées sur les autres bassins du pays. La continuité écologique avait été transformée en programme de retour dogmatique à la rivière sauvage et de négation totale de la valeur du patrimoine hydraulique : c'est une nouvelle sanction de cette aberration. L'incroyable dérive de l'administration eau & biodiversité consistant à détruire les ouvrages des rivières au lieu de les aménager écologiquement se trouve donc privée de son principal outil de financement sur argent public. </b></h3><div class="post-body entry-content" id="post-body-3427396277547594105" itemprop="description articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjy6y6pAiA1m2Zl3N36bOhoO2nQr3OTfDTtHQ56EePKj-BnxT5D4A2Vl2OuznfGLVhSQcBVQv_9Nbu9ocwOf1Xb-bCzv_QpAYALGV5CYc6S_MuW9PftrlD_Wos9LSWmHV8ogkyDjcCMb_Uwe0aIgHz2iM9LAa97wBfHoxgSUkzmXMtIdq1EJcCv-H1oYw/s999/flyr_financement_interdit.PNG" style="color: #2288bb; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-decoration-line: none;"><img border="0" data-original-height="540" data-original-width="999" height="256" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjy6y6pAiA1m2Zl3N36bOhoO2nQr3OTfDTtHQ56EePKj-BnxT5D4A2Vl2OuznfGLVhSQcBVQv_9Nbu9ocwOf1Xb-bCzv_QpAYALGV5CYc6S_MuW9PftrlD_Wos9LSWmHV8ogkyDjcCMb_Uwe0aIgHz2iM9LAa97wBfHoxgSUkzmXMtIdq1EJcCv-H1oYw/w472-h256/flyr_financement_interdit.PNG" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="472" /></a></div><br /><div>Par décision du n° 1904387 – 2207014 du 9 juin 2023, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise saisi par Hydrauxois,l'ARPOHC, la FFAM et de nombreux autres requérants associatifs vient de prononcer l’annulation partielle du programme d’aide à la destruction des ouvrages hydrauliques en rivières classées continuité écologique de l’agence de l’eau Seine-Normandie. </div><div><br /></div><div>Alors que <a href="http://www.hydrauxois.org/2021/08/la-destruction-douvrages-en-rivieres.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">la loi de 2021</a>, faisant suite à dix années de troubles et de contentieux, avait clairement exprimé que la continuité écologique ne visait pas à détruire l’usage actuel et potentiel des ouvrages hydrauliques, l’agence de l’eau Seine-Normandie (comme ses consœurs) a continué de financer cette solution, et plus encore de la financer à un taux nettement avantageux de 80% de subvention. Soit une forte incitation à détruire <a href="http://www.hydrauxois.org/2021/04/il-y-7-options-de-continuite-pour-les.html" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">au lieu d'aménager.</a> </div><div><br /></div><div>Le tribunal condamne l’agence de l’eau en ces termes :</div><blockquote><div><b><i>Sur les conclusions à fin d’annulation partielle de la délibération du 16 novembre 2021 :</i></b></div><div></div></blockquote><blockquote><div><i>18. Aux termes de l’article L. 214-17 du code de l'environnement tel que modifié par la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets : « I. - Après avis des conseils départementaux intéressés, des établissements publics territoriaux de bassin concernés, des comités de bassins et, en Corse, de l'Assemblée de Corse, l'autorité administrative établit, pour chaque bassin ou sous- bassin : (…) / 2° Une liste de cours d'eau, parties de cours d'eau ou canaux dans lesquels il est nécessaire d'assurer le transport suffisant des sédiments et la circulation des poissons migrateurs. <b>Tout ouvrage doit y être géré, entretenu et équipé selon des règles définies par l'autorité administrative, en concertation avec le propriétaire ou, à défaut, l'exploitant, sans que puisse être remis en cause son usage actuel ou potentiel, en particulier aux fins de production d'énergie. S'agissant plus particulièrement des moulins à eau, l'entretien, la gestion et l'équipement des ouvrages de retenue sont les seules modalités prévues pour l'accomplissement des obligations relatives au franchissement par les poissons migrateurs et au transport suffisant des sédiments, à l'exclusion de toute autre, notamment de celles portant sur la destruction de ces ouvrages </b>(…) ».</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>19. Les associations requérantes soutiennent que la délibération du 16 novembre 2021 révisant le 11ème programme pluriannuel d’intervention de l’agence de l’eau Seine- Normandie est devenue illégale du fait de la modification par la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, du 2° du I de l’article L. 214-17 du code de l'environnement.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>20. Il ressort des pièces du dossier que le 2° du I de l’article L. 214-17 du code de l’environnement oblige désormais, s’agissant uniquement des ouvrages implantés sur les cours d’eau, parties de cours d’eau ou canaux, dans lesquels il est nécessaire d’assurer le transport suffisant des sédiments et la circulation des poissons migrateurs, figurant sur une liste établie par l’autorité administrative, à les entretenir, les gérer et les équiper, sans remettre en cause leur usage actuel ou potentiel, en particulier aux fins de production d'énergie, de sorte que ces mesures sont les seules modalités autorisées pour l'accomplissement des obligations relatives au transport suffisant des sédiments et à la circulation des poissons migrateurs, à l’exclusion plus particulièrement pour les moulins à eau de la destruction des ouvrages de retenue. Or, il ressort du point E.1 du programme pluriannuel d’intervention en litige qu’il prévoit la possibilité de financer de tels travaux de destruction, lorsqu’ils sont nécessaires à la restauration de la continuité écologique.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>21. D’une part, si l’agence de l’eau Seine Normandie fait valoir en défense que les dispositions précitées de l’article L. 214-17 du code de l'environnement ne régissent pas directement l’attribution des aides encadrées par le 11ème programme révisé et que ce programme prévoit que les travaux financés doivent satisfaire aux obligations règlementaires, <b>ces aides ne sauraient être attribuées en méconnaissance des dispositions législatives en vigueur </b>à la date de l’adoption de la délibération attaquée et l<b>a seule réserve relative aux obligations règlementaires ne permet donc pas d’être interprétée comme ayant implicitement mais nécessairement exclu de son dispositif d’aides, les travaux ainsi prohibés par la loi.</b></i></div><div><i><br /></i></div><div><i>22. D’autre part, l’agence de l’eau Seine-Normandie soulève en défense une exception d’inconventionnalité de la nouvelle rédaction de l’article L. 214-17 du code de l’environnement, qui serait contraire selon elle, au <b>a) du 1 de l’article 4 de la directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l'eau,</b> qui fixe un objectif de prévention, de restauration et d’amélioration de l’état des masses d’eau de surface. Elle fait valoir que l’annexe V de cette directive fixe ainsi la continuité des rivières comme l’un des paramètres biologiques de la qualité de leur état écologique qui doit permettre une migration non perturbée des organismes aquatiques et le transport des sédiments. Cette nouvelle rédaction de la loi serait également, selon l’agence de l’eau, contraire, <b>à l’article 2 du règlement (CE) n° 1100/2007 du Conseil du 18 septembre 2007 instituant des mesures de reconstitution du stock d’anguilles européennes</b> et imposant notamment la mise en place de mesures structurelles visant à permettre le franchissement des rivières et le transport des anguilles argentées des eaux intérieures vers des eaux d’où elles peuvent migrer librement vers la mer des Sargasses. <b>Il résulte toutefois des dispositions de l’article L. 214-17 que celles-ci limitent l’interdiction qu’elles instituent à la seule destruction des ouvrages ayant un usage actuel ou potentiel, en particulier aux fins de production d’énergie, comme modalité d’accomplissement des obligations environnementales relatives au franchissement par les poissons migrateurs et au transport suffisant des sédiments.</b> Dans ces conditions, cette exception d’inconventionnalité, telle qu’elle est soulevée en défense, doit être écartée.</i></div><div><i><br /></i></div><div><i>23. Dans ces conditions, <b>le point E.1 du 11ème programme pluriannuel d’intervention, tel qu’approuvé par la délibération en litige, méconnait partiellement les dispositions du 2° du I de l’article L. 214-17 du code de l’environnement.</b></i></div></blockquote><div><i></i></div><div><br /></div><div>Les associations Hydrauxois-ARPOHC :</div><div><ul style="line-height: 1.4; margin: 0.5em 0px; padding: 0px 2.5em;"><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">se félicitent de la sanction des dérives de l’administration eau & biodiversité, qui a voulu persister dans un programme massif de destructions des ouvrages hydrauliques contraire à l’esprit et à la lettre de la loi française ;</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">observent que le mouvement porté par les propriétaires d'ouvrages hydrauliques et des riverains des cours d'eau avait raison de pointer ces dérives auprès des élus, des préfets, des médias, malgré les dénégations réflexes et mensongères du ministère de l'écologie quand il était interrogé à ce sujet;</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">appellent leurs adhérents, les maîtres d’ouvrages, les collectifs et associations à demander immédiatement l’arrêt de toute destruction en cours d’ouvrage sur le bassin Seine-Normandie (rivières listes 2 ou listes 1- listes2), et en particulier à contester si nécessaire devant la justice son financement public ;</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">appellent les administrations de la république, et en particulier les préfets départementaux et préfets de bassin ainsi que la direction eau & biodiversité du ministère de l'écologie, à faire cesser les dérapages idéologiques internes et les prises de position des agents publics contraires aux lois du pays ;</li><li style="margin: 0px 0px 0.25em; padding: 0px;">appellent les élus de la république, et en particulier les parlementaires, à repenser et réviser la politique de l'eau et des rivières en incluant pleinement la valeur des ouvrages hydrauliques et leur contribution aux grands enjeux de notre temps : relocalisation économique, agrément social et paysager, gestion hydrologique des débits, production énergétique bas carbone, défense incendie, adaptation climatique, protection des biodiversités.</li></ul></div><div>Des procédures similaires ont été engagées sur les 5 autres bassins hydrographiques de la France métropolitaine. </div><div><br /></div><div><b>Source </b>: Tribunal administratif de Cergy-Pontoise, <a href="https://drive.google.com/file/d/1HnTOaYs6lcHF4RXYVkPJxuEfMCbfTEeA/view?usp=sharing" style="color: #2288bb; text-decoration-line: none;" target="_blank">décision du n° 1904387 – 2207014</a>, 9 juin 2023</div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-52365183051934530122023-06-08T10:46:00.002+02:002023-06-08T10:46:39.969+02:00Journées du patrimoine du pays & des moulins , deux visites à ne pas manquer dans le Chatillonnais<p> <br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijx0CLbPHzTMfRZbjn-lUzh5GPwztxtOLDMMJIZrv7r5ISs7HypgZxy8fgtjsYPUSBSJ0xCqiRR9WxHTYmcazbqxYAbrkCBovoki_PYfVg6LFLtzR6qKMuj_7wBxtQy6bwk4YT0LclZeBa4k-36k0S4nd9j1CvCnqNVGrbAwN0oqqTbeoyLZf_QFb0Iw/s3307/JPPM-23-image.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3307" data-original-width="2339" height="835" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijx0CLbPHzTMfRZbjn-lUzh5GPwztxtOLDMMJIZrv7r5ISs7HypgZxy8fgtjsYPUSBSJ0xCqiRR9WxHTYmcazbqxYAbrkCBovoki_PYfVg6LFLtzR6qKMuj_7wBxtQy6bwk4YT0LclZeBa4k-36k0S4nd9j1CvCnqNVGrbAwN0oqqTbeoyLZf_QFb0Iw/w591-h835/JPPM-23-image.jpg" width="591" /></a></div><p></p>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3742689490683395997.post-90149555425638347352023-06-06T06:30:00.003+02:002023-06-06T06:30:23.537+02:00Participez aux 10e rencontres des associations eaux & patrimoines de Bourgogne !<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><p></p><h3 class="post-title entry-title" itemprop="name" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 22px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; font-weight: normal; line-height: normal; margin: 0.75em 0px 0px; position: relative;"><span style="font-size: 13.2px;"> Le</span><span style="font-size: 13.2px;"> </span><a href="https://www.helloasso.com/associations/hydrauxois/evenements/rencontres-hydrauliques-2023" style="color: #2288bb; font-size: 13.2px; text-decoration-line: none;" target="_blank">site pour s'inscrire</a><span style="font-size: 13.2px;">. Le</span><span style="font-size: 13.2px;"> </span><a href="https://drive.google.com/file/d/1HV36P2yE5pJPYGS-LQIiGwX-XN2ed-BT/view?usp=sharing" style="color: #2288bb; font-size: 13.2px; text-decoration-line: none;" target="_blank">programme complet</a><span style="font-size: 13.2px;"> </span><span style="font-size: 13.2px;">(pdf).</span></h3><div class="post-body entry-content" id="post-body-728053541829701279" itemprop="articleBody" style="background-color: white; color: #666666; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, Verdana, sans-serif; font-size: 13.2px; line-height: 1.4; position: relative; width: 546px;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgFHyS3zNcp81BjosWO_mlDyu1quXcvJA6UVePhyThuv_BCa8bzjPRDr3iJrJOtmi9O2MZ5N7fBuN4UvmL-0XUfEeHdQOIEaNrBBz4t6qDd2PFALvMpyEE5PgwiEghtgbue-JHQbBBvNUk3HsFlQW7CbPfFiqlfo7ur_8xaxv_4alMe5T6JD718wrNQQ/s3037/Invitation%2010es%20rencontres%20hydrauliques_Page_1.png" imageanchor="1" style="color: #33aaff; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2149" data-original-width="3037" height="369" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgFHyS3zNcp81BjosWO_mlDyu1quXcvJA6UVePhyThuv_BCa8bzjPRDr3iJrJOtmi9O2MZ5N7fBuN4UvmL-0XUfEeHdQOIEaNrBBz4t6qDd2PFALvMpyEE5PgwiEghtgbue-JHQbBBvNUk3HsFlQW7CbPfFiqlfo7ur_8xaxv_4alMe5T6JD718wrNQQ/w522-h369/Invitation%2010es%20rencontres%20hydrauliques_Page_1.png" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; border: 1px solid rgb(238, 238, 238); box-shadow: rgba(0, 0, 0, 0.1) 1px 1px 5px; padding: 5px; position: relative;" width="522" /></a></div></div>ARPOHChttp://www.blogger.com/profile/08393440939548341486noreply@blogger.com0